Rédempteur (Saga des Snake)

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Théa

Un mois s'est écoulé depuis que ma vie a repris un cours normal. J'ai déménagé une semaine après la mort de mon bourreau, j'ai trouvé un petit apparemment à louer non loin de mon lieu de travail. Je suis toujours comptable dans l'entreprise de Matt, bien que je cherche un emploi ailleurs. Rester dans cet endroit me rappelle un peu trop cet homme que j'ai du mal à oublier. Rares sont les jours où il ne hante pas mon esprit. Il a disparu de la circulation le jour où mon calvaire a pris fin, juste après que ces deux hommes soient morts, il m'a emmené dans un hôtel et lorsque je me suis réveillée, il n'était plus là. Nous n'avons échangé aucun mot, nous sommes restés sur les atrocités que nous nous sommes dites sous le coup de la colère. J'ai tenté de lui téléphoner en voyant que mes sms restaient sans réponse, mais il a changé de numéro. Il m'a rayée de sa vie sans aucune explication ni un au revoir et c'est sans doute mieux ainsi.

La seule chose que je sais à son sujet, c'est que son nom figure toujours en tête de sa société et qu'il en est toujours le détenteur. Et comme, il en a toujours eu l'habitude, il n'a pas remis les pieds dans celle-ci, un autre homme a pris la place de Marc, celui qui avec son complice a fait de mon existante un enfer. Je réprime un frisson en repensant à ces deux êtres infâmes et sans cœur. J'espère sincèrement qu'ils brûlent en enfer.

Je regarde une dernière fois mon reflet dans le miroir avant de partir pour une nouvelle journée avec les chiffres. J'ai meilleure mine, même si les stigmates de mon passé sont toujours marqués sur mon corps et le resteront à jamais, je me sens bien, beaucoup mieux. Je n'ai plus cette peur qui m'assaille lorsque je sors, je ne me sens plus observer, non, je suis libre. Malgré tout, Beth me manque énormément et je repense souvent à nos soirées télé. Je n'ai pas pu assister à son enterrement, j'étais encore trop fragile pour sortir de chez moi.

Parfois, Hailey me rend visite, nous n'abordons pas le sujet de Matt, j'ai abandonné de lui demander des nouvelles quand elle m'a dit ne pas savoir où il se trouvait. La jeune femme, tout comme moi, redécouvre le shopping et les soirées entre filles qu'elle a mis de côté ces dernières années. J'aime être avec Hailey, elle est drôle, un peu directe parfois, mais c'est ce qui fait qu'elle est attachante et je fais abstraction de son travail lorsque nous sommes ensemble. Elle n'est pas mauvaise au fond, elle s'est adaptée à sa vie plus par obligation que par choix.

J'attrape mon sac sur le canapé après avoir enfilé mon manteau, puis quitte mon appartement en souriant. Je suis ravie de pouvoir me rendre à pied au bureau, finit les transports en commun durant des heures. Et ayant postulé dans des entreprises non loin de chez moi, je n'aurais pas besoin de déménager pour m'y rendre. Je croise les doigts pour trouver rapidement autre chose et partir vite de cet endroit.

Je marche d'un pas tranquille, le soleil domine le ciel, une légère brise rafraîchit mon visage. La fin de l'été est proche et pourtant, il fait encore chaud, c'est agréable. Je tourne à l'angle de la rue et retrouve la devanture du bâtiment dans lequel je vais passer les sept prochaines heures. Je pousse la porte, scanne mon badge et rejoins l'ascenseur en saluant la réceptionniste d'un hochement de tête. Parfois, je m'arrête et nous discutons quelques secondes, mais elle est occupée au téléphone ce matin.

Arrivée à mon étage, il y règne une agitation des plus déconcertantes. Je reste un moment dans le hall d'accueil du pôle comptabilité. Mon assistante n'est pas à son poste et mes collègues s'agitent avec des tas de feuilles à la main. J'intercepte enfin la jeune femme qui est censée me réciter mon programme de la journée, bien que je sois au courant de la réunion qui a lieu dans une heure.

- Pourquoi tout le monde semble désorienté ?

- Tu ne sais pas ? panique-t-elle.

- Non.