Mission CONTACT (en cours de réécriture)

mission CONTACT - entrée n°12

Journal de bord du DELS Espérance

J'ai encore rêvé de Paddy l'autre nuit. Il était un peu plus jeune que dans mon premier rêve. C'était le soir et il me réclamait une histoire. Les murs de sa chambre affichaient des teintes grisâtres et le papier peint était encore plus pourri qu'en réalité. Défraîchi par l'humidité semblait-il, des dessins le recouvrait par endroit : des gribouillages malhabiles fait par une main encore peu habituée à tenir correctement un crayon. Certains m'étaient familiers, d'autres non. A côté de son petit lit, sur sa table de chevet, se trouvait une lampe en forme de globe phosphorescent. La lumière ainsi diffuse faisait jouer la pénombre autour de nous, donnant vie aux formes présentes sur les murs. J'ai raconté à Paddy son histoire favorite, celle du Chat et du Guerrier Ombre, puis je me suis réveillée.

Je ne comprends pas pourquoi je rêve de cet enfant. J'ai l'impression que ce sont les souvenirs de quelqu'un d'autre, et qu'une personne s'est amusée à les mettre dans ma tête. J'ai parfois le sentiment de devenir folle.

Mes maux de tête perdurent eux aussi, et me rendent souvent impatiente avec les autres colons. J'ai tout essayé pour m'en débarrasser, rien n'y a fait. Il n'y a que lorsque je pars me promener que je sens qu'ils s'atténuent. A croire que je deviens allergique aux bruits du camp pour que le calme de la forêt me fasse autant de bien !

Je n'ose parler de tout cela au docteur Clarke, ni même à Helen. Je le devrais sans doute, mais je ne pense pas que cela serait bénéfique pour le camp. En tant que responsable de cette mission et de toutes les personnes qui la composent, il est de mon devoir de veiller à ce que tout fonctionne correctement. Mais, depuis que je suis revenue de la ville et depuis ma rencontre avec l'entité, je sens souvent des regards interrogateurs, voire méfiants, que me lancent certains de mes compagnons. S'ils savaient que je fais ces rêves bizarres, je perdrais leur confiance, j'en ai peur.

La seule personne à laquelle j'ai pu me confier, c'est Tim. Nous nous sommes beaucoup rapprochés ces quelques derniers jours. Bien qu'il désapprouve mon choix de ne rien dire, il en comprend les raisons, et je sais que je peux compter sur sa discrétion.

Avec Fleming qui est toujours porté disparu, l'entité que nous n'avons pas revue, et toutes ces personnes qui sont toujours en pleine confusion, il n'en faudrait pas beaucoup pour que s'instaure un climat de suspicion, si ce n'est un début de panique.

D'autant plus que la situation ne s'est pas améliorée au cours des cinq derniers jours.

Les restrictions d'eau qu'il a fallu imposer n'ont pas été bien reçues par certains des colons. Hier, il a fallu mettre un technicien en isolement. Depuis quelques jours déjà, l'homme faisait preuve de beaucoup d'agressivité à l'encontre des autres personnes du camp, mais rien qui ne justifiait plus qu'un avertissement disciplinaire. Cependant hier, il s'en est physiquement pris à quelqu'un d'autre pour lui prendre sa ration d'eau. Helen a donc procédé à une série d'examens médicaux et a fait une découverte aussi étonnante qu'inquiétante. L'organisme de cet homme absorbe l'eau deux fois plus vite que d'ordinaire. Malgré ses compétences médicales, elle n'a pas encore pu déterminer l'origine de ce phénomène qui pourrait tout aussi bien être lié à un facteur interne qu'externe. A l'heure actuelle, le prognostique vital du technicien n'est pas engagé.

Toutefois il n'en va pas de même pour nos réserves d'eau potable. Si cette tendance se généralise, nous risquons de ne plus pouvoir subvenir efficacement aux besoins du camp.

 Héra sera de nouveau joignable dans sept jours. J'espère que nos réserves tiendront jusque là.