les étoiles brillent

7 - DYLAN

Alors que Dylan fume devant le lycée, juste après la fin des cours, il voit Victoria s'approcher en sautillant.

— Hey ! Excuse-moi, je t'ai vu fumer de loin. T'aurais pas une clope pour moi ? Promis, je te la rendrai, je tiens toujours mes promesses. — sourit la jolie brune en arrivant.

Dylan ne peut s'empêcher de sourire, se rappelant leur première rencontre en septembre de leur année de seconde.

— Laisse-moi deviner... ton père a trouvé tes clopes, et ton chauffeur t'a déposée en te surveillant, donc t'as pas pu en racheter ?

— Exactement ! — approuve Victoria, un sourire éclatant aux lèvres.

Dylan lui tend une cigarette, et elle l'attrape avec empressement avant de l'allumer, la fumée déjà s'échappant de ses lèvres.

— Merci beaucoup ! Je m'appelle Victoria Bertini, au cas où tu ne te souviendrais plus. — dit-elle en expirant la fumée avec un air théâtral.

— Et qu'est-ce que tu fais à mon arrêt de bus, Victoria ?

— Euh... tu devrais répondre « Dylan Yopas » et faire ton air mystérieux, tu sais, celui qui m'avait fait craquer à l'époque. — Elle sourit malicieusement. — Ceci dit, je suis là parce que mon chauffeur doit venir me chercher ici. Il m'a dit qu'il passerait à l'arrêt de bus... mais bien sûr, je ne compte pas prendre un bus, tu me connais, ce n'est pas pour moi.

— Et il vient en Ferrari, ton chauffeur, du coup ? — demande Dylan, les yeux levés au ciel.

Victoria hoche la tête avec nonchalance, comme si c'était la chose la plus normale au monde. Qu'un chauffeur vienne la chercher en Ferrari devant le lycée Sainte-Geneviève, ça faisait partie de son quotidien.

— D'ailleurs, il faut que je te dise... Je suis en couple. — annonce-t-elle brusquement.

— Quoi ? Mais... avec qui ? — s'étrangle Dylan, étonné, se demandant s'il a bien entendu.

— Avec Aaron. Tu sais, celui qui traîne souvent avec nous. On se tournait autour depuis un moment, et aujourd'hui, il m'a enfin embrassée. Je l'aime bien, je suis contente qu'on soit ensemble.

— Mais... tu n'es pas amoureuse de lui, pas vrai ? — l'interroge Dylan, sceptique.

— Je sais pas. Non, je crois pas... Non. Ou du moins, pas encore. — répond Victoria en fronçant légèrement les sourcils, comme si elle essayait de se convaincre.

— Victoria... tu sais que ça sert à rien de sortir avec quelqu'un que tu n'aimes pas vraiment. Regarde-nous deux, ça n'a pas marché.

— Oui, mais Aaron est différent de toi, Dylan. Notre relation est différente. Les sentiments peuvent venir plus tard, tu sais. On n'est pas obligés d'avoir un coup de foudre. — répond Victoria, haussant les épaules, comme si tout était aussi simple.

Dylan n'est pas convaincu. Pour lui, les sentiments doivent être là dès le début. Avec Victoria, il n'y en avait jamais eu, et leur relation s'était effondrée aussi vite qu'elle avait commencé. Avec Lucas, par contre, ça avait été immédiat. Le coup de foudre. C'était tout ou rien.

— Tu veux qu'on te dépose chez toi avec la Ferrari ? — propose Victoria avec un sourire, changeant brusquement de sujet.

— Non, t'inquiète, ça va. Mon... « chauffeur » arrive justement. — dit-il en désignant le bus qui approche au loin.

Victoria lui sourit.

— Ok. À demain, mon chat. — dit-elle en haussant les épaules avant de se détourner.

— À demain. — répond simplement Dylan, un sourire en coin.

En vérité, il a refusé l'invitation parce qu'il ne rentre pas chez lui. Il va chez Lucas, et pour l'instant, personne ne sait pour leur relation. Ce secret le pèse de plus en plus. Il a l'impression de mener une double vie, de cacher une partie de lui-même à ses amis, une partie essentielle. Il a l'impression qu'ils ne le connaissent plus vraiment.

Lorsque Dylan arrive chez Lucas, ce dernier lui ouvre la porte avec un sourire éclatant et l'embrasse doucement. Les parents de Lucas ne sont pas là, ils travaillent tard à leur maroquinerie.

— Ça va, beau gosse ? — murmure Lucas, ses lèvres toujours proches des siennes.

— Non. — répond Dylan, la voix serrée.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? — demande Lucas, un peu inquiet.

— J'en ai marre de traîner avec eux et de leur mentir tout le temps. Fleur et Raphaël qui se bécotent sans arrêt alors qu'on peut même pas le faire en public... Victoria qui trouve ça normal d'avoir un chauffeur en Ferrari parce qu'elle est lassée de sa Mercedes... Et maintenant, elle sort avec Aaron, sûrement juste pour les apparences parce qu'il est populaire. Alexander est toujours relou, Ander reste dans l'ombre, Mathieu est l'ombre lui-même. Aaron et William s'incrustent partout. La seule personne limite supportable, c'est Alice, et encore... J'adore mes amis, Lucas, vraiment. Mais là, j'ai besoin de m'éloigner. C'est trop dur de tout porter seul. — explose Dylan, les larmes aux yeux.

Lucas hoche la tête et l'attire dans ses bras, le serrant fermement. À cet instant, Dylan se sent apaisé, réconforté par la présence de celui qu'il aime.