les étoiles brillent

15 - FLEUR

Fleur est assise en cercle, entourée de ses amis dans le salon d'Alexander, pour cette fameuse "soirée des vérités". Elle est toujours en froid avec Raphaël depuis ses remarques déplacées sur Dylan. Bien qu'elle sache qu'ils finiront par se réconcilier, elle préfère encore bouder un peu pour lui montrer que son comportement est inacceptable.

— À toi, Fleur. — dit William en lui tendant le bâton de parole.

Elle réfléchit un instant. Que pourrait-elle bien leur dire ? Elle n'a pas vraiment de grand secret à avouer. Le plus gros aurait probablement été ce qu'elle avait vécu avec Christopher, mais ils étaient tous déjà au courant, grâce à Dylan qui avait fini par le raconter au groupe.

— J'ai fait ma première fois avec Raphaël il y a quelques semaines. — finit-elle par avouer.

Personne ne semble surpris. Les réactions sont plutôt calmes, comme si cette confession était attendue. Fleur tourne alors son regard vers Victoria, l'invitant à prendre la parole à son tour. Pour une fois, la brune ne la foudroie pas du regard, mais ses yeux semblent la transpercer, chargés de quelque chose de plus profond.

— Je te supporte pas depuis la première fois que je t'ai vue, Fleur. — commence Victoria, la voix tendue. — Parce que tout tourne toujours autour de toi. Tout le monde ne semble voir que toi, et toi, tu t'en rends même pas compte. Et ça m'énerve. Moi, j'essaie de me rendre intéressante, mais toi, tu l'es naturellement. T'as ce truc qui attire les gens, et moi, non.

Elle dit tout ça d'un trait, sans hésitation, puis se lève brusquement et se dirige vers le jardin pour fumer, sans doute consciente qu'elle vient de révéler une faiblesse qui la percute de plein fouet.

Un silence lourd s'installe dans le cercle. Tout le monde échange des regards, choqués.

— Je pensais qu'elle n'avouerait jamais qu'elle était jalouse de toi. — finit par dire Alice en souriant légèrement à Fleur.

— Je vais fumer, moi aussi. — murmure Fleur, encore sous le coup de ce qu'elle vient d'entendre.

Elle se lève et rejoint Victoria dans le jardin. La nuit est sombre, éclairée seulement par la lumière provenant de l'intérieur de la maison et celle vacillante des cigarettes. Fleur s'assoit à la table de jardin, à côté de Victoria, qui tire déjà sur sa cigarette.

— Tu sais, je n'ai pas envie que le monde tourne autour de moi. Les gens s'intéressent à moi parce qu'ils me trouvent jolie, mais ce n'est pas ce que je veux. — murmure Fleur, brisant doucement le silence.

Victoria secoue la tête, lâchant un nuage de fumée.

— Tu n'es pas que jolie, tu es bien plus que ça.

Le silence revient, profond et pesant. Fleur cherche quoi dire. Victoria est aussi spéciale, intimidante même, mais pour des raisons différentes. Fleur, de son côté, n'a jamais cherché à être au centre de quoi que ce soit, elle n'a jamais voulu être le personnage principal de l'histoire.

— Je suis désolée, Fleur. — finit par dire Victoria, la voix plus douce qu'à l'accoutumée, le regard perdu dans l'obscurité.

— Pourquoi ? — demande Fleur, surprise.

— D'avoir été une garce avec toi. Tu ne mérites pas ça. Personne ne le mérite. — commence Victoria. — Je crois que... être méchante, c'est ma façon de me protéger. Du monde, de mes parents, peut-être même de qui je suis. Je suis désolée d'être juste cette fille gâtée qui utilise son charme pour obtenir ce qu'elle veut. Et je suis désolée de t'avoir fait croire que je te détestais. Ce n'est pas le cas. C'est juste que... je ne sais pas... je crois que j'aimerais être plus comme toi. Il y a quelque chose en toi qui m'intimide. Avant ce soir, je ne m'étais jamais rendue compte à quel point mon comportement pouvait blesser les autres. J'ai réalisé ça quand j'ai vu comment les mots de Raphaël avaient atteint Dylan. Alors, je suis désolée. Je m'excuserai aussi auprès d'Alice et des autres.

Un autre silence s'installe, et après avoir tiré sur sa cigarette, Fleur le rompt.

— Merci. — dit-elle simplement, avant d'ajouter : — Moi non plus, je ne te déteste pas.

Elles restent là, côte à côte dans l'obscurité, un silence complice s'établissant entre elles. Sous la lumière de la lune, les deux filles sourient, invisibles l'une à l'autre, mais conscientes que quelque chose de nouveau est né entre elles.