24 - FLEUR

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C'était la première fois que Fleur revoyait Christopher depuis leur séparation, depuis qu'elle avait découvert ses mensonges et son trouble de la personnalité. Même s'ils avaient échangé quelques messages sur les réseaux sociaux, rien ne pouvait la préparer à le revoir en face à face, ici, à l'anniversaire de Benjamin. C'était étrange.

Dans le bus qui les emmenait à la maison de la grand-mère de Benjamin, ils s'étaient dit bonjour, mais une gêne persistait entre eux. Raphaël, quant à lui, n'avait pas caché sa jalousie. Pour Fleur, il n'y avait aucune raison d'être jaloux. Christopher faisait partie de son passé, et c'était Raphaël son présent et, elle l'espérait, son futur. Pourtant, tout le monde semblait penser que revoir Christopher était une épreuve pour elle, quelque chose de marquant.

Surtout Raphaël, qui ne la quittait pas d'une semelle depuis le début de la journée, probablement par peur que Christopher ne tente quelque chose, ou simplement parce qu'il savait que son départ pour New York le lendemain matin changerait tout. Ce départ, aussi soudain qu'inattendu, lui brisait le cœur à elle aussi, mais elle ne voulait pas l'admettre.

Tous ceux qu'elle avait aimé semblaient finir par partir. C'était une peur qu'elle avait enfouie, mais qui remontait aujourd'hui. Elle avait accepté de tenter une relation à distance avec Raphaël parce qu'il lui avait promis qu'il reviendrait la voir, qu'il lui enverrait des billets pour venir le voir à New York. Mais, au fond, elle savait que la distance mettrait leur relation à rude épreuve.

Se sentant soudainement froide, Fleur se lève pour sortir de la piscine où elle est en compagnie de Raphaël et d'autres amis.

— Tu vas où, mon cœur ? lui demande Raphaël.

— J'ai froid, je vais me chercher un verre. T'en veux un ?

— Non, je t'attends ici.

En se dirigeant vers le bar, Fleur croise le regard de Christopher, assis de l'autre côté de la piscine. Ils se sourient brièvement. À cet instant, elle se souvient de leur connexion passée, comme si rien n'avait changé, comme s'ils étaient toujours ces deux adolescents inséparables. Mais ce n'est plus le cas. Elle est avec Raphaël maintenant. C'est lui qu'elle aime, non ?

Tandis qu'elle s'approche du bar, Marc, un visage familier mais loin d'être oublié, s'avance à ses côtés. Ils ne se sont pas parlé depuis des mois, peut-être même plus d'un an, depuis qu'elle avait découvert qu'il l'avait manipulée pour un pari. Et maintenant, Alice, sa meilleure amie, semblait être tombée sous son charme...

— Salut, murmure Marc.

— Salut, répond Fleur, un peu surprise.

— Tu me reparles maintenant ?

— Fais pas de mal à ma meilleure amie, s'il te plaît. Si t'es pas sincère avec elle, arrête de lui parler et laisse-la tranquille.

— Je suis sincère avec Alice. Je l'aime bien, vraiment. Mais... c'est pas toi. J'ai toujours regretté de t'avoir perdue.

— Tu m'as manipulée, Marc. J'avais 14 ans, tu te rends compte ? Tu sais même pas à quel point tu m'as blessée, toi et ta bande.

— J'étais immature, Fleur. C'était un pari stupide, je le sais. Mais je me suis attaché à toi, et je suis désolé d'avoir tout gâché.

— C'est trop tard. Je suis avec Raphaël, je suis heureuse comme ça. Et toi, t'as Alice.

— Raphaël, sérieux ? Tu sais bien que ce n'est pas ton âme sœur.

— Et toi non plus, Marc. Désolé de te décevoir.

— Peut-être pas, mais t'as que 16 ans, Fleur. Tu ne l'as peut-être pas encore rencontré, ton âme sœur, ou peut-être que tu le connais déjà... mais c'est pas Raphaël.

— Tu ne sais rien de moi, ni de ce qui est bien pour moi.

— Peut-être, mais toi tu le sais, n'est-ce pas ?

Fleur le fixe, furieuse.

— Écoute, fais pas de mal à Alice, c'est tout ce que je te demande. Elle est très importante pour moi, et si tu lui brises le cœur, je te le ferai regretter.

— On n'est pas ensemble, elle et moi, rétorque Marc.

— Peu importe. Je te fais confiance, ne la trahis pas. Une seule fois de plus, et je t'assure que tu ne t'en remettras pas.

Elle tourne les talons et retourne vers Raphaël, qui l'accueille en l'embrassant et en la prenant dans ses bras.

— Tu vas me manquer, bébé. Notre couple va me manquer, murmure-t-il.

— Toi aussi, tu vas me manquer, répond Fleur doucement.

— Tu veux pas me supplier de rester ? plaisante-t-il à moitié. Je pourrais y réfléchir...

— Non. Ça servirait à rien, Raph. T'as fait ton choix, et c'était le bon. Je te l'ai dit, je comprends que tu aies choisi ton avenir. On va essayer la distance, mais on sait tous les deux que ça va être dur.

Raphaël la regarde, visiblement bouleversé.

— Promets-moi de ne pas te remettre avec lui, lâche-t-il soudain, le regard sombre.

Fleur le fixe, surprise.

— Avec Christopher ? Il vit en Bretagne, Raph. Il ne fait plus partie de ma vie. Toi, tu vas être à New York, et avec les moyens de ta famille, tu pourras revenir bien plus souvent que lui.

Raphaël baisse la tête.

— Je te fais confiance... Je t'aime, Fleur.

C'était la première fois qu'il le disait avec autant de vulnérabilité dans la voix. Ça sonnait presque comme un adieu.

— Moi aussi, je t'aime. Même si parfois t'es vraiment con... comme tout à l'heure, dans le bus, avec Dylan. Tu es allé trop loin.

Raphaël hoche la tête, visiblement conscient de ses erreurs.

— Je sais.

Plus tard, alors que la journée touche à sa fin, la mère de Raphaël arrive pour le ramener. Il fait le tour des invités, leur disant au revoir un à un. À chaque adieu, le cœur de Fleur se fissure un peu plus.

Elle se demande comment elle pourra recoller les morceaux une fois qu'il sera parti.

les étoiles brillent Où les histoires vivent. Découvrez maintenant