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Flash

Le véhicule dérape sur le sable tant je freine fort, je ne prends pas la peine de me garer correctement et sors de la voiture comme si j'avais le feu au cul. L'empressement est plus dû au fait que plus vite j'en aurais fini avec le Chef, plus vite je pourrais rentrer, enfin s'il ne me tue pas entre temps. Je ne suis pas certain qu'il apprécie mes révélations. Mais je lui dois bien la vérité sur mes agissements étranges de ces derniers jours, qui je suis sûr, ne lui ont pas échappé.

Quelques hommes me dévisagent lorsque je franchis les grandes portes de l'entrepôt se demandant sans doute ce qu'il m'arrive. Il est vrai que je ne suis pas du genre à me pointer en mode « je vais tout défoncer », et pourtant là c'est presque le cas. Je monte les marches quatre à quatre, non sans pousser un juron avec ma jambe qui me lance toujours autant, puis ouvre la porte du bureau de Carlton sans le prévenir. À son regard sombre, je constate que cela ne lui plaît pas, mais je n'en ai rien à foutre.

- Vas-y, entre, grogne-t-il.

- Désolé, mais...

Je tente de reprendre mes esprits ; or c'est difficile, parce que tout se mélange dans ma tête. Je dois expliquer au chef que Théa nous a vus tuer des hommes, et qu'en la laissant en vie, j'ai enfreint une des règles les plus importantes du Cartel. Je m'affale sur la chaise sous les yeux réprobateurs de Carlton.

- Je te trouve bien agité, surtout ces derniers temps. Je vais faire abstraction de ton entrée fracassante ainsi que des aises que tu prends en pénétrant dans mon bureau et te laisser parler.

- J'ai des révélations à te faire, dis-je nerveusement.

Carlton avance son fauteuil et semble tout à coup intéressé par ce que j'ai à lui dire.

- Je t'écoute.

Je passe une main sur ma nuque en baissant les yeux sur le tas de papier qui trône sur le bureau du chef. Carlton se racle la gorge, signe de son impatience, alors je me lance et lui dévoile ma rencontre avec Théa. Au fil de mes aveux, Carlton grogne par moment et soupire d'exaspération à d'autres. Mais lorsque je lui dis que la jeune femme est chez moi, je pense que tout le Cartel a dû l'entendre hurler.

- Tu es complètement inconscient !

- Elle ne craint rien chez moi.

- Tu crois vraiment ? Merde ! Si cette ordure fait le rapprochement entre ce que tu fais ici et en dehors, tu ne seras plus jamais tranquille. Pourquoi je m'obstine à vous obliger à vous couvrir de la tête aux pieds, à ton avis ? Bon sang, je refuse qu'un de mes hommes termine en tôle ou mort parce qu'il ne sait pas la garder dans son froc !

- Je suis désolée, balbutié-je.

- Dois-je en déduire que j'ai raison à propos de ma dernière remarque ?

Je grimace sans lui apporter de réponse et il comprend de suite, pas besoin de lui faire un dessin.

- Qu'a cette femme de plus que les autres pour que tu t'intéresses autant à elle ?

Tellement de choses, elle est douce, intelligente, magnifique, et j'adore le caractère qu'elle tente de cacher. Sans compter qu'elle est entreprenante et j'aime ça.

- Elle bosse dans ma société, c'est un bon élément.

Je mens sur mes réelles motivations, inutile de préciser à Carlton qu'elle me rend fou juste en me regardant.

- Tu me prends pour un idiot ?

- Je ne me permettrais pas, réponds-je sérieux.

- Elle te connaît uniquement sous ta vraie identité ?

- Oui, je ne m'imaginais pas lui dire. « Hey, tu sais le mec qui a descendu tous ces gars sous tes yeux, et bien, c'est moi ! »

Carlton secoue la tête en souriant légèrement, je suis ravi de voir que le chef étire ses lèvres à mes conneries.

- Tu sais que Sander et toi vous faites chier avec vos copines !

- Ouais alors ce n'est pas vraiment ma copine et celle de Sander, c'est ta fille. Tu crois que Théa serait aussi la tienne ? me moqué-je.

- Flash ?

- Mmm ?

- Ferme-là ! Je réfléchis.

- Ne m'envoie pas dans un chalet ou un truc dans ce genre, quand on voit comment ça a fini le dernier coup.

- Tu vas la boucler un peu ! grogne Carlton.

Sa réflexion est longue, je me tais comme il me l'a demandé, mais l'envie de lui dire de se dépêcher me démange.

- Si je résume, Garrett Wilson est violent, possessif, et réserve ses véhicules sous le nom de Mickey Mousse. Il sait également où se trouve ta mère et sans doute bien plus à ton sujet, conclut-il.

- Ouais, c'est ça, confirmé-je.

- Tu as son adresse ?

- Ouais, j'irai voir dans la journée.

- Lex t'accompagnera.

J'acquiesce sans discuter même si j'aurais préféré m'y rendre seul.

- D'autres choses que je devrais savoir ?

- Heu... je ne suis pas certain que tu apprécies, avoué-je.

- Dis toujours ! s'agace-t-il.

- Il a essayé de me buter, hier matin.

- Pardon ?!

Le Chef est furax.

- Et ce n'est que maintenant que tu décides de venir m'en parler. Bordel Flash !

Son poing rencontre le bois de son bureau et la fureur qui règne dans ses pupilles est effrayante. Je sais de quoi est capable cet homme et je n'en mène pas large en ce moment face à lui.

- Bon, garde la femme chez toi, mais prends de quoi te défendre au cas où. En revanche, nous sommes d'accord qu'une fois qu'on a buté ce gars, elle retrouve une vie normale où tu ne seras pas.

- Je ne vais pas la virer de l'entreprise ? m'offusqué-je.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. C'est qu'ensuite, tu n'existes plus pour elle, tu disparais de son champ de vision.

- Inutile de me le préciser, je m'en doutais.

Le chef acquiesce et le regard qu'il porte sur moi ne m'annonce rien qui vaille.

- Bien ! Retourne chez toi et demande à Hailey et Sander de venir me retrouver.

- Ils connaissent ma vraie identité, maintenant.

- Oui, mais ils ne diront jamais rien, en revanche, tâche de faire en sorte que cela ne s'ébruite pas. Si jamais toute la merde que tu es en train de créer tourne mal, ta société sera à moi et tu n'auras plus rien.

- Je sais.

- Je vais mettre le Doc en relation avec l'institut où se trouve ta mère. Évite de lui rendre visite durant quelque temps.

- OK, soufflé-je.

- Je ne plaisante pas, Flash, affirme-t-il. C'est ça ou je mets fin à tes jours.

- Je prends la première option, réponds-je d'un ton mal assuré.

Je me lève et salue Carlton, puis, au moment où je m'apprête à passer le pas de la porte, sa voix résonne dans mon dos.

- Et si tu pouvais ne pas t'enticher d'elle, ce serait encore mieux. Nous formons un Cartel, pas un club de super héros et sauver les minettes en détresse n'est pas de notre ressors, s'énerve-t-il.

Je réponds par l'affirmative en sachant pertinemment que cela risque d'être compliqué tant elle me touche et me fait ressentir des choses que je ne pensais plus possibles. Je tente de me persuader que c'est uniquement parce qu'elle me rappelle ce que ma sœur a subie et que je n'étais pas présent pour elle, mais une part de moi ne cesse de me hurler que je me fourvoie.

Rédempteur (Saga des Snake)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant