Mes pieds nus couraient sur la glace gelée. Ma respiration était haletante, mon cœur bondissait dans ma poitrine. J'avais peur. Une peur glaciale et dévorante. Une masse sombre, une tornade, me poursuivait. Des mains et des têtes carbonisées en sortaient quelques fois et se tendaient vers moi. La Mort venait me chercher. Je la fuyais.
Soudain, une violente secousse. La glace se fendit. Un puit d'obscurité se referma sur moi. L'eau noir brûlait ma peau. J'avais beau me débattre, une force invisible me tirait vers le fond. Je ne voyais rien. Les seuls sons que j'entendais étaient des gémissements horribles. Au fond de cet univers froid, des corps nageaient autour de moi. Certains essayaient de m'attraper de leurs doigts décomposés. Horrifiée, je tentais de m'éloigner d'eux.
Deux mains entravèrent mes chevilles. Mes cris, modifiés par le liquide mortel, emportaient mes bulles d'air vitales. Je cherchais désespérément un moyen de m'en sortir. Mes forces m'abandonnèrent lentement. Mes poumons réclamaient l'oxygène que je ne pouvais pas leur donner.
Je me noyais.
Avant de pousser mon dernier soupir, je me réveillai en sursaut, tremblotante. Je respirais de grandes goulées d'air, le souffle court. Une main se posa sur mon front. Je sursautais et retirais vivement ce poids qui écrasait ma tête.
- Médecin ! Du calme ma puce. Ce n'est que moi. Tu as beaucoup de fièvre.
J'ouvris brusquement les yeux. La lumière m'éblouit. J'étais allongée sur un drap blanc. Le sol était dur et frais. Les murs de la tente étaient rassurants. Je me sentais en sécurité. Ma mère embrassa mon front brûlant. Je ne la voyais pas distinctement, l'esprit trop embrouillé par ce rêve. Je calmai les battements terrorisés de mon cœur. Ce n'était qu'un cauchemar. C'était fini.
Mon corps était tout engourdi et faible. Je faisais bouger maladroitement mes orteils congelés. Mon père et mon frère entrèrent à la suite du docteur Paul Stewson.
- Content de te voir ma chère petite. Tu as eu beaucoup de chance. Ta vie ne tenait qu'à un fil fragile. Le plus dur est passé, ton corps a retrouvé sa température normale. Mais, la fièvre n'est pas près de te quitter.
- Si Tristan n'avait pas été là tu serais sans doute morte. Il nous a prévenu à temps. Nous sommes intervenus aussi vite que possible, déclara mon père les larmes aux yeux. Oh ma chérie j'ai eu tellement peur. Je frappais la glace de toute mes forces, je... Oh ! Plus jamais je ne veux te retrouver dans cet état.
- Tu ne respirais plus, tu étais inconsciente, la mort t'avait presque emportée, précisa Romain.
Emu, il me prit dans ses bras en faisant attention à ne pas trop me serrer. Les deux hommes sanglotèrent, enfouissant leur tête entre leurs bras.
- Je suis désolée, murmurais-je.
La culpabilité mordait tout mon être.
- Ce n'est pas de ta faute ma puce, assura ma mère. La glace n'était pas assez solide pour tous nous supporter. D'autres personnes sont tombées dans l'eau glacé. Mais trois sont mortes. Ton père ne t'en veux pas. Il avait tellement peur que tu meures. Si nous te perdons ma belle, je ne sais pas ce que nous ferons. Sans ton frère et toi, la vie nous serait insupportable.
- Je ne veux pas mettre fin à cet émouvant moment mais ma patiente à besoin de soin et de repos. Veuillez s'il vous plaît quitter cette tente, ordonna Stewson.
Ma famille le dévisagea, surprise. Ils obtempérèrent à contre-cœur en me promettant :
- Quand le docteur sera plus enclin à des visites, nous ne te quitterons plus.
Un triste sourire se dessina sur mes lèvres. Les paroles que Tristan avait prononcées avant que je ne tombe dans l'eau me revinrent.
- Monsieur, avant que vous n'interdisiez à tous les gens que j'aime de venir me voir, pouvez-vous aller chercher Tristan s'il vous plaît ?
- Ce fou furieux nous a casser les pieds pendant deux jours. Il nous menaçait de mort ! Donc oui, bien sûr petite, je vais laisser entrer cet enragé. Bien sûr ! Bah oui c'est complètement logique !
- S'il vous plaît, j'ai besoin de le voir ! Si dans deux minutes il n'est pas en face de moi je me lève !
Je ponctuai mes mots et essayai de me redresser, exaspérée par le comportement de ce médecin.
- Ne bougez pas, ne bougez pas ! Vous allez enlever les couvertures qui maintiennent votre chaleur corporelle, qui vous maintiennent en vie !
Je repoussai une des couvertures dans un geste théâtrale. Le froid me fit grimacer.
- C'est bon je vais le chercher.
Il soupira. Satisfaite, je reposai ma tête, m'enroulai dans les couettes et lui adressai mon plus beau et hypocrite sourire.
- Merci bien.
Tristan bouscula Paul en lui hurlant :
- Poussez-vous ! Où est-elle ?
En effet, mon ami était enragé.
Monsieur Stewson pointa le centre de la tente. Quand son regard croisa le mien, ses traits de détendirent. Il s'agenouilla et caressa mon visage.
- Azy !
Ses yeux étaient rouges et d'immenses cernes les soulignaient.
- Je suis là.
- Je suis tellement soulagé ! Quand nous t'avons repêchée tu étais dans un tel état ! J'ai cru que plus jamais je n'entendrais ta douce voix.
Des larmes coulèrent le long de ses joues.
- J'ai vraiment cru que j'allais te perdre pour de bon. Azy, je ne peux pas vivre sans toi.
- Je suis là, je suis là. Je ne te quitte plus.
Sans le quitter des yeux, je passais mes mains derrière son cou et l'attirai contre moi. Son visage était tout proche. Son souffle léger effleurait mon visage. Je relevais un peu la tête. Nos nez se touchèrent. J'avançais encore un peu. Nos lèvres se touchèrent. Les siennes étaient douces et avaient le goût salé de ses larmes. Le monde autour de nous disparut. La seule chose qui comptait était cet incroyable baiser. Tristan s'écarta. Une lueur nouvelle illuminait nos regards.
L'amour.
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Le Zodiaque//Réécriture/
Ciencia Ficción2032 Les continents entrent en collision tuant des milliards d'êtres humains. 2100 Tous les survivants vivent dans le Zodiaque : un endroit sûr et paisible où ils sont séparés en douze clans distincts représentant chacun un signe astrologique. Ch...