mission CONTACT - entrée n°7

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Journal de bord du DELS Espérance


L'heure s'est écoulée sans qu'aucune nouvelle ne me parvienne. J'ai donc pris la décision de mener personnellement l'équipe qui se rendrait sur place, dans le but de découvrir les raisons de ce silence radio. Helen Royce était également du voyage, au cas où.


Je n'avais pas refait le trajet depuis ce premier jour sur Edae4. Mais, bien qu'il me semblait aussi étrange que la première fois, je lui trouvais néanmoins un caractère plus serein. De toute évidence, je commençais à m'habituer à ce silencieux royaume de végétation grise.

A travers la canopée, je pouvais voir la silhouette du tumulus grandir lentement à mesure que nous nous en rapprochions. Aucun bruit ne nous parvenait, ni aucune preuve de l'activité qu'il aurait dû y avoir à cette heure-ci de la journée. Et, lorsque nous sommes arrivés à sa hauteur, j'ai pu constater que le camp, qui aurait dû contenir une dizaine de personnes, était entièrement vide. Où étaient-ils donc passés ?


Tout paraissait à sa place dans le campement. Pas de bazar qui aurait pu signer une éventuelle attaque extérieure, pas de traces au sol non plus, pas de mot griffonné à la hâte... C'était comme si tous les membres de l'équipe avaient tout simplement disparus.

Dans ce qui semblait être le poste de travail de Fleming, se trouvait une table jonchée des clichés et des notes qu'avait pris l'archéologue. J'en connaissais déjà la plupart, pour les avoir vu dans ses rapports quotidiens. Toutefois, trônant en haut de cet amas de feuilles, se trouvait un carnet que je ne reconnu pas. Encore un objet qui avait sûrement été passé en douce lors de l'embarquement sur l'Espérance ! Ouvert, j'y reconnus une reproduction des symboles présents sur le tumulus. Mais, sur la page en vis-à-vis, je pu lire une phrase, écrite avec un soin certain. « Avez-vous remarqué à quel point réfléchir, c'est d'abord se souvenir ? » Je ne comprenais pas ce que cela pouvait bien signifier. Fleming avait-il réussi à traduire les symboles ? Ou n'était-ce là que des mots simplement posés sur une feuille, sans autre but qu'exprimer une pensée fugitive ?


Par acquis de conscience, et même si cela paraissait peu probable, j'ai envoyé deux hommes faire le tour des autres tumuli, à la recherche d'éventuels signes ou preuves qui auraient pu nous apporter un début de réponse. Sans surprise, ils ont fait choux blanc.


Pendant ce temps-là, Ewen Abercrombie, également membre de mon équipe, a fait une découverte intéressante. Le côté sud du tumulus avait changé. Le lichen présent dessus s'était densifié, augmentant l'impression de volume de la surface. Plus étonnant encore, je lui trouvais une forme vaguement humanoïde, comme l'empreinte qu'une personne aurait laissé contre un mur, figée dans une position grotesque.

Ewen a voulu voir cela de plus près. Il a posé sa main dessus, et nous sommes restés sans voix devant ce qui a suivi. Autour de sa paume, le lichen a ondulé, comme s'il était traversé par un frisson, puis il s'est écarté, laissant apparaître une surface métallique lisse. C'était incompréhensible, nous avions pourtant mené une étude approfondie sur ce lichen, et rien, absolument rien ne nous a donné à penser qu'il pouvait bouger de cette manière. A croire qu'il était doté d'une conscience...

Mais le plus étrange restait à venir. La main d'Ewen a commencé à s'enfoncer à travers le métal comme s'il n'était pas plus dur que du beurre. Il a poussé un cri et voulu la retirer... sans succès. Je l'ai vu se faire avaler par la structure en quelques secondes. Nous avons regardés, à la fois horrifiés et émerveillés, le lichen reprendre ensuite sa place sur le métal, dessinant une nouvelle silhouette : celle d'Ewen.


Plusieurs minutes se sont écoulées dans le silence le plus absolu. Nous regardions tous le tumulus avec effroi et fascination. Eu égard à mon rôle, j'aurais peut-être dû faire montre de plus de maîtrise, mais la soudaineté de l'acte m'avait prise de court et je me retrouvais muette et momentanément désemparée.


J'en étais encore à essayer d'accepter ce que je venais de voir lorsque le lichen a de nouveau frémit, découvrant une fois de plus la surface métallique. Quelques instants plus tard, nous avons eu la surprise de voir notre timonier réapparaître comme il avait disparu. Un large sourire illuminait ses traits et il semblait en proie à une vive excitation.


Je crois que jamais je ne pourrais oublier ce moment où, fier et impatient, il nous a annoncé avoir trouvé l'entrée d'une ville souterraine.  

Mission CONTACT (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant