mission CONTACT - entrée n°4

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Journal de bord du DELS Espérance


Il nous a fallu une heure et demie pour arriver sur site.


La navette ayant un nombre limité de places, la sélection pour savoir qui aurait la chance d'être du voyage avait été rude. Mon équipe était donc constituée de cinq personnes (et moi-même), soigneusement triées sur le volet.

Deux techniciens, choisis pour leur robustesse et dont la mission principale était d'assurer la mise en place du campement, avaient endossé le rôle provisoire de gardes du corps. En toute logique, et parce que nous ne savions pas ce qui nous attendait une fois au sol, Helen Royce, notre indispensable médecin et grande spécialiste de la neurochirurgie faisait partie de l'expédition. Était présente également notre biologiste en chef, le Dr. Kim Ha-Neul, qui, malgré sa petite trentaine, avait encore les traits d'une adolescente. Et enfin : Fleming, dont la suffisance apparaissait de plus en plus à mesure que les heures s'écoulaient. Ceci dit, pour cette première expédition, concentré comme il l'était sur « ses » tumuli extraterrestres, on ne l'entendait guère, ce qui, en toute honnêteté, me convenait grandement.


Bien que nous y étions préparés, la première chose qui nous a surpris, lorsqu'enfin nous avons pu sortir du cockpit, fut la difficulté que nous avions à respirer. L'oxygène, moins dense que sur Terre, rendait nos inspirations plus laborieuses. Pendant trois heures, alors que nous installions tentes et laboratoires, il a donc été nécessaire de garder nos casques afin de pouvoir réguler progressivement notre air jusqu'à ce qu'il devienne similaire à celui d'Edae4. Dès notre retour sur l'Espérance, je ferai mettre en place des mesures pour que la transition se fasse de manière rapide et efficace.


Après avoir sécurisé notre base naissante, nous nous sommes mis en chemin vers le plus proche tumulus (nous avons pris la décision de nommer ainsi ces structures pour le moment), empruntant ce qui ressemblait à une piste de petit gibier.


La flore qui nous entourait était pour le moins surprenante. Une couleur légèrement bleutée, presque grise, dominait partout et ornait, sur toute leur hauteur, ce qui ressemblait de prime abord à des troncs d'arbres. En nous approchant, nous avons pu constater qu'il s'agissait en fait d'une sorte de lichen à l'apparence duveteuse. Le docteur Kim en a immédiatement récolté des échantillons.

Devant nous, la piste qui menait aux tumuli paraissait sans fin et, au bout de vingt minutes de marche, cette grisaille était devenue oppressante. Cette marche laborieuse au milieu d'une végétation étrangère était aussi fascinante qu'éreintante.

Très vite, les conversations enthousiastes des premières minutes s'étaient tues pour faire place au bruit de nos pas cadencés. Les uns derrière les autres, nous avancions avec une régularité qui, très vite, a engourdi mon esprit pour le plonger dans des pensées aussi mornes que le paysage qui nous entourait. Le fait d'être ainsi cernée par cette étonnante couleur grisâtre me donnait la bizarre impression d'être en présence d'une bête sauvage et sournoise dont la seule envie serait d'engloutir, petit à petit, tout entrain ou joie de vivre. Je me suis même surprise à bailler plusieurs fois au cours de ce trajet et, encore maintenant, au moment où je rédige ce rapport, je ressens cette même impression d'ennui lorsque je me remémore ces très longues minutes de marche à travers la grisaille.

En marchant au milieu de tout ce gris, je me disais donc que le monde est dévoré par l'ennui. Tout du moins était-ce l'impression qui me dominait dans cette forêt-ci.

Venant accentuer cette sensation bizarre, un autre constat nous a frappé. Il nous a fallu un peu plus de temps pour nous en rendre compte : l'environnement dans lequel nous évoluions était totalement dépourvu du moindre bruit. Pas de chants d'oiseaux, pas de grognements ou autres bruits d'animaux. Hormis le vent qui sifflait,le silence régnait.

Il en fut ainsi jusqu'à notre arrivée au pied du premier tumulus.


Ce dernier ne ressemblait pas du tout aux tumuli de la Vieille Europe que j'avais pu voir dans notre base de données. Immense et parfaitement ronde, la structure dépassait les trente mètres de haut. Son diamètre, calculé d'après nos relevés topographiques, était de soixante-cinq mètres. Sa surface était recouverte du même lichen que les arbres. Il n'y avait aucune entrée visible.

Je n'avais pas besoin de les voir pour savoir que trois autres structures identiques se situaient non loin.

En faisant le tour de l'édifice, nous avons fait la découverte d'une irrégularité. Un changement de teinte, plus brune, qui apparaissait à certains endroits de manière, semblait-il, aléatoire. Fleming a entrepris de prendre tous les clichés nécessaires pour son étude, tandis que le docteur Kim et les techniciens ramassaient un maximum d'échantillons. Une fois que nous aurons suivi tout le protocole établi pour notre sécurité, nous tâcherons de trouver un moyen d'entrer dans le tumulus.


Nous sommes donc retournés au camp pour poursuivre son installation. D'autres navettes ne tarderont pas à nous y rejoindre.  

Mission CONTACT (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant