catharsis | vkook

1.

Taehyung

Cela fait maintenant deux longues heures que je piétine devant le cabinet de ce nouveau psychologue. Adossé à une chaise, je fixe la devanture à travers la vitrine. J'en suis à mon troisième café. Il est plus que temps de me jeter à l'eau. Les autres usagers du café dans lequel je traîne des pieds semblent me dévisager, comme si tous sont au courant de ce que je suis censé faire depuis bien longtemps désormais.

                Pris d'un élan de courage que je n'attendais plus, je me rends finalement à l'extérieur et traverse la rue d'un pas lourd. Puis, je franchis le hall d'entrée et toque à la porte entrouverte. Sur cette dernière est inscrit en lettres d'or sur une belle plaque : « Jeon Jungkook – Psychologue ». Je me sens alors pris de tremblements et regrette instantanément de m'être aventuré jusqu'ici. Cela ne sert à rien de toute manière, je n'ai pas besoin de tout cela.

                Alors que je m'apprête à rebrousser chemin, une voix m'interpelle et je devine que c'est celle du psychologue. Je suis piégé, il est impossible de partir en courant. J'aurais l'air ridicule... même si j'en suis capable. En plus, mes tremblements ne se stoppent pas et j'ai la sensation de paraître pour un chaton apeuré. Cette idée me répugne.

« -Bonsoir ! Je ne crois pas que l'on se connaisse, vous souhaitez prendre rendez-vous ? dit-il d'une voix douce.

-Je... à vrai dire... je ne sais pas trop ce que je fais ici et...

-Je vous en prie, entrez. »

                Je suis quelque part soulagé qu'il prenne les devants. Je suis incapable de débiter des phrases claires, je ne peux que bredouiller. Son lieu de travail est tout à fait agréable. Un mélange de couleurs chaudes avec des éléments boisés, puis deux gros fauteuils en cuir rouges qui trônent au centre de la pièce. L'endroit m'est chaleureux, je m'y sens bien. Je croise pour la première fois le regard du professionnel, et il me demeure jeune. Proche de mon âge. Cela me surprend. En tout cas, il a le don de me mettre en confiance. Son timbre de voix est doux, et son sourire rassure presque aussitôt. Je ne regrette peut-être pas finalement. Son regard sombre se pose sur mes mains, et je comprends alors qu'il remarque mes frémissements. Une lueur inquiète traverse ses iris mais très vite il se reprend.

« -Habituellement, c'est l'heure où je termine ma journée de travail. Je veux bien faire une exception pour vous. Prenez place.

-Merci. »

                Un peu pris au dépourvu mais d'un côté rassuré, je m'installe sur un de ces beaux fauteuils confortables. Je zieute autour de moi, tout est calculé pour mettre le patient dans de bonnes conditions. S'il n'était pas psychologue, je l'aurais catégorisé en tant que psychopathe. Mais son faciès enfantin me prouve le contraire. Il finit par prendre place en face de moi, un petit carnet et un stylo en main. Même ses outils de travail sont raffinés. C'est intéressant à remarquer.