18 - DYLAN

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Maman désolé j'vais pas te mentir
C'est dur d'effacer tout se qui m'attire
Un peu dépassé par tout mes désirs
— Hoshi

Les amis de Dylan avaient, à part Raphaël, plutôt bien réagi à son coming out. Lucas, son petit ami, avait souri et avait dit avec un clin d'œil : « Tu vois, je te l'avais dit. » Mais pour Dylan, le plus difficile restait à venir : l'annonce à sa famille.

Sans sa famille, Dylan n'était pas complet, il n'était tout simplement pas lui-même. Il savait que pour avancer, il devait leur parler. Lucas, lui, avait choisi d'écrire une lettre à ses parents, mais Dylan voulait affronter les choses en face. Il préférait affronter les regards, même lourds de jugement, et entendre les paroles, aussi dures soient-elles. Il avait besoin d'honnêteté, de tout poser sur la table, quitte à en payer le prix. Et s'il fallait affronter la tempête pour être libre, alors il le ferait. Il n'avait plus le choix.

Ce soir-là, avant le dîner, il avait donc réuni sa famille dans le salon. Son frère, Fabien, n'était pas là, parti faire ses études à deux heures de route. Ses parents et sa petite sœur, Léana, se sont assis, les yeux tournés vers lui, attendant qu'il parle enfin.

Le cœur battant, Dylan se lance :

— Je me suis senti perdu ces derniers mois, et j'ai pris du temps pour réfléchir à qui je suis. Je vous le dis parce que vous êtes ma famille, vous êtes une partie de moi, tout comme mes amis. Mais... j'ai découvert une autre partie de moi grâce à quelqu'un. Je suis tombé amoureux...

Il voit son père froncer les sourcils, déjà tendu.

— Et ? — demande son père, l'impatience perçant dans sa voix.

— Je n'ai pas envie de vous mentir plus longtemps...

— Et ? — répète son père, le regard de plus en plus insistant.

— Et... je... c'est...

— Oui ? Parle, Dylan !

Dylan inspire profondément, sentant ses mains trembler. Il jette un coup d'œil à sa mère, qui l'observe avec une inquiétude palpable.

— C'est... c'est un garçon.

Un silence glacial envahit la pièce. Sa mère tourne lentement la tête vers son père, choquée. Ce dernier se lève d'un bond, rouge de colère. Dylan sent que le pire arrive.

— Vas dans ta chambre, Léana ! — ordonne son père d'une voix tonitruante.

— Mais... — proteste faiblement la petite sœur.

— Tout de suite !

Léana se lève, visiblement bouleversée, et en passant devant Dylan, elle le serre dans ses bras. Ce geste simple et tendre fait monter encore plus de larmes dans les yeux du garçon, qui coule déjà silencieusement. Il ne s'attendait à rien, mais il aurait tant voulu que ses parents le prennent dans leurs bras, qu'ils le réconfortent.

— Et ta copine de l'année dernière ? — demande sa mère d'une petite voix, comme si elle cherchait désespérément une échappatoire.

— On ne s'aimait pas vraiment. Elle n'a jamais aimé, en fait. Moi si. C'est différent avec Lucas. Moi, je l'aime, et...

— Je ne veux plus entendre ce nom ! — crie son père, hors de lui.

Dylan, la gorge nouée, tente de rester calme.

— Tu ne veux pas que je sois heureux ?

— Pas comme ça ! — hurle son père, son visage déformé par la colère.

— Mais papa...

— Il n'y a pas de « mais », Dylan ! — coupe son père violemment. — Désormais, tu ne prendras plus de repas avec nous. Je ne veux plus te voir à table. Je ne peux même plus te regarder dans les yeux ! Comment tu as pu nous faire ça, à nous qui avons toujours été là pour toi ? Je suis tellement déçu de toi !

Le garçon, les larmes coulant sur ses joues, hoche la tête sans un mot. Son cœur est brisé. Il monte dans sa chambre, submergé par la douleur. Il sait que sa mère, fidèle à son père, prendra aussi son parti. Son frère, Fabien, probablement aussi. Et Léana, privée de libre arbitre, serait tenue à l'écart. À cet instant, Dylan se sent terriblement seul, abandonné par ceux qui comptent le plus pour lui.

Dans sa chambre, il attrape son téléphone et envoie un message à Lucas, la seule personne à qui il peut se confier sans peur.

« Alors b ? » lui écrit Lucas.

« Ça s'est très mal passé. » répond Dylan.

« Merde, je suis désolé. Ça va ? Tu veux qu'on se voie ? »

Dylan hésite, il a juste envie de pleurer dans son lit.

« Non, ça va pas... Mais je vais rester ici et pleurer, c'est tout. Ça ne va pas, mais au moins je t'aime librement. Si mes parents choisissent de ne pas m'accepter, tant pis pour eux. Je ne vais pas me forcer à être quelqu'un d'autre. Je t'aime entièrement, Lucas. »

Lucas ne tarde pas à répondre :

« Moi aussi je t'aime. Si t'as besoin de quoi que ce soit, tu m'appelles, je suis là. Et si tu veux que je vienne, je rapplique direct. Je suis désolé pour toi. Ils ne savent pas ce qu'ils ratent. »

Malgré les larmes qui continuent de couler, un faible sourire se dessine sur le visage de Dylan.

« Merci ❤️ », répond-il simplement.

Il n'était plus rien aux yeux de sa famille, et une partie de lui s'était brisée. Il se demandait si c'était trop difficile pour eux d'accepter qu'il soit enfin heureux, enfin entier.

les étoiles brillent Où les histoires vivent. Découvrez maintenant