Rédemption : Le prix à payer

Chapitre 1

Un œuf, deux œufs. Je touille à l'aide d'une cuillère en bois. L'odeur de ce plat me titille les narines. Miam.

Une fois cuit, je verse le tout dans mon assiette et je commence à manger. Lorsque je termine, je range le tout dans mon lave-vaisselle.

Mon vol est dans trois heures et j'ai plus que hâte de remettre les pieds sur ma terre d'origine. J'ai hâte de revoir le visage de mon frère, Carlos. J'ai hâte qu'il me raconte sa vie autour d'une table à manger de la nourriture grasse et salé sur la montagne avec le vent frais du soir et le bruit des feuilles des arbres qui s'entrechoquent. Cela fait six ans que je n'ai pas revu Carlos alors il y aura bien des choses à se raconter. Je veux savoir où il en est dans sa vie professionnelle, personnelle et surtout sentimentale. Oh ça oui.

J'ai envie de savoir s'il existe une future madame Carlos. Rien qu'à cette pensée, mon enthousiasme redouble d'intensité.

En constatant que le temps s'écoule à une vitesse folle, je me mets à boucler mes valises en vérifiant bien que je n'ai rien oublié. Surtout le plus important. Et une heure plus tard, me voilà enfin prête pour l'aventure.

Je ferme la porte de mon appartement à double tour puis fait rouler ma valise jusqu'à l'ascenseur de ma résidence. Ce lieu que je vais quitter pour me ressourcer pendant deux semaines.

Il y a six ans maintenant, j'ai quitté mon frère pour m'installer aux Etats-Unis avec un seul but : vivre une meilleure vie. J'ai eu la chance d'obtenir un visa grâce à Madame Martinez. Cette femme nous a pris sous son aile lorsque nous étions enfants avec Carlos. Elle était d'une gentillesse incroyable. Elle a été notre deuxième maman avant qu'elle ne parte rejoindre l'amour de sa vie aux Etats-Unis. Puis après avoir divorcé, elle est revenue et elle m'a proposé de repartir avec elle. Je ne voulais pas abandonner mon frère mais ce dernier avait insisté pour que je fuis la pauvreté. Et c'est ce que j'ai fait. Et madame Martinez s'est occupée de moi, elle s'est chargée de mon éducation scolaire. C'était une chance incroyable pour moi d'étudier sachant que là d'où je viens, l'éducation n'est pas la priorité des plus pauvre. Malheureusement, elle est morte à cause d'un cancer du sein il y a quatre ans. Sa mort a été vraiment très dure à encaisser.

Et c'est là que ma vie a commencé à devenir un véritable bourbier.

Alors que je venais de sortir de la résidence, la voix d'un homme m'extirpe de mes sombres pensées.

– Anna ?

Je lève mes yeux pour tomber sur une paire de yeux bleus que je ne connais que trop bien. Un fantôme du passé. Alan.

– Alan ? Mais ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Je lui réponds en fronçant les sourcils.

Je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis l'incident. Et le voir ici, devant ma résidence, me surprend. S'il est ici, c'est qu'il y a une raison. Et ça ne me dit rien qui vaille.

– Enfin ! Je t'ai retrouvée ! Comment tu vas ? Tout le monde te cherche, tu as complètement disparu de la circulation !

– Alan, réponds à ma question s'il-te-plaît.

Il me fixe de ses yeux océan avec cette bouille qui m'a fait tant rire à l'époque. Seulement, aujourd'hui, elle ne me rappelle plus que les mauvais souvenirs.

– Eh oh ? Alan je n'ai pas le temps de discuter là j'ai un avion à prendre ! Donc si tu n'as rien à me dire-

– Anna, me coupe-t-il. C'est Igor. Il t'a retrouvé.

Un frisson me parcourt l'échine tandis qu'Alan me regarde toujours. Il appréhende ma réaction. Il attend que je dise quelque chose mais la vérité c'est que je ne sais pas quoi dire. J'ai l'impression que mon cauchemar recommence et ça me glace le sang. Je ne veux pas que ça recommence. Non. Je ne pourrais pas m'en sortir. Je lui réponds, d'une voix vide et froide en prenant le soin de ne rien laisser transparaître :