- Our complementary colours - Shinkami

- Chapitre 13 -

Song : In the end / Linkin Park 

Elle me claqua la porte au nez. 

Je fus d'abord surpris par l'hostilité de cette femme, mais ne me laissai pas décourager pour si peu. Je tambourinai sur la porte jusqu'à ce qu'elle en ait marre et qu'elle vienne m'ouvrir à nouveau. 

« -Qu'est-ce que tu veux !?
-Euh... Je voulais vous poser des questions sur Denki.
-J'ai déjà répondu à la police et aux journalistes, ça ne suffit pas ? Qui es-tu au juste ? T'es le genre de personne qui se nourrit du malheur des autres, ou une connerie du genre !
-NON ! Pas du temps ! Je suis un ami de Denki, je veux juste comprendre... Il est très précieux pour moi et je suis convaincu de son innocence.
-Denki a encore des amis après ce qu'il a fait ?
-Vous ne croyez pas en son innocence ? » 

Suite à cela, elle ne répondit pas, se contentant de m'observer dans les yeux pendant un instant.  

« -S'il-vous-plaît, j'ai besoin de savoir
-Très bien, entre. »

Elle s'écarta de la porte pour me laisser entrer chez elle, puis m'indiqua le salon d'un geste de la main. Je m'assis sur un siège tandis qu'elle revint de la cuisine avec des boissons. 

« -Bon qu'est-ce que tu veux savoir ?
-Eh bien... Je pensais être proche de lui, mais je me suis rendu compte qu'il ne parlais pas de lui en dehors du lycée donc au final, je ne le connais pas vraiment...
-C'est normal...
-Vous pouvez me raconter s'il-vous-plaît ? Je ne le dirais à personne, je vous le promets. »
Elle m'observa un instant, hésitante, puis baissai le regard en soupirant. 

« -Ecoute, mon alter est, d'entre autre, reconnaître la fiabilité des gens, de lire la vertu d'une âme si tu préfères. D'ailleurs, Denki a hérité de cette capacité. Et je peux comprendre ton engagement et le réel attachement que tu as pour mon fils, donc-
-Attendez ! Denki à cet alter aussi ? Ça veut dire qu'il a deux alters, mais il ne me l'as jamais dit ! » Je reçu un coup de livre sur la tête et un regard meurtrier de la part de la femme se trouvant en face de moi.
« -Ne ne me coupe pas !
-Pardon...
-Donc, je disais que j'allais te raconter, mais tu dois me promettre de ne révéler ce que je vais te dire à personne. Je n'ai raconté ça ni à la police, ni aux journalistes, parce que je sentais qu'ils n'essayeraient pas de comprendre et de bien interpréter ce que j'aurais à dire.
-Promis Madame. » 

Elle s'enfonça un peu plus dans le canapé où elle était installée, puis commença son récit.

« Depuis tout petit, Denki est fasciné par les héros, comme toi, je me doute. Je me souviens qu'il passait des heures à regarder des émissions sur les héros avec des étoiles pleins les yeux. C'était devenu une réelle obsession pour lui. Il était tellement excité en recevant son alter, si fier de lui. Mais ça ne plaisait pas à son père... C'était quelqu'un d'assez imposant et froid qu'il ne valait mieux pas contrarier et Denki en avait un peu peur. Au fur et à mesure des années, il y réussit à convaincre Denki que son alter n'était pas celui d'un héros. »

Je fus surpris en apprenant ça, car cela me rappelait la discussion que nous avions eu à l'infirmerie le jour de notre rencontre (Note : cf chapitre 2). 

« -Mais pourtant, l'alter de l'électricité n'est pas spécialement propre à un alter de vilain, je ne comprends pas.
-Non, tu as raison. Mais son père avait un énorme pouvoir sur lui, ça s'est fait petit à petit. Il l'a rendu responsable de pleins de choses, comme des accidents qui auraient été causés par son alter alors que c'était son père qui avait manigancé tout ça pour le culpabiliser, ou encore en lui montrant tous ces vilains avec un alter similaire. D'ailleurs, je crois qu'il y en avait un comme ça pendant l'attaque du USJ.
-Je ne sais pas, je ne faisais pas encore parti de la classe.
-Quoi qu'il soit, j'ai appris bien plus tard, trop tard même, que le but de mon mari était d'intégrer Denki chez les vilains.
-Quoi ? Mais pourquoi ?
-Un soir, il me semble que Denki était en deuxième année de collège, je regardais la télévision avec lui quand il y a eu un flash info qui annonçait qu'un groupe de Vilains, assez ancien, venaient d'être arrêté et que son père en faisait partie. Ça faisait un vilain de plus avec l'alter de l'électricité... Après ça, Denki s'est complètement refermé sur lui-même, je crois bien que c'était la goutte de trop pour lui. Un matin, je me suis réveillée et il n'était plus là. »
-Vous pensez qu'il aurait fugué ? Mais ça n'a pas de sens, vous l'avez sûrement vu au championnat, pourquoi ne pas l'avoir récupéré en sachant qu'il avait intégré Yuei ?
-Ce n'est pas aussi simple que ça... Il n'a pas fugué. Je ne sais pas comment il a fait, mais mon mari a réussi à s'échapper et il a emmené Denki avec lui. Quand j'ai su qu'il était entré à Yuei, j'ai tout de suite voulu le voir, mais son père m'a menacé de lui faire du mal si jamais je m'approchais de lui ou si j'appelais la police et les héros. Je n'ai rien pu faire. Je ne savais pas que Denki s'était infiltré dans Yuei pour transmettre des informations aux vilains avant de le voir à la télévision.
-Il a utilisé son propre fils comme un vulgaire objet, un outil pour obtenir des informations... Si seulement j'aurais su je...
-Tu n'aurais rien pus faire, comme je n'ai rien pu faire. »
Je restai parler avec elle encore un peu, avant de partir. Je décidai de ne pas retourner tout de suite à Yuei et de rester un peu dans la ville qui avait bercé mon enfance, aussi malheureuse soit-elle...

Beaucoup de choses se sont éclaircies grâce à cette visite. En réalité, il avait souffert de la même chose que moi, mais en beaucoup plus intense parce que moi j'avais au moins le soutiens de mes parents. Maintenant, je comprends pourquoi il me comprenait et me soutenais autant. Comme j'aurais aimé faire la même chose pour lui. 

Je passai le reste de la journée à flâner dans les rues et décidai de passer la nuit chez moi, car il se faisait tard et que c'était le week-end. J'appelai ma mère pour la prévenir de ma venue et pris le bus menant chez moi. 

Cependant, j'avais l'étrange impression d'être suivi. Ne voyant personne, je continuai ma route en restant sur mes gardes.