5 - RAPHAËL

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Raphaël embrasse une dernière fois Fleur avant de quitter le lycée, un sourire aux lèvres. Il se dirige vers la magnifique Porsche Cayenne de son père, qui l'attend sur le dépose-minute le plus proche. Une chose est sûre : leur couple suscite des jalousies au sein du lycée Sainte-Geneviève. Ils sont beaux, solides, parfaitement assortis.

— T'as passé une bonne journée, fiston ? — demande son père en le voyant monter dans la voiture.

Raphaël hoche la tête, toujours enjoué. Chaque journée passée avec Fleur est forcément une bonne journée.

— Oui, super bonne. Et toi ? — lui retourne-t-il la question.

— Moi aussi, ça va. J'ai beaucoup bossé à la banque, puis j'ai fait quelques courses avant de venir te chercher. — répond son père, les yeux rivés sur la route, un haussement d'épaules désinvolte.

Armand de Guilero, le père de Raphaël, dirige l'antenne française de la banque familiale, une institution implantée dans plusieurs pays. Le grand-père de Raphaël, Hughes de Guilero, avait fondé cet empire économique à partir de rien.

Grâce à cet héritage, Raphaël, ses parents et ses frères n'avaient jamais eu à se plaindre financièrement. Ils vivaient dans le confort, ne manquant de rien. Chacun d'eux travaillait, d'une manière ou d'une autre, au service de Hughes dans l'entreprise familiale.

Quand son père se gare enfin devant leur immense maison, il sort de la voiture le premier, laissant son téléphone sur le siège. Raphaël s'en empare, pensant lui rendre en rentrant. Mais à cet instant, une notification apparaît sur l'écran. Elle provient d'une certaine Béa. Le message est court, mais terriblement explicite : « Ta peau contre la mienne me manque déjà, my love. »

Raphaël sent son cœur s'arrêter un instant. Béa n'est pas le nom de sa mère. Sa mère s'appelle Laurence. Alors, même s'il refuse d'abord d'y croire, tout devient limpide. Le schéma de la famille parfaite, dans lequel il évolue depuis 17 ans, s'effondre en quelques secondes. Son père n'est pas celui qu'il prétend être. Il n'est pas le gentil père de famille stable et fidèle. Il trompe sa mère avec une autre femme. Une certaine Béa.

À cet instant, Raphaël le déteste.

Il repense à ses grands-parents paternels, qui s'étaient séparés pour la même raison : l'infidélité de son grand-père. Hughes s'était non seulement enrichi par des moyens peu légaux, mais il avait aussi trahi sa femme. La grand-mère de Raphaël avait demandé le divorce. Et voilà que l'histoire risquait de se répéter. Raphaël n'avait aucune envie de voir sa famille se déchirer de nouveau.

Devait-il parler à sa mère de ce qu'il venait de découvrir ? Ou devait-il garder ça pour lui ? L'idée de briser sa famille le terrorisait. Il aimait profondément son foyer : son père, sa mère, son petit frère Hugo, et Nathan, son grand frère, qui vivait à Paris pour ses études. Ce serait égoïste, mais il voulait préserver cette unité, même si elle n'était qu'une illusion.

Raphaël sort de la voiture en laissant le téléphone de son père sur le siège du conducteur. Lorsqu'il rentre dans la maison, il croise justement Armand, l'air paniqué.

— Je crois que j'ai perdu mon téléphone ! — s'exclame-t-il, l'inquiétude dans la voix.

— Il est peut-être dans la voiture. — répond calmement Raphaël, feignant l'ignorance.

— J'espère. — marmonne son père, pressé de vérifier.

Raphaël monte dans sa chambre, le cœur lourd. Un poids immense pèse désormais sur ses épaules. Il déteste la position dans laquelle son père l'a mis. Comment un homme qui se prétendait si droit pouvait-il trahir ainsi sa famille, et par conséquent, placer son fils dans cette situation intenable ?

Il ne sait pas à qui en parler. Peut-être à Fleur, ou à Nathan, même si ce dernier est loin. Nathan avait toujours été un soutien pour Raphaël, bien qu'il ne s'entende plus très bien avec leur père et leur grand-père. Contrairement à eux, Nathan ne voulait pas travailler dans le domaine de la banque.

Toujours bouleversé, Raphaël envoie un message à sa petite amie, puis à son frère aîné :

« Mon père trompe ma mère. J'ai vu ça sur son téléphone. J'ai l'impression de vivre dans un mensonge. »

Fleur lui répond presque instantanément :

« Parles-en à Nathan, il saura peut-être quoi te dire. Moi, je suis désolée, je ne sais pas quoi faire dans ce genre de situation. Mais sache que je suis là si tu as besoin de parler... ou de ne pas parler. Et surtout, tu n'y es pour rien. ❤️ »

Ce message, plein de douceur, apaise légèrement Raphaël. Il est toujours perdu, mais la chaleur qui émane des mots de Fleur lui fait du bien, lui donne un peu de réconfort dans cette tempête intérieure.

les étoiles brillent Où les histoires vivent. Découvrez maintenant