Journal de bord du DELS Espérance
Aujourd'hui, cela fait tout juste deux mois que nous sommes arrivés sur Edae4. Le personnel resté sur l'Espérance, nous a rejoint petit à petit. Grâce à ses batteries solaires, le vaisseau, laissé aux bons soins d'Héra, restera en orbite lente autour de la planète. Nous perdrons le contact avec lui dans dix jours, lorsqu'il survolera l'hémisphère sud.
La vie s'est organisée autour de notre campement scientifique. Chacun a trouvé son rythme. Chacun a ses tâches à faire et ses défis à relever. Timothé et moi sommes sur tous les fronts. Cependant, maintenir une bonne organisation n'est pas toujours chose aisée. Je n'aurais pu imaginer meilleur second car son soutien est sans faille. Outre le fait qu'il soit compétent, il a aussi ce don de plaire à tous, ce qui m'est d'une grande aide lorsqu'il nous faut régler les inévitables conflits qui, parfois, surviennent au sein de notre communauté.
Dans l'ensemble, les choses se passent bien. Les cultures sous serres semblent prometteuses, toutefois l'eau reste notre problème principal. L'étude des sols nous a confirmé l'existence d'un réseau hydraulique souterrain très dense, mais difficile à exploiter en raison de la très grande finesse de ses canaux aux ramifications complexes. La seule solution trouvée à l'heure actuelle, pour pallier ce problème, a été d'envoyer des navettes puiser directement l'eau de l'océan, pour ensuite la traiter afin d'en extraire une eau pure. C'est un procédé qui prend énormément de temps, et dont le faible rendement nous oblige à nous rationner.
Tout à l'heure, j'ai eu une séance avec le docteur Lawrence Clarke, notre psychologue. Je manque cruellement de sommeil et les hallucinations auditives sont revenues ce matin. Toujours cette même phrase. J'en viens même à me demander si je ne suis pas victime d'un trouble de la stase, comme cette jeune femme qui se trouve toujours à l'infirmerie et dont l'état ne présente aucune amélioration. A ma connaissance, il n'y a pas eu d'autres cas pourtant. Je n'en ai pas parlé à Timothé, pour ne pas l'inquiéter. En revanche, j'ai jugé indispensable de prendre un avis plus éclairé.
Le docteur Clarke est un homme avenant et qui inspire confiance. Étant soumis au secret professionnel, je sais qu'il ne répétera pas ce que je lui ai raconté. Il a voulu me prescrire un anxiolytique pour m'aider à décompresser, mais s'est ravisé devant mon air méfiant. Je le revois sourire, un peu gêné : « Les mauvaises habitudes sont difficiles à perdre, fit-il d'un ton d'excuse. Avant j'avais beaucoup de patients souffrant d'anxiété. Notre société voulait cela. Nous sommes une communauté très modeste à présent. Nous voyons et parlons toujours aux mêmes personnes. Ce simple fait peut avoir des résultats nocifs pour certains qui ont un plus grand besoin de diversité. Prenez un jour de repos et allez vous balader. C'est peut-être, finalement, le meilleur des remèdes. Mais si cela persiste, revenez me voir et nous tenterons la médication. »
J'ai suivi son conseil et me suis octroyée une heure de balade. Bien m'en a pris. Malgré la grisaille environnante, me retrouver ainsi loin de tout m'a donné un sentiment de liberté que je n'avais pas encore ressenti depuis notre arrivée dans ce système. Affranchie de la Terre et de son atmosphère étouffante, de sa pollution. Affranchie des politiques et des guerres. Mais pas encore tout à fait affranchie des souvenirs douloureux de mon ancienne vie. Bien que l'intérêt scientifique soit notre principal moteur dans cette aventure, nous sommes également tous partis pour des raisons qui nous sont propres. Nous fuyions tous quelque chose. Cette mission est aussi l'occasion de repartir de zéro, de faire table rase.
Depuis peu d'ailleurs, certains rapprochements ont eu lieu entre des membres de la mission. Je ne les interdis pas, bien au contraire. Notre expédition étant sans retour, j'estime que chacun est libre de fonder une famille s'il le souhaite. A la condition, bien entendu, que cela ne prenne pas le pas sur l'objectif principal de notre mission : découvrir une vie extra-terrestre intelligente.
Peut-être avons-nous d'ailleurs une nouvelle piste à creuser. Ce matin, Héra m'a fait parvenir les derniers relevés de l'Espérance. Une nouvelle séquence de sursaut radio a été détectée. Le point d'origine se situerait à une centaine de mètres sous les tumuli. Mais pour le moment, la seule avancée qu'ait fait l'équipe de Fleming et de Kim ne nous a pas encore permis de percer le mystère du tumulus. A priori, les tâches de lichen brunes représenteraient des structures atomiques qui pourraient constituer un alphabet ou un code qu'il reste encore à déchiffrer.
Mais je m'inquiète néanmoins, car je n'ai pas reçu leur rapport du jour. Je leur laisse encore une heure de délai, après quoi j'enverrai des gens sur place.
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Mission CONTACT (en cours de réécriture)
Science FictionLors d'une mission spatiale sans retour, un groupe de scientifiques arrive sur une planète à la recherche d'une trace de présence extra-terrestre. [Cette nouvelle a été écrite fin 2019, dans le cadre d'un défi d'écriture, avec, pour chaque chapitre...