les étoiles brillent

28 - DYLAN

Dylan n'avait jamais ressenti un tel besoin de fuir, de s'éloigner de tout ce qui faisait partie de sa vie quotidienne. Les murs de la maison familiale étaient devenus des prisonniers silencieux de son angoisse. Depuis son coming out, l'air était irrespirable chez lui. Ses parents ne lui parlaient plus. Ils l'évitaient, comme s'il n'existait plus.

Sa mère passait à côté de lui sans même un regard, ses repas se faisaient en silence ou seuls, loin du reste de la famille. Son père, lui, ne cachait pas son dégoût. Il s'enfermait dans le travail, trouvant des excuses pour ne pas croiser son fils, prétextant des réunions ou des déplacements à chaque repas familial. C'était la même chose chaque jour, et Dylan sentait son cœur se resserrer un peu plus à chaque seconde.

Fabien, son frère, n'était pas là pour lui. Il aurait peut-être pu l'aider à faire face, mais il avait pris parti pour ses parents. La seule personne qui lui adressait encore quelques mots de temps en temps était Léana, sa petite sœur, mais même elle ne savait pas comment réagir. Elle se contentait de petits sourires, des gestes timides, perdue dans cette situation qui la dépassait.

C'était trop. Dylan avait tout supporté jusqu'ici, mais il ne pouvait plus continuer comme ça. Le poids de leur rejet lui pesait, chaque silence était comme un coup de couteau, et chaque regard évité était une nouvelle blessure. Il avait besoin d'air. Besoin de fuir cet endroit qui ne lui ressemblait plus, qui l'étouffait, et surtout besoin de retrouver celui qui était devenu son ancre dans cette tempête.

Il saisit son téléphone avec détermination et envoya un message à Lucas.

« J'en peux plus. J'ai besoin de m'en aller, de m'éloigner. Je veux passer l'été avec toi. Est-ce que c'est possible ? »

Lucas lui répondit presque immédiatement :

« Bien sûr, viens ! Mes parents t'adorent et tu sais que t'as ta place ici. Viens dès que tu peux, je t'attends. »

Dylan poussa un soupir de soulagement. Ce n'était pas une fuite lâche, c'était une nécessité. Lucas était la seule personne qui pouvait lui offrir ce réconfort dont il avait tant besoin. Là-bas, chez lui, ce serait différent. Il n'aurait pas à justifier qui il était ou qui il aimait. Il n'y aurait que Lucas, ses parents bienveillants, et l'été.

Ce même après-midi, Dylan fit ses valises, mettant dans son sac les quelques affaires qui lui seraient nécessaires pour cet été. Il laissait derrière lui une famille brisée, qui avait choisi de tourner le dos à l'amour qu'il leur offrait pour une identité qu'il n'avait jamais choisie mais pleinement acceptée.

Avant de quitter la maison, il croisa une dernière fois le regard de sa mère. Il espérait, juste pour un instant, qu'elle lui demanderait où il allait, qu'elle lui poserait la question qui brûlait ses lèvres. Mais elle détourna les yeux, comme toujours.

Léana le serra dans ses bras au moment où il sortait.

— Tu vas revenir, hein ? murmura-t-elle, la voix brisée par l'incompréhension.

— Je reviendrai, Léa, mais pas tout de suite. J'ai besoin de m'éloigner. Prends soin de toi, petite sœur.

Elle hocha la tête sans rien ajouter, les larmes aux yeux. Dylan savait qu'elle ne comprenait pas encore tout, mais elle avait un cœur pur. Peut-être qu'un jour, elle se rappellerait qu'il avait toujours été là pour elle, malgré tout.

Lucas l'attendait devant chez lui, les bras grands ouverts, un sourire rassurant aux lèvres.

— Salut, toi. Ça va ? demanda-t-il, comme si tout allait bien, comme si la normalité les attendait.

Dylan se jeta dans ses bras sans un mot. Il n'avait pas besoin de parler. Pas besoin d'expliquer. Lucas savait. Et c'était tout ce qui comptait.

Ils rentrèrent chez Lucas en silence, main dans la main, simplement heureux d'être ensemble. Ses parents les accueillirent comme s'ils étaient des membres de la famille, avec des sourires chaleureux, et sa mère lança :

— Tu sais que tu peux rester autant que tu veux, Dylan. Ici, c'est chez toi.

Ces mots, si simples mais si puissants, réchauffèrent le cœur de Dylan. Ici, il n'était pas un fardeau, pas un intrus. Ici, il était accepté pour qui il était.

L'été s'étendait devant eux, et pour la première fois depuis longtemps, Dylan se sentait enfin en sécurité. Entouré d'amour, dans un endroit où il pouvait être lui-même sans craindre les jugements, il savait que cet été avec Lucas serait une bouffée d'air frais, une échappée qui le réconcilierait, petit à petit, avec lui-même.