35 - ALICE

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Le vent qui soufflait sur le parvis de l'église semblait porter avec lui un poids écrasant, comme si la douleur de cette journée s'infiltrait dans chaque souffle, chaque geste. Alice n'avait pas dormi depuis l'annonce de la mort de Mathieu. C'était un choc qui s'était abattu sur leur groupe avec la brutalité d'une tempête, et personne n'avait su comment y faire face. Aujourd'hui, c'était l'heure des adieux, et cela semblait irréel.

Les visages de ses amis étaient marqués par l'épuisement, par la tristesse, et par cette incompréhension qu'ils partageaient tous. Mathieu, leur Mathieu, n'était plus là, et rien ne semblait pouvoir expliquer ce vide immense qu'il laissait derrière lui.

Alice se tenait près de Marc, sa main glissée dans la sienne. Sa présence à ses côtés la rassurait, mais rien n'allait atténuer la douleur de ce jour. Ils étaient tous la, les amis de Mathieu, tous en noir, figés dans une douleur silencieuse. Il ne manquait qu'une personne : Raphaël. Depuis New York, il n'avait pas pu ou voulu revenir. Et bien que personne ne l'ait dit à voix haute, Alice savait que beaucoup d'entre eux lui en voulaient pour son absence. Elle aussi. Il aurait dû être là.

Le cercueil de Mathieu trônait à l'avant de l'église, entouré de fleurs blanches et jaunes, comme si la lumière et la vie tentaient désespérément de reprendre leurs droits dans cette obscurité. Le silence dans l'église était assourdissant, seulement troublé par des sanglots étouffés, et les chuchotements des invités qui essayaient tant bien que mal de comprendre, de donner un sens à tout cela.

Soudain, une présence capta l'attention d'Alice : Lena. Elle venait de franchir la porte de l'église, venue de l'autre bout de la France, et son visage était ravagé par les larmes et la fatigue. Elle chancela en entrant, comme si ses jambes ne pouvaient plus supporter son propre poids. Elle était effondrée, et en un instant, tout son corps sembla céder sous l'ampleur de sa douleur. Dylan et Lucas, toujours si attentifs, se précipitèrent pour la soutenir et l'amener à un banc.

Les sanglots de Lena résonnaient dans l'église, brisant le silence avec une force déchirante. Elle murmurait des mots, des excuses, des prières, comme si elle espérait que Mathieu l'entende encore quelque part. C'était insupportable à regarder, mais personne ne pouvait détourner les yeux.

Fleur et Alice échangèrent un regard plein de compassion. Elles se levèrent en même temps, rejoignant Lena pour tenter de la réconforter, même si elles savaient qu'aucun mot ne pourrait apaiser sa peine. Fleur s'assit à ses côtés, lui tenant la main tandis qu'Alice l'entourait de ses bras. Victoria observait, debout non loin, offrant un soutien silencieux à Fleur. C'était la première fois depuis longtemps qu'elles étaient toutes ensemble dans un moment aussi chargé d'émotions, unies par la douleur.

Marc, quant à lui, avait les yeux rivés sur l'entrée de l'église. Et c'est là qu'il le vit : Théo Bernet. Son visage se crispa instantanément, ses traits se durcissant sous l'effet d'une colère sourde. Il lâcha la main d'Alice et se leva d'un bond.

— Qu'est-ce que tu fous là ? siffla Marc en s'avançant vers Théo.

Le silence dans l'église devint encore plus oppressant. Tous les regards se tournèrent vers eux. Théo, mal à l'aise, baissa la tête, mais ne fit pas demi-tour. Il était venu, sans doute pour se donner bonne conscience, mais Marc n'était pas prêt à le laisser faire.

— C'est toi qui lui as trouvé cette merde, lança Marc, sa voix vibrante de colère. C'est toi qui l'as aidé à se détruire. Alors non, t'as rien à faire ici. Dégage.

Les yeux de Théo s'écarquillèrent, mais il ne chercha pas à se défendre. Il savait qu'il avait sa part de responsabilité dans cette tragédie. Finalement, il hocha la tête et fit demi-tour sans dire un mot, quittant l'église dans un silence lourd de culpabilité.

Marc retourna auprès d'Alice, qui n'avait pas bougé. Il semblait trembler légèrement, mais sa colère avait pris le dessus sur sa tristesse pour un instant. Alice, quant à elle, comprenait son geste. Elle posa de nouveau sa main dans la sienne, comme pour le ramener à la réalité.

Le prêtre reprit la cérémonie, sa voix résonnant doucement dans l'église, mais Alice ne l'écoutait qu'à moitié. Elle observait ses amis, leur douleur, leur détresse. Fleur restait proche de Lena, ses yeux brillants de larmes refoulées. Victoria était debout à côté d'elles, son visage impassible, mais son regard empli de tendresse envers Fleur. Elle avait changé, Victoria, et ce n'était pas juste à cause de ce jour tragique.

— Je n'arrive toujours pas à y croire, murmura Alexander derrière Alice, les yeux fixés sur le cercueil. C'est tellement... irréel.

Alice hocha doucement la tête, incapable de répondre. Rien dans tout cela ne semblait réel. Rien ne semblait juste.

Lorsque ce fut au tour de la mère de Mathieu de parler, l'émotion se répandit à travers l'église comme une vague. Sa voix tremblait tandis qu'elle tentait de trouver les mots pour décrire son fils, pour lui dire adieu.

— Mathieu... mon fils... tu étais tout pour moi, dit-elle entre deux sanglots. Je sais que tu étais perdu, que tu avais mal... Mais je t'aime, et je t'aimerai toujours.

Ses paroles laissèrent une marque indélébile dans le cœur de chacun.

Enfin, le moment des adieux arriva. Ils s'avancèrent tous, un à un, pour déposer une fleur sur le cercueil. Alice sentit ses jambes trembler lorsqu'elle se leva pour aller poser la sienne. Elle murmura un dernier adieu, sa gorge serrée.

— Je suis désolée, Mathieu, murmura-t-elle. On est tous désolés.

Lena, toujours soutenue par Dylan et Lucas, s'approcha ensuite. Elle était incapable de parler, ses pleurs déformant ses traits. Elle posa une main tremblante sur le cercueil et s'effondra de nouveau en larmes.

— Je t'aime, Mathieu... je t'aime encore, je t'aimerai toujours...

Ces mots, prononcés dans un sanglot déchirant, résonnèrent dans toute l'église. C'était trop, trop dur, trop douloureux.

À l'extérieur de l'église, le soleil semblait briller de manière cruelle, comme si la terre elle-même ignorait le chagrin qui s'était abattu sur eux. Alice regarda le ciel, les larmes brouillant sa vision.

Alice jeta un dernier regard au cercueil avant qu'ils ne partent. Le monde sans Mathieu semblait un peu plus sombre, un peu plus vide.

les étoiles brillent Où les histoires vivent. Découvrez maintenant