13.

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Le chef nous laisse à nos réflexions aussi, retournant en cuisine d'où nous parviennent des bruits de vaisselle et la voix de Marge qui ne semble pas contente que Jacques empiète sur son domaine.

- Marge n'a pas l'air ravi que la dégustation se fasse ici, lancé-je pour rompre le silence pesant qui s'était installé.

- Marge déteste être dérangée dans ses petites habitudes, me répond Andrews en levant les yeux au ciel. Et elle déteste par-dessus tout que quiconque mette les pieds dans sa cuisine, ajoute-t-il en insistant sur le "sa". Même moi, je n'ai pas le droit d'y entrer.

- Donc, ta gouvernante te mène à la baguette, ris-je. Les bonnes habitudes ont la vie dure, dirait-on, continué-je faisant référence à Madame Aldrige, l'ancienne gouvernante des Felton qui derrière son coeur d'or, cachait un Cerbère qu'il ne fallait pas enquiquiner et qui dirigeait la maisonnée d'une main de fer dans un gant de velours.

- J'ai été très affecté par son décès...

- Oh, je... Je ne savais pas ! balbutié-je, bêtement.

Normal finalement puisque nous ne sommes plus en contact depuis pas mal d'années. Et puis, lorsque j'étais jeune, Madame Aldrige semblait déjà aussi vieille que Mathusalem. Il était donc inévitable qu'elle meurt un jour. Malgré tout, elle semblait aussi faire partie des meubles chez les Felton.

- Quand est-ce arrivé ? m'enquis-je.

- Il y a deux ans, déjà. Elle avait pris sa retraite depuis quelques années et était partie rejoindre sa fille sur les côtes californiennes. D'après elle, elle n'a pas souffert puisqu'elle est morte paisiblement dans son sommeil.

Je ne sais que répondre à cela, et la conversation s'essouffle.

- Pour en revenir au menu, reprend Andrews me tirant de mes pensées, qu'as-tu préféré?

- Tout était très bon, je dois dire. Mais si nous voulons rester dans le thème champêtre, il faut que le menu ne soit pas trop sophistiqué. Je pense que...

La conversation dure encore un long moment avant que nous nous décidions enfin.

Le menu sera donc composé du millefeuilles, suivi d'un suprême de lotte fumée accompagné de son gratin dauphinois. Nous continuerons avec un plateau de divers fromages français garni de sa salade aux noix ; pour conclure par un framboisier royal servi en pièce montée. Je pense que Livia sera satisfaite de ce menu qui reste chic mais champêtre. Sophistiqué mais sans extravagance. 

Jacques étant revenu entre temps, je discute avec lui du tarif de la prestation et tente de négocier les prix mais Andrews s'interpose. 

- L'argent n'est pas un problème, je te l'ai déjà dit Meghan. 

- Mais je... protesté-je. 

- Laisse tomber, je verrai moi-même avec Jacques. 

- Comment... Tu ne peux pas... balbutié-je, outrée. 

J'aperçois Jacques qui opère un repli stratégique en cuisine lorsqu'il comprend que la discussion risque de tourner au pugilat. 

- Comment as-tu osé me faire cela? finis-je par éructer. Le mariage de Livia n'est pas le seul dont j'ai la responsabilité ! Je dois, dès le début, négocier avec Jacques pour qu'ensuite nous puissions continuer à travailler ensemble en harmonie ! Tu as bafoué ma crédibilité ! 

- Ce n'était pas mon intention... se justifie Andrews, penaud. 

- La prochaine fois, tais-toi simplement et laisse-moi faire mon travail. Il va maintenant falloir que je rattrape ta bêtise auprès de lui car si toi, tu as les moyens de payer des sommes folles, ce n'est pas le cas de tout le monde, je te rappelle ! 

Trentenaires et célibataires - Tome 1 : Meghan [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant