Mon voisin Park Junhee

dix

Donghun avait couru jusqu'à sa chambre et s'était laissé glisser contre sa porte. Il avait ramené ses genoux contre son torse. Il ne comprenait pas ce qui avait poussé Junhee à faire cela. Il monta sa main à ses lèvres, il avait encore l'impression qu'elles étaient là, posées sur ses lèvres. Des larmes glissèrent silencieusement sur ses joues et il ne put les contrôler, tout comme ses pensées qui fusaient inlassablement jusqu'à lui donner mal à la tête. Il monta ses mains de chaque côté de ses tempes et appuya fortement alors qu'il gémissait sous la douleur insupportable. Finalement, incapable de subir cette torture plus longtemps, il se leva et descendit prudemment jusqu'au rez-de-chaussée en prenant appui sur la rambarde alors qu'il voyait un peu trouble et que ses oreilles semblaient comme bouchés. Dire qu'il était perturbé par ce qu'il venait de se passer était un euphémisme. Il se traina jusqu'à la cuisine et pris un cachet dans le tiroir et s'appuya sur le bord de l'évier pendant qu'il remplissait un verre au robinet. Il ferma les yeux pour essayer de diminuer la douleur.

Puis il sursauta violemment et échappa son verre qui glissa de ses mains et se renversait dans l'évier. Quelqu'un venait de sonner à sa porte. Il se pencha légèrement en avant pour voir à travers les vitres de la cuisine de qui il pouvait s'agir et quand il vit que c'est Junhee, il se figea puis se jeta au sol avec une grande vivacité. Il espérait de tout son cœur que Junhee ne l'avait pas vu, il n'était pas prêt à lui faire face. Pas encore. En fait, il n'était pas sûr de l'être un jour. Il ne voulait plus jamais sortir de chez lui, jamais. Il sortirait la nuit, c'était plus sûr. Il était en train d'acquiescer à son propre plan de vie quand Junhee toqua cette fois contre la porte, faisant sursauter une nouvelle fois Donghun qui se cogna violemment le haut du crâne contre la poignée d'un tiroir, aggravant son mal de tête. Il gémit sous la douleur en posant sa main sur la zone atteinte et se figea quand il entendit la voix de Junhee s'élever :

- Donghun ?

Ce dernier arrêta presque de respirer pour faire oublier sa présence et se mit à prier pour que Junhee perde patience et abandonne. Ce qui ne semblait pas être le cas pour le moment. Il tapait une nouvelle fois contre la porte, puis une deuxième et une troisième et finalement le propriétaire de la maison entendit un seul coup, solitaire, unique et léger. Prudemment il se redressa et tel un ninja regarda par la fenêtre pour voir que ce dernier bruit avait été causé par la tête de Junhee quand ce dernier avait appuyé son front contre le bois de la porte. Il avait les yeux fermés alors Donghun se redressa un peu mieux pour le regarder, et pour ne pas se briser le dos dans cette position inconfortable d'espion. Les traits de Junhee paraissaient tirés et s'il en croyait sa posture et son expression faciale quand il se redressa, et qu'il réussit à capter deux secondes avant de se cacher à nouveau parce que son voisin avait de nouveau ouvert les yeux : ce dernier s'en voulait. Il l'entendit soupirer puis inspirer pour se donner du courage. Donghun anticipait vraiment la suite.

- Donghun... Je voulais m'excuser... Je n'avais pas le droit de faire cela... Je ne sais pas pourquoi je l'ai fait d'ailleurs. Enfin, si je sais mais je n'ai pas de raisons qui te sembleront valables pour justifier mon geste. Je... Je suis vraiment désolé et je comprendrais parfaitement que tu m'en veuilles... Néanmoins... Je voudrais te souhaiter tout de même de bonnes vacances et de bonnes fêtes... Je suis encore désolé, pardon...

Donghun resta dans sa position, il s'était rapproché de la porte en restant tout de même derrière le morceau de mur qui séparait la cuisine de l'entrée. Il l'entendait mieux ainsi et il avait très bien perçu la détresse dans la voix de celui-ci et à quel point il était désolé de son geste. Il avait perçu sa sincérité dans ses mots, tous ses mots. Il l'entendit descendre les escaliers au bout d'un moment et la neige craquer sous ses pas alors qu'il devait traverser leurs deux pelouses pour retourner chez lui. Donghun attendit encore un peu avant de se redresser et de rejoindre la cuisine pour prendre son cachet. Son mal de tête causé par les évènements semblait s'être dissous mais pas celui lié à sa rencontre fortuite avec la poignée du tiroir. Après avoir avalé le médicament, il alla s'écraser dans le canapé en posant son avant-bras sur ses yeux bien qu'il fasse désormais trop sombre pour que le soleil hivernal ne le gêne ni la lumière de la pièce qu'il n'avait pas allumée. Il réfléchissait.

Il n'en voulait pas vraiment à Junhee, et ce, bien avant même ses excuses sur le pas de sa porte. Après tout, il n'avait rien faire de mal, il avait juste été très surpris. Néanmoins, il ne comprenait pas trop les motivations de Junhee et même s'il mourait de les connaître, il n'aurait jamais le courage d'aller lui demander entre quatre yeux. Il soupira encore une fois alors qu'il avait encore moins de réponses qu'auparavant voire même plus de questions. Pour la première fois depuis longtemps, Donghun aurait aimé que sa mère soit là et l'aide à y voir plus clair dans cette situation, elle était toujours de bons conseils. Il releva le bras de ses yeux et attendit quelques secondes que ses yeux s'adaptent à la semi-obscurité pour regarda la vieille horloge. Il était encore tôt. Il extirpa son téléphone de sa poche et tapa le numéro qu'il connaissait par cœur avant d'emmener le téléphone à son oreille et attendre que son correspond lui répondre. Quand la voix s'éleva de son téléphone, presque immédiatement un grand sourire grandit sur ses lèvres et chassa tout le bordel dans son esprit.

- Maman ?

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Publié le 4 avril 2020

Corrigé le 23 novembre 2020