Born to die - Lana Del Rey
***16 juillet 1916, cinq heures du matin
Je suis debout, observant les soldats s'aventurer sur le terrain ennemi, braver le danger et affronter la mort. Le cœur meurtri, je baisse les yeux et m'effondre. Je l'ai perdu à jamais et je n'ai pas pu lui dire que je l'aimais en retour. Tom est enterré et ne reverra plus jamais la lueur du jour.
Le jour se lève à peine, les nuages sont bas et une pluie fine s'abat sur le champ de bataille. Fermant les yeux et serrant fort la plaque militaire de Tom, je prends une grande inspiration et tente de me ressaisir. Aveuglément, je marche et sors de la tente. Ainsi, la pluie s'écrase sur mon visage et épouse ma peau.
Les gouttes sont fraîches et se mêlent à mes larmes salées. Le cœur cognant douloureusement contre ma cage thoracique, je reste là, immobile. Tout autour de moi n'est plus. Une légère brise vient soulever mes cheveux tantôt attachés tandis que la pluie continue de parcourir mon corps.
Soudain, une main attrape mon avant-bras et me tire en arrière. Je rouvre les yeux, paniquée et fais volte-face. Je tombe alors nez à nez avec Eileen qui est essoufflée et couverte de boue. Mon amie me prend dans ses bras et murmure des condoléances à peine audibles.
La serrant contre moi, j'enfouis mon visage dans son cou et la remercie. Dans ces moments, la compagnie de ses proches est grandement appréciée. En m'écartant d'Eileen, je soupire et renifle.
- J'ai appris la nouvelle il y a peu, je suis désolée...
J'esquisse un sourire triste et hoche la tête. Eileen pose délicatement une main sur ma joue et n'ajoute rien.
- Tu devrais aller te reposer, je prendrai ton relais.
Ensemble, nous retournons dans la tente et je me sèche rapidement à l'aide de petites serviettes propres. Puis je sens son regard se poser sur moi et me stoppe net. Tournant la tête vers le prussien, je constate qu'il me fait signe d'approcher. Mes jambes se mettent à fonctionner d'elles-mêmes et en deux secondes, je suis devant Nikolaus.
Son regard croise le mien et un petit sourire innocent incurve ses lèvres. Avant qu'il ne prenne mes mains et ne les serre doucement, mon cœur rate quelques battements. Des larmes coulent silencieusement sur mes joues tandis qu'une peine immense s'empare de mon être brisé.
- Ne pleurez pas, dit-il tout bas.
C'est fou comme il peut me mettre du baume au cœur sans même le faire exprès. Fixant nos mains liées, je m'efforce de sourire malgré moi.
- Je ne pleure pas, nié-je d'une petite voix.
Rien qu'avec la puissance de son regard, le prussien parvient à me faire vivre un tas d'émotions.
- Ich glaube dir nicht.
Puis il lève une main et vient la déposer sur une de mes joues. Ce geste me paralyse, mon cœur s'emballe dans ma poitrine et je suis presque sûre que je fais de la tachycardie. Sa paume est tiède, réconfortante et accueillante.
- Je ne vous crois pas, Wilhelmina. Soyez forte, c'est la guerre et le monde a besoin de vous, j'ai besoin de vous.
Ses mots me touchent énormément. Recouvrant sa main de la mienne, je ferme les yeux et profite de cet instant si unique.
- Je suis sûr que votre ami se trouve dans un endroit exceptionnel. Il est mort en tant que héros, déclare-t-il en essayant de camoufler son accent germanique.
Je hoche la tête tandis que sa main quitte ma joue. Un frisson désagréable me parcourt le corps alors que celle-ci n'est plus présente sur ma peau. Une infirmière passe près de nous et nous nous taisons par réflexe. Craignant qu'elle ne se doute de son accent, Nikolaus se racle la gorge et demeure silencieux.
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Nos Cœurs Contraires
Historische RomaneJuillet 1916, la Première Guerre mondiale fait rage. Le cœur de Willow Blake, une jeune infirmière de combat britannique, oscille entre son fiancé, officier anglais, et un soldat allemand qu'elle soigne par hasard lors de son service. Alors que cett...