Chapitre 39 Les habitants de la jungle

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Nos pieds s'enfonçaient dans la terre boueuse. Le paysage glacé avait laissé place à une forêt tropicale. Les arbres s'élevaient immenses. Un épais brouillard coulait entre leur tronc massif et noueux, où des lianes pendaient. De magnifiques plantes vertes étaient secouées par une légère brise humide. Des petites gouttes de rosée brillaient sur les fougères ; de splendides fleurs rouges et roses tendaient leurs pétales vers un ciel nuageux Je fermais les yeux et écoutais les bruits paisibles de la forêt.

Le chant des oiseaux exotiques ; le bruissement de leurs ailes. Quelques fois, nous apercevions, dans le ciel, leur plumage coloré. Autour de nous, à la recherche d'une chaire pleine de sang chaud et sucré, les moustiques bourdonnaient et voletaient. Le claquement des plantes carnivores qui emprisonnaient un pauvre insecte. Leur bouche, grande ouverte, se refermait vivement quand un malheureux s'y posait. On entendait les déplacements des animaux : le craquement des branches, le froissement des feuilles, le grattement sur l'écorce et la terre molle. Mais, ils demeuraient invisibles. Seules des masses se balançaient dans les arbres, allant de branches en branches. L'un d'eux s'arrêtait, poussait des petits cris, sautait et se grattait la tête. Ils avaient, comme nous, deux jambes, deux bras, deux mains, vingt doigts, un cou, une tête, deux yeux, deux oreilles, un nez, une bouche. L'unique différence était la longue queue qui s'agitait derrière eux. Nous les dévisageâmes longuement.

- Ce sont des singes, des animaux très intelligents. Ils ne sont pas dangereux, annonça la chamane Odile, comme si elle avait entendu la question silencieuse que tout le monde se posait.

- Des singes, murmurais-je.

Nous répétâmes tous ce mot nouveau. Jamais au Zodiaque nous n'avions vu de « singe ». Un cri retentit. Marco et Typeur reniflait un ver de terre. Une jeune fille, brune aux yeux bleus, le pointait, effrayée. Enfaite, ce n'était pas vraiment un ver de terre. Cette chose était beaucoup plus grosse et plus longue. Son corps était parsemé d'écailles vertes. Elle rampait en sifflant. Une langue fourchue sortait de sa bouche. Son œil vert, à la pupille verticale, était effrayant.

- Pas de mouvements brusques, ordonna la chamane. Eloignez-vous d'elle doucement. C'est une vipère, si elle vous mord, vous pouvez mourir.

Malgré la peur, mon cerveau repassa ce mot, « vipère », en boucle pour le mémoriser. A notre grand soulagement, elle ne mordit personne mais nous jeta des regards mortels. Nous étions pétrifiés sur place. Quand elle disparut dans un buisson, nous pûmes respirer normalement.

- Comme vous avez pu le voir, il y a des animaux qui sont dangereux et d'autres qui sont inoffensifs. Mes connaissances sur les bêtes de la jungle sont très approximatives. J'essaye de me remémorer ce que j'ai lu et ce qu'on m'a décrit.

- Ne t'en fais pas. Pour le moment, tes connaissances nous ont été d'une grande aide, la rassura Rozenn.

Elle se tourna vers nous.

- Bien, je propose que nous fassions une pause ici. Il y a assez de place pour monter quelques tentes. Odile, si cela ne la dérange pas, nous partagera tout ce qu'elle sait. Comme cela, demain nous serons près à affronter, pour de bon, la jungle.

Nous acquiesçâmes. Une fois les tentes montées et le feu allumé, nous nous regroupâmes autour de la vieille chamane. Tout en mangeant, elle nous décrivait des bêtes sauvages aux noms et aux physiques impressionnant. Nous buvions ses paroles horrifiés et subjugués. Tristan me tenait dans ses bras. Ma tête était callée sur son épaule.

- La panthère est un gros chat noir. Ses yeux jaunes sont hypnotisant. Ses pâtes puissantes et ses griffes acérées font d'elle un prédateur redoutable. Elle court très vite, puis, est une excellente nageuse et grimpeuse. Pour capturer ses proies, elle monte dans un arbre et attend calmement. Lorsqu'elle l'aperçoit, elle bondit et la tue d'un coup de croc. Elle ne nous attaquera que si elle est affamée.

Le jaguar ressemble à la panthère. Seule la couleur de son pelage est différente. Il est marron clair, presque beige, et blanc. Il est aussi recouvert de superbes tâches noirs.

Raclements de fourchettes en bois.

Le feu de camp crépitait. Ses flammes oscillaient, nous baignant dans une ambiance chaleureuse. Sa fumée rejoignait les nuages. Les bûches se consumaient et devenaient des cendres. Le ciel s'assombrissait : la nuit tombait.

- Les mygales sont des énormes araignées. Elles se nourrissent de poissons, de grenouilles, d'oisillons, de reptiles, de petits rongeurs et d'insectes. Leurs morsures ne sont pas mortelles, mais leur venin est puissant et dangereux.

Par contre, il existe une race de grenouille extrêmement toxique. Sa peau est recouverte de poison. Si vous la prenez un moment dans vos mains, vous mourrez.

- Je ne veux pas mourir !, hurla une personne terrorisée.

- Du calme ! Personne ne va mourir. Je vais vous dire comment reconnaître ces grenouilles. Elles sont petites. Leur peau peut être jaune, orange ou vert clair.

Attention car d'importants dangers se trouvent aussi dans l'eau. Les piranhas par exemple. Ce sont des poissons au ventre rouge, aux dents pointues et aussi coupantes que le meilleur des couteaux. Ils sont carnivores et avides de sang. Si vous avez le malheur de laisser tomber une minuscule goutte de sang dans l'eau où ils nagent, ils accourront pour vous dévorer. Personne ne se baigne, ne s'approche d'un cours d'eau profond s'il saigne c'est bien compris ?

Nous hochâmes la tête, horrifiés. Les animaux, qu'elle nous décrivait, illustraient nos pires cauchemars.

- Il y a aussi le caïman. Il ressemble à un gros lézard dont la longue mâchoire est composée de millier de dents tranchantes. Ils vivent sur terre mais peuvent respirer sous l'eau. Ce sont donc d'excellent nageur. Ils...

Un grognement féroce la coupa.


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