- Our complementary colours - Shinkami

- Chapitre 10 -

Song : Demons / Jacob Lee

Je me réveillai doucement et me cachai sous les draps en voyant les premiers rayons du soleil pointer leur nez. Je glissai ma main sur l'autre bout du lit pour ramener Pikachu contre moi afin de profiter des dernières minutes de douceur avant d'attaquer une nouvelle journée de cours. Ne sentant aucune autre présence dans le lit, je me redressai avec empressement et découvris la place à côté de moi complètement vide et le matelas froid, ce qui signifiait qu'il était parti depuis un moment. 

Je soupirai puis m'habillai pour partir à sa recherche. 

Étrangement, je ne trouvai personne dans la cuisine, ni dans la salle à manger, ni dans les salles de bain ou encore dans les couloirs. Me rapprochant du salon commun, j'entendis une sorte de brouhaha. Une fois sur place, je pus constater que toute la classe était réunie devant la télévision et tous s'exclamaient brillamment, mais je n'arrivais pas vraiment à distinguer des phrases complètes.

Je cherchai Pikachu du regard, mais ne le trouvai toujours pas. En tombant dans le regard apeuré de Mina, je m'approchai d'elle avant appréhension. 

Tout à coup, tout le monde s'arrêta de parler, tous sauf la voix de la présentatrice tv qui annonça sur un ton grave :
« -On vient de m'informer à l'instant que nous avons du nouveau sur l'avancée de la poursuite du désormais dénommé « Traître de Yuei » ou encore « Trompeur de héros ». En effet, le jeune étudiant en filière héroïque à Yuei, Kaminari Denki, à trompé les héros en renseignant la Ligue de Vilains de leurs agissements. Nous pouvons désormais affirmer que de nombreuses attaques comme la bataille de Kamino auraient été rendu possibles par cet informateur. Malheureusement, l'individu a pris la fuite et les héros ont perdu sa trace. Si vous l'apercevez ou avez des informations décisives, appelez la police et n'intervenez sous aucun prétexte. »

Soudain, mon souffle se coupa, je n'arrivai plus à respirer et je n'entai qu'un lointain grésillement dans mes oreilles, me coupant du monde extérieur. Ma vue se flouta et tout ce que je parvenais à distinguer était l'avis de recherche de l'homme que j'aimais tourner en boucle sur toutes les chaînes tv. Ne pouvant plus supporter mon propre poids, je tombai à terre dans un bruit sourd qui avertit la classe de mon état de détresse. 

Mina se précipita sur moi et prit mon visage entre ses mains en me donnant quelques petites claques pour me faire revenir sur terre. Sa panique se lisait aisément sur son visage. Elle me criait quelque chose, mais je n'entendais toujours rien. Elle se retourna pour crier quelque chose à la classe puis Kirishima et Midoriya partirent en courant, chercher de l'aide, sans doute.
Toujours soumis à cet énorme choc, je perdis connaissance en laissant échapper une unique larme.
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J'ouvris lentement les yeux et les refermai tout de suite, aveuglé par la lumière. Je papillonnai des paupières un instant avant de m'habituer à la luminosité. Je pus donc constater que je me trouvai à l'infirmerie du lycée. En observant un peu mieux les alentours, je vis Mina qui dormais sur une chaise à côté de mon lit. 

D'ailleurs... Pourquoi je suis là déjà ? Soudain, tous les souvenirs me revinrent en tête et je m'enfonça un peu plus dans le matelas et laissa mon visage se faire inonder de mes larmes. 

Alertée par mes sanglots, Mina se réveilla et se précipita sur moi.
« -Oh, tu es enfin réveillé ! Non, ne pleure pas, il doit bien y avoir une explication. »
Elle tenta pendant un moment de me réconforter, mais rien n'y parvenu. Je l'écoutai silencieusement sans bouger en essayant ne pas trop me perdre dans mes pensées, car à l'instant présent, cela me détruirait.

Voyant que je n'étais pas décidé à parler, elle se leva dans l'intention de partir pour me laisser tranquille, mais elle s'arrêta devant la porte pour me dire, toujours dos à moi :
« -Est-ce que tu savais ? »
Elle se retourna pour me regarder dans les yeux puis ajouta : « -Est-ce que tu savais que c'était Denki le traître ? ». Je détournai le regard et elle parti en poussant un long soupire semblant douloureux.
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Quelques jours sont passés depuis mon séjour à l'infirmerie. Les médias et les héros ne donnent aucune nouvelle de Denki, mais son visage et l'annonce de son acte de trahison sont de partout.
Depuis ce jour, je ne sors pas de ma chambre et ne vais donc pas en cours. 

Je limite un maximum mon contact avec les autres et en même temps, ce n'est pas difficile. Le premier jour après sa disparition, Mina m'avait forcé à venir manger en salle commune avec les autres pour me changer les idées et j'avais fini par céder. Seulement, la casi totalité de la classe m'ignorait où me regardait d'un air méfiant. J'ai sus après qu'ils me suspectaient de l'avoir aidé grâce à mon alter. 

Tout ce en quoi Denki m'avait fait croire s'était écroulé tellement rapidement. Trop rapidement pour que ça soit supportable...

Par conséquent, je m'étais enfermé dans un mutisme et restais dans ma chambre toute la journée en ressasser notre histoire. C'est la nuit qui est le plus dur pour moi. Habituellement, je dormais avec lui, mais maintenant mon lit était devenu trop grand, trop froid et inodore. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'introduire dans sa chambre pour tenter de retrouver quelques onces de son odeur ou de sa présence. Au file du temps, j'avais abandonné ma chambre pour rester dans la sienne. La seule personne que je voyais était Mina, qui m'emmenait à manger tous les soirs, mais je n'avais pas faim.

Je passais donc toutes mes journées plongé dans mes pensées. Je ne pouvais m'empêcher de me questionner sur des milliards de choses comme :

« Est-ce que notre relation était vraie ? »

 « Est-ce qu'il m'aimait ou est-ce qu'il avait fait ça pour se rapprocher de moi et avoir des informations ? » 

« Est-ce qu'il avait fait ça pour m'introduire dans la Ligue des Vilains parce que j'ai un pouvoir de meurtrier ? ». 

Beaucoup de questions restaient en suspend et ça me brisait le cœur de penser que j'avais été le seul à ressentir de l'amour. 

J'avais enfin saisi le sens de toutes ses choses qui me semblaient étranges. Ses sorties nocturnes, ses disparitions, ses blessures et ses faux sourires, tout ça avait désormais un sens.