Chapitre 16 La découverte

68 3 0
                                    


Le toit en chaume de Rozenn se profila à l'horizon. Nous n'étions plus très loin.

- Cachez-vous bien derrière les buissons, ordonnais-je.

Nous dépassâmes la maison de notre chef. Le lac Lynx s'étendait sur des kilomètres. Les habitations aux alentours grouillaient de monde. De petites tentes étaient entassées de ci de là. Des calèches remplies de bagages se déchargeaient.

- Leur installation a commencé depuis plus longtemps que nous le pensions, remarqua Anna.

- Je pense qu'il se passe quelque chose de grave, ajouta Tristan.

Je hochai la tête. En effet c'était louche. Au vu du campement cela devait faire au moins deux semaines que les Lions étaient là. Cela n'augurait rien de bon.

- Les gars j'ai peur, déclara Max. Imaginez qu'ils s'en prennent à nous. Nous sommes des enfants vulnérables.

- S'ils nous attaquent sur notre territoire, notre chef leur déclarera la guerre. Or vu leur situation il vaudrait mieux ne pas entrer en conflit. Ils ne tenteront rien t'inquiète, le rassura Anna.

- Approchons-nous lentement, proposa Tristan. Nous devons adopter un air serein. Pensez que vous avez le droit d'être là.

- Mais ce n'est pas le cas ; nous sommes des imposteurs, rappela Max.

Je posais une main réconfortante sur son épaule :

- Dis-toi que nous sommes des agents secrets en mission, d'accord ?

Il esquissa un faible sourire.

- Prêt ?, demanda Anna.

Tous acquiescèrent. Nous marchâmes, droit comme des piquets, jusqu'à la première tente dont le tissu délavé flottait au vent. A son entrée, une jeune fille jouait avec des cailloux. A côté d'elle se tenait une vielle femme d'une maigreur horrifiante. Des rides se formèrent autour de ses yeux lorsqu'elle nous sourit. Son teint pâle et fatigué me faisait de la peine. Le signe orange dessiné sur son avant-bras était bien la marque des Lions.

- Bonjour, nous aimerions beaucoup vous poser des questions sur ce qu'il se passe sur votre territoire. Je m'appelle Tristan, commença-t-il. Voici Azylis, Anna et Max.

- Bonjour !

- Je suis Sabrina. Je ne sais pas si j'ai le droit de vous révéler tout ça les enfants. Vous m'avez l'air bien jeunes.

- S'il vous plaît madame ; nous avons besoin de savoir ce qu'il se passe, suppliais-je.

- Les adultes ne pourront pas nous tenir à l'écart indéfiniment, ajouta Anna.

- Et puis nous voulons vous aider, dit Max.

- Bon très bien, écoutez attentivement.

On s'assit autour d'elle.

- Tout a commencé il y a deux ans lorsque la neige a englouti le Zodiaque.

On se rappelait tous de cet heureux hiver. Le dernier que nous avons passé avec Camille.

- La plupart de nos champs étaient recouverts de cette couche glacée, ce qui nous empêchait de cultiver. Une fois la neige fondue, notre problème ne s'est pas réglé. Sur nos terres, autrefois fertiles, rien ne poussait. Nous avons tout essayé. Mon mari était paysan, il a été tué, comme d'autres, par des coulées de boue qui ont engloutis nos dernières plantations. Plusieurs nourrissons ont également péri. Nous nous en sommes donc remis au gibier. Pendant deux ans nous avons quasiment mangé que de la viande ou du poisson. Puis, nous avons commencé a trouvé une sorte de bouillie noire dans les intestins des animaux. Nos poules, nos chèvres, nos chevaux et nos vaches moururent successivement. Même les bêtes sauvages étaient « pourries ». Nous ne savons pas ce qu'il se passait. En attendant, nous voilà affamé, sans domicile.

- Vos terres sont-elles encore habitables ?, demandais-je tendue.

- Hélas non ma petite. C'est pour cela que nous sommes là. Les coulées de boue ont tout ravagé : nos constructions, nos champs, nos forêts, nos lacs. Nous ne pouvons pas retourner sur le territoire des Lions. En plus de cela, nous avons perdu la moitié de notre clan.

La situation était catastrophique. Si les Lions ne trouvent pas vite un autre territoire, l'harmonie des clans s'en trouvera ébranlée. Soit les Poissons et les Lions ne devront former qu'un seul clan, soit les Lions devront disparaître.

- C'est horrible !, s'exclama Max.

- Les chefs ont-ils déjà proposés une solution ?, interrogea Tristan.

- Malheureusement non, répondit Sabrina.

- On est dans la merde, affirma Anna.

- On vous remercie pour votre franchise et votre coopération. Passez une bonne journée, la saluais-je.

Nous nous relevâmes. Anna et Max rentrèrent chez eux tandis que Tristan et moi discutions dans la cabane de pêcheur.

- La situation est pire que ce que l'on pensait, remarqua-t-il.

- Je sais, que pouvons-nous faire ?

- Nous rien, c'est aux chefs de prendre une décision. Mais je pense que les Lions devraient s'installer provisoirement au château gouvernemental. Il y a là-bas assez de place pour tous les accueillir et ils ne seront sur aucun territoire.

- Oui mais s'ils habitent au château, celui-ci perdra sa neutralité. Or il est important qu'il appartienne à tous les clans, pas à un seul.

- Le château ne leur appartiendra pas, il sera juste leur domicile pour un court temps. Au moins le temps qu'ils trouvent un nouveau territoire.

- Tu pourrais proposer ton idée à Rozenn, Tristan ?

- Ouais je le ferais demain.

- Je vais rentrer, bonne nuit.

- Bonne nuit.

Je déposai un rapide baiser sur son front et partie.

Le Zodiaque//Réécriture/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant