Journal de bord du DELS Espérance
On aurait presque dit qu'il dormait profondément. A peine arrivé et déjà reparti. J'ai senti mes larmes poindre malgré moi alors que je regardais une dernière fois le petit corps de Paddy, étendu dans son cercueil. Une main s'est glissée dans la mienne, hésitante. J'ai accordé un petit sourire triste à l'adresse de l'adolescent qui se trouvait à mes côtés. Il me pressa un peu plus la main en signe de réconfort.
- C'est injuste qu'il soit parti, dit-il non sans une pointe d'amertume. Il aurait tellement aimé cette vie !
- N'aie pas pitié des morts, Harry aie pitié des vivants et surtout de ceux qui vivent sans amour. Ton frère n'a peut-être pas vécu très longtemps, mais au moins a-t-il eu la chance de le connaître. Il sera toujours en vie d'une certaine manière, tu sais ?
- Pas comme papa.
- Non, pas comme ton père.
- Pourquoi est-ce qu'il a refusé le lien ? Pourquoi est-ce qu'il n'a pas fait comme nous ?
- Parce que c'était son choix Harry, et c'était une décision importante que nul autre que lui ne pouvait prendre.
- Mais c'était stupide, il en est mort !
- C'est ce qui nous attend tous un jour, mon chéri. Cela a juste été plus rapide pour lui. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il nous a abandonné, ou qu'il ne nous aimait plus. Nous sommes toujours là pour nous souvenir de lui, et, tu le sais, les souvenirs sont très importants.
Encore un rêve étrange, même si, depuis le temps, ils me sont devenus familiers.
Cela fera sept ans bientôt que nous sommes arrivés sur cette planète, mais parfois il me semble que c'est hier que nous avons posé le pied sur Edae4 pour la première fois, que désormais nous appelons tout simplement Edae. Nous avons également baptisé notre ville Espérance, en mémoire du vaisseau dont nous n'avons jamais retrouvé la trace. Certains ont supposé que notre I.A. avait probablement connu une défaillance dans son système, et était allée se perdre dans l'espace. Nul n'en saura jamais rien toutefois.
Nous vivons sous terre six mois par an, le temps des grosses chaleurs, puis nous remontons à la surface. Espérance est bien plus qu'un simple abri cependant. C'était notre maison et notre tombeau. Deux autres personnes étaient mortes de cette étrange maladie qui parfois se déclarait suite à l'imprégnation de l'entité. C'était la loterie et nous n'y pouvions rien. Mais aucun de nous, qui étions imprégnés, ne trouvions cela horrible. Car, ce que l'entité nous avait offert était époustouflant.
Les tests qu'avait fait Helen tout au long des dernières années, étaient sans appel. Non seulement l'entité nous aidait à capter les nutriments et l'eau nécessaires à notre survie, non seulement elle nous aidait à mieux supporter le climat extrême d'Edae, mais elle avait aussi une incidence sur le vieillissement cellulaire : elle le ralentissait.
Il m'a fallu des mois pour pouvoir dialoguer efficacement avec l'entité. Le déclic s'est fait presque tout seul, et j'ai su après qu'il avait fallu du temps pour que ma psyché se calibre sur la sienne. Et ce que j'ai découvert alors était au-delà de toutes les théories que j'avais pu élaborer.

VOUS LISEZ
Mission CONTACT (en cours de réécriture)
Bilim KurguLors d'une mission spatiale sans retour, un groupe de scientifiques arrive sur une planète à la recherche d'une trace de présence extra-terrestre. [Cette nouvelle a été écrite fin 2019, dans le cadre d'un défi d'écriture, avec, pour chaque chapitre...