Quatre Saisons

chapitre huit

Liv-Helen

Il était vingt-et-une heures, nous étions assis sur mon canapé à regarder une série que j'aimais particulièrement tout comme Mathieu. J'étais blottis contre lui, un plaid nous recouvrais et ça m'allais parfaitement. J'aimais vraiment être près de lui.

C'était à plus de minuit que nous avions décidés d'aller nous coucher. J'avais encore son pull, j'aimais bien le porter. Il s'allongeait et je le rejoignais, il rabattait la couette sur nous.

- Demain soir, on pourrait aller se faire un vrai restaurant ? proposais-je.
- S'tu veux, ouais.

Je souriais, j'étais contente qu'il accepte car j'avais pensée, durant un court instant, qu'il allait refuser.

- J'aime trop porter tes vêtements, avouais-je, me sentant complètement à l'aise dans son sweat.

Ma remarque le faisait ricaner, et je souriais. J'adorais l'entendre rire, et j'aimais davantage quand c'était moi qui le faisait rire. Il passait son bras autour de ma hanche, nous étions face à face, discutant de chose et d'autre.

- Le week-end prochain Ormaz fait une soirée chez lui, tu viendras ?
- Je ne sais pas encore, je te dirais ça.
- T'as d'autre chose de prévu ?
- Il faut que je vois avec Anna.

Il hochait la tête.

- Ce serait cool que tu viennes.
- Je te manquerai trop ?
- Arrête de prendre la grosse tête.

Sa remarque me faisais rire et il souriait.

- Elie et Anna sont super heureux ensemble, disais-je.
- Toi aussi elle te parle de lui tout le temps ?
- Oui, encore plus qu'avant. Mais j'aime trop.
- Ca fait du bien de le voir aussi heureux.
- Trop, j'avais rarement vu Anna l'être autant.
- Ils se sont bien trouvés.
- Oui, ça fait rêver, avouais-je.

Il semblait surpris par cette révélation.

- Mon dernier copain date du lycée, confiais-je, ça se passait super bien entre nous, on se voyait tout le temps hors des cours, mes parents l'aimaient bien, et c'était pareil de mon côté.
- Pourquoi ça c'est fini ?
- Avec les études. Il avait postulé dans une école dans le Sud parce que ses parents déménageaient et donc on avait décidé de rompre parce que la relation à distance c'était pas envisageable. Et puis, je ne me voyais pas postuler dans des écoles dans le Sud uniquement pour le suivre.
- Vous êtes resté combien de temps ensemble ?
- Sept mois, presque huit.
- C'était ton premier copain ?
- Oui. Je suis contente parce qu'il y en a qui en gardent de mauvais souvenirs et moi ce sont que des bons.
- C'est cool.
- Et toi ?
- J'ai eu quelques amourettes, jamais rien de vraiment sérieux, puis après j'ai enchaîné les coups d'un soir.
- Pourquoi ?
- J'sais pas, j'pense qu'il y avait pas l'envie de se poser.
- Tu es déjà tombé amoureux ?
- J'sais pas, j'ressentais des trucs mais amoureux c'est peut-être trop fort.
- Je vois.

Nous nous taisions durant un moment.

- Tu serais prêt à te mettre avec quelqu'un ?
- Pourquoi, t'es intéressé ?
- Idiot, ricanais-je.
- En vrai, j'pense ouais. Mais faut pas que ce soit compliqué ou quoi, parce que je vais me lasser, j'vais finir par lui faire du mal et j'veux pas de ça.
- Je vois.
- Et toi ?
- T'es intéressé ?
Il ricanait et je souriais.
- Oui, je pense. La solitude commence à peser.

Il hochait la tête. Je jouais avec sa chaîne autour de son cou, il semblait avoir quelques frissons mais j'ignorais si c'était moi qui lui provoquait ou parce qu'il faisait froid.

- Tu veux que j'augmente le chauffage ?
- T'as froid ?
- Tu frissonnes.

Il esquissait un sourire en coin.

- Ton ex le faisait jamais quand tu le touchais ?
- Non, je ne crois pas.
- Ah ouais ?
- C'est gênant de l'avouer mais il n'était pas du tout tactile, m'embrasser ça il le faisait sans aucun soucis, mais me prendre dans ses bras il avait du mal.
- Mais, vous l'avez fait ?
- Je...
- Désolé, ça m'regarde pas.
- T'inquiète pas, c'est toi, ça ne me gêne pas. Mais non, on aurait pu, plus d'une fois, mais il y avait toujours quelque chose qui nous en empêchait, soit ma mère qui entrait, soit la sienne.

Il ricanait tandis que je sentais mes joues chauffer. Je n'avais jamais été à l'aise avec ce genre de sujet.

- Tu penses que ça craint ?
- Nan au contraire.
- Manon disait qu'il serait temps de m'y mettre.
- Ouais mais tes copines elles étaient connes.
- Pas faux.

Je souriais, tandis que je jouais toujours avec sa chaîne, me souvenant du sujet principal.

- Tu n'as pas répondu à ma question, tu veux que j'augmente le chauffage ?
- T'as rien retenu en fait, il ricanait, mais non, laisse.

Je fronçais les sourcils, il saisissait ma main et la posait sur son torse.

- Tu trouves que j'ai froid ?

Son corps était brûlant, je posais alors ma tête, toujours en jouant avec sa chaîne autour de son cou. Sa main se faufilait sous mon pull, et je n'étais pas forcément à l'aise avec ce geste, mais j'avais confiance en Mathieu, je savais qu'il n'allait rien tenter respectueux comme il était, il me poserait la question de s'il pouvait faire quelque chose. Sa main était brûlante, et ça me faisait du bien quand elle entrait en contact avec ma peau froide, ça m'avait donné un frisson et je pouvais le sentir sourire. Mon cœur se mettait à battre plus fort, j'avais l'impression qu'il allait sortir de sa cage. C'était juste une main dans mon dos, et pourtant j'avais l'impression que c'était plus fort que ça.

- Il est trois heures du matin, disais-je, on devrait penser à dormir.
- Grave.

Je me tournais pour éteindre ma lampe de chevet, je claquais un bisou sur sa joue.

- Bonne nuit Mathieu.
- Bonne nuit Liv-Helen.

Je me collais à lui et m'endormais.