Epilogue

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5 ans plus tard.

Ses ailes battaient l'air glacé. Le courant poussait ses plumes noires. L'aigle majestueux survolait les sommets enneigés. Les reflets argentés de la neige l'aveuglaient. Les cris des marmottes, les sabots des chamois, l'éboulement de rochers, le torrent d'une cascade, le chant de ses congénères, l'entouraient. Les montagnes laissèrent place à une forêt de sapin. L'aigle se rapprocha. Ses yeux perçants avaient repéré un rongeur. Silencieusement, il fondit. Les épines effleurèrent son corps. Les ombres des arbres le recouvrirent. Ses serres se refermèrent sur sa proie. Il la tua d'un puissant coup de bec et quitta le sol. Le prédateur se posa sur la plus haute branche d'un conifère. En face de lui, une clairière, totalement dépourvue d'arbre, laissait entrer les rayons de l'astre céleste. En son centre, quatre maisons entourées de plantations. Les couleurs des fruits et des légumes scintillaient. Tout était calme. L'oiseau mangea la chaire tendre de la souris, savourant son goût délicieux.

Un rire coupa son paisible déjeuner. Une fillette blonde sortait d'une vaste cabane en bois. Elle portait une jolie robe blanche. Ses petits pieds nus s'enfonçaient dans l'herbe douce. Ses gestes avaient la maladresse des jeunes enfants. Parfois, elle tanguait sur ses jambes fragiles et tombait en arrière. Abasourdis, ses yeux marrons s'écarquillaient. Mais elle ne se décourageait pas. Après avoir touché et reniflé avec curiosité une magnifique fleur, elle poussait de toutes ses forces et se redressait, difficilement. Ensuite, elle reprenait sa marche en babillant. Ses mains s'agitaient dans tous les sens essayant d'attraper les rayons du soleil et le souffle du vent qui caressait sa figure. Un chien la suivait. Dans une succession de voyelles, elle lui racontait toutes sortes de choses, enfouissait son visage dans sa fourrure et fermait les paupières, sourire aux lèvres.

Un couple ne la quittait pas des yeux. Souvent, ils la rejoignaient. Leurs jeux duraient des heures. Ils se couraient après, se cachait derrière des buissons, fabriquaient des bonhommes avec des brindilles, se baignaient dans le fin ruisseau. Quand la fillette était fatiguée, ils la prenaient dans leurs bras. Ils s'asseyaient et la bordaient en murmurant son prénom.

Sophie.

L'aigle s'envola. Son cri résonna. Son ombre passa au-dessus de ce paradis.


Le Zodiaque//Réécriture/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant