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– Tu n'as pas tort, continue-t-elle alors que je reste bouche bée, sous le coup de la stupeur, me demandant ce qu'elle a entendu. J'ai entendu votre petite conversation, reprend-t-elle, répondant à ma question muette. J'ai préféré attendre la suite pour avoir une réaction, comment dire, honnête et je dois dire que je ne l'ai pas volée, celle-là.

Je me tourne vers Andrews, qui lui aussi, semble étonné par la présence de sa mère dans son bureau.

– Nous pourrions peut-être nous installer plus confortablement, me propose-t-elle en me montrant les fauteuils alors même que je suis toujours debout, comme une gourde. Je me suis permise de demander à Marge de nous faire apporter un peu de café et ses délicieux cookies.

Elle sourit, tout en s'installant, ne semblant nullement consciente de notre trouble ou préférant l'ignorer. Je m'assieds sur le second fauteuil faisant face à Andrews, celui que j'ai quitté quelques instants plus tôt. À peine avons-nous pris place que la cuisinière débarque avec la collation commandée par Linda.

Lorsque Marge eut fini de nous servir et sortit, la mère de mon amant reprend.

– Tu n'as pas tort, se répète-t-elle, lorsque tu dis que je veux tout contrôler. Mais il faut que tu comprennes pourquoi. Tu vois, poursuit-elle après avoir avalé une gorgée de son café, ma famille était très riche, fabuleusement riche. Pas autant que nous le sommes à présent mais lorsque j'étais jeune, nous étions parmi les familles new-yorkaises les plus fortunées et par conséquent, les plus influentes. Et j'étais aussi naïve que Livia. Ce n'est pas Andrews que j'aurais dû protéger mais ma petite fille. Je m'en veux tellement...

Elle s'interrompt, perdue dans ses pensées, émue.

– Tu n'as pas à t'en vouloir, la rassure son fils. Personne n'aurait pu se douter...

– J'aurais dû ! affirme-t-elle alors. Enfin, là n'est pas la question. Pour que tu comprennes mes motivations Meghan, il faut que je te dise que je n'ai pas toujours été cette vipère, comme tu dis.

Elle m'adresse un sourire contraint mais ne semble pas m'en vouloir alors que moi, je n'arrive pas à lui pardonner. Et d'ailleurs, je ne sais même pas si j'ai envie de savoir ce qu'elle a à me raconter. Peut-être va-t-elle essayer de m'embrouiller, comme elle le fait avec tout le monde, pour avoir le beau rôle ! Toutefois, je décide de prendre sur moi et la laisse s'expliquer.

– Lorsque j'avais vingt-trois ans, je suis tombée amoureuse, se remémore-t-elle. J'étais même follement amoureuse. Il s'appelait Tom. Tom Decker. Il était propriétaire d'un club. Mes parents désapprouvaient totalement notre romance. L'héritière et le fêtard, évidemment ce n'était pas bien vu. Je n'ai rien voulu savoir. Je pensais déjà tout connaître de la vie, de l'amour, des hommes. Mais j'étais bien loin du compte.

– Je ne savais pas... lâche doucement Andrews.

– Seul ton père est au courant, répond Linda avec un sourire en direction de son fils, et mes parents bien sûr. Enfin, pour en revenir à Tom, mes parents m'ont interdite de continuer à le voir. Évidemment, cela n'a fait que me pousser à braver leur refus. Notre amour était plus fort que tout. Alors un soir, je suis sortie en cachette pour aller rejoindre Tom à son club. Il était dans son bureau. Avec d'autres jeunes femmes. Bien sûr, il ne faisait pas que discuter...

– Le salaud... commente son fils.

– Seulement, j'étais enceinte et je venais de le découvrir. Je lui ai tout balancé à la figure, lui ai dit qu'il devait m'épouser et il m'a ri au nez. Il a dit qu'il ne m'épouserait que si mon père était prêt à y mettre le prix.

Je ne peux qu'être d'accord avec Andrews. Cet homme était une véritable ordure. Il avait mis enceinte une jeune femme naïve et amoureuse mais n'assumait pas et au contraire, voulait en profiter pour se faire payer pour sauver sa réputation.

Trentenaires et célibataires - Tome 1 : Meghan [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant