Le Zodiaque//Réécriture/

Chapitre 4 Le baptême

Izzy avait un peu grandi, elle marchait lentement, parlait peu : les seuls mots quelle disait étaient « papa » et « maman ». Thibault avait essayé de lui en apprendre d'autres mais elle semblait résignée à ne parler qu'avec ces deux-là. En un jour elle avait tout de même pris du poids et de la taille.

Florence une couturière, tisseuse entra dans la classe coupant le professeur dans son explication sur la nutrition.

- Je dois changer Izzy, nous sommes vendredi, déclara-t-elle.

- Je sais. D'accord.

La femme s'approcha de la concernée, la sortit de sa chaise et la posa sur le sol. Izzy retomba sur les fesses en riant. L'enfant agitait ses doigts boudinés vers la femme en poussant des petits cris aigues. Florence prit un mètre et la mesura tant bien que mal. Elle coiffa ses courts cheveux puis partit.

- Papa, maman, prononça l'enfant.

- Oui tu vas les revoir, bientôt, répondit son professeur en fixant la marque du destin de la fillette qui était apparue ce matin même : un H bleu turquoise signe des Poissons

Il savait que le bébé ne reverra plus ses géniteurs après samedi. Florence arriva en trombe, demanda à Thibault de fermer les yeux et revêtit Izzy d'une robe bleu turquoise avec des sandales marrons. Le vêtement correspondait à la marque du destin de l'enfant et les sandales à la couleur du clan qui l'avait gardé. La jeune femme lui ôta la tenue une fois qu'elle eut vérifié que celle-ci lui allait. Ensuite, elle coucha l'enfant, se tourna vers Thibault et lui dit :

- Demain matin je reviendrai aux premiers rayons du soleil pour habiller ton apprenti. Réveille-la un peu avant, s'il te plaît.

- Oui.

La femme quitta la pièce laissant le professeur à ses occupations. Il rangea la classe et partit se coucher. Sa chambre se trouvait juste derrière le tableau noir. Il s'allongea et s'endormit aussitôt.

*

Le professeur sortit de son sommeil lorsqu'il fut brusquement secoué.

- Debout à la fin, tu devais réveiller la petite avant mon arrivé !

- Arrête de crier Florence, tu pourrais très bien la lever toi-même, je suis crevé moi !

- Flemmard va !

La couturière se dirigea vers le berceau et porta l'enfant qui ouvrit doucement les yeux en pleurant.

- Chuuut, dit doucement la jeune femme.

Elle embrassa le front du bébé, l'habilla et sortit en claquant la porte de la classe sous les râles de Thibault qui peinait à se rendormir. L'homme était épuisé et ne comptait pas se lever pour le moment. De toute façon il n'avait pas le droit d'assister au baptême d'Izzy et ceci, bien qu'il ne veuille le dire, l'attristait.

La fillette fut remise à ses parents qui fixaient tristement la robe bleu turquoise qu'elle portait. Ils s'installèrent à contre-cœur dans la calèche, qui devait les emmener loin du clan, au côté de leur chef. Des larmes qui ne parvenaient à cacher coulaient le long de leurs joues.

Les baptêmes étaient célébrés dans la grande salle du dénouement située au palais gouvernemental. Celui-ci servait d'endroit de regroupements pour les divers problèmes ainsi que de salle de réunions entre les différents clans. Ils avaient recours à ces événements lors des sécheresses, des inondations, des tremblements de terre ou autres faits divers. De plus, le château était assez grand pour regrouper toutes les communautés au cas où un jour ils aient besoin de se réfugier quelque part.

Pendant les baptêmes, seuls les chefs des autres clans, les géniteurs et la famille adoptive (prévue pour l'enfant) de chacun assistent à cette cérémonie.

La calèche se stoppa devant l'énorme forteresse de pierre. Douze drapeaux avec la couleur de chaque clan et leur signe décoraient l'entrée dallée. De grandes tours encadraient la grosse porte d'entrée en chêne accompagnée de poignées en métal.

Romuald et Mathilde entrèrent à la suite de leur dirigeant en serrant fortement leur fille. Les onze autres chefs se tenaient de part et d'autre du couple formant un long couloir humain. Rozenn, la meneuse du camp Poisson, fut heureuse de constater que la fillette portait la couleur de son clan. Les parents pénétrèrent dans la salle du dénouement. Celle-ci était immense. En son centre se tenaient trois chaises sur une petite scène. De grands gradins, où attendaient les familles adoptives, les entouraient. Albin le chef Bélier installa le couple et Izzy sur les chaises et partit rejoindre les membres de sa communauté tandis qu'Adriel restait près de Mathilde et Romuald.

- Nous sommes tous ici afin de célébrer le baptême de la jeune Izzy Capricorne, déclara Adriel. La petite porte la marque et la couleur des Poissons, elle devra donc rejoindre ce camp.

La mère d'Izzy qui ne tenait pas sa fille commença à pleurer enfouissant sa tête dans ses bras. Rozenn se leva et annonça d'une voix forte :

- Je confie l'enfant à la famille Lock qui avait déjà accueillis auparavant un petit garçon du nom de Romain qui a maintenant sept ans.

Rosa et Patrick Lock se redressèrent et dirent à Mathilde et Romuald :

- Nous avons décidé d'appeler la fillette Azylis, cela vous convient-il ?

Ils acquiescèrent tous deux et donnèrent tristement leur création au chef du clan des Poissons qui les salua avant de prendre l'enfant.

- Prenez bien soin de notre fille, je vous en supplie, ordonna la femme en sanglotant dans les bras de son mari.

Romuald regardait la scène d'un œil vide. Tout l'amour que son cœur brisé avait laissé échapper se lisait dans ses yeux.

- Bien sûr, répondit tendrement Rozenn en tendant le bébé à Rosa.

Adriel apporta une poule et la donna à la meneuse Poisson. C'était le rituel. Le chef du clan devait donner une bête à l'autre dirigeant qui lui prenait un de ses membres lors du baptême. C'était comme cela. Ils se serrèrent la main et partirent chacun de leur côté. Rozenn emmena les Lock dans leur calèche alors qu'Adriel et les autres chefs attendaient le départ des membres du clan Poisson pour y aller. C'est une autre tradition, un signe de respect et d'affirmation pour la petite Azylis.

Romuald et Mathilde étaient anéantis mais ils savaient que ce jour arriverait. Une fois que l'attelage Poisson ne fut plus en vus ils rentrèrent aussi chez eux.