les étoiles brillent

29 - FLEUR

Fleur n'avait plus de nouvelles de Raphaël depuis son départ pour New York, il y a maintenant deux semaines. Au début, ils échangeaient quelques messages. Des photos de lui à Manhattan, des appels rapides entre deux cours à Columbia. Mais peu à peu, le silence s'était installé. D'abord, les messages avaient diminué, puis les appels s'étaient faits plus rares. Fleur essayait de ne pas paniquer, mais elle sentait que quelque chose clochait.

Elle le savait, au fond. Ce n'était pas comme si Raphaël avait soudainement changé d'avis sur elle, mais plutôt que leur relation avait été vouée à s'effilocher dès le moment où il avait posé le pied dans cet avion pour New York. Elle se souvenait encore de ses mots avant son départ : "On va y arriver. Je t'aime, Fleur." Mais maintenant, ces mots sonnaient creux. Était-ce seulement possible, l'amour à distance, quand l'autre était à des milliers de kilomètres et qu'il y avait tant de distractions, tant de nouvelles tentations ?

Fleur avait appelé Raphaël plusieurs fois ces derniers jours, mais il ne répondait jamais. Au bout du troisième appel sans réponse, elle s'était résolue à envoyer un message. "Hey, tu fais quoi ? Tu me manques, j'aimerais te parler." Elle l'avait envoyé d'un ton léger, sans pression, mais rien. Aucune réponse.

Ce matin-là, assise sur son lit, elle décida de l'appeler encore une fois. Elle n'arrivait pas à se résoudre à l'idée qu'il l'ignorait délibérément. Peut-être était-il juste occupé, débordé par les cours. Le téléphone sonna longuement, et enfin, quelqu'un décrocha.

— Allô ? demanda une voix féminine, à l'autre bout de la ligne.

Le cœur de Fleur s'arrêta. Ce n'était pas Raphaël. C'était une fille.

— Euh... Je... je peux parler à Raphaël, s'il vous plaît ?balbutia Fleur, la voix tremblante.

— Il est occupé pour le moment, répondit la fille, d'un ton presque nonchalant. Puis, après une brève hésitation, elle ajouta : Je suis désolée, mais tu devrais peut-être savoir que je fréquente Raphaël depuis quelques semaines. Je pense que tu es son ex, non ? Fleur ?

Le monde de Fleur s'écroula autour d'elle en une fraction de seconde. Les mots résonnaient dans sa tête comme un coup de massue. Son ex ? Cette fille... cette fille sortait avec Raphaël ? Depuis son départ ? Comment était-ce possible ? Cela faisait à peine deux semaines qu'il était parti !

— Qui... qui es-tu ? parvint-elle à murmurer.

— Je m'appelle Bree. Désolée de te l'apprendre comme ça, mais tu mérites de savoir. Raphaël ne voulait pas te blesser, je suppose. Mais voilà, c'est mieux de l'apprendre par moi que de continuer à te demander pourquoi il ne te répond pas.

Le téléphone glissa lentement des mains de Fleur, tombant sur ses draps dans un bruit sourd. Elle n'avait même pas la force de raccrocher, son esprit vidé par la douleur qui la frappait de plein fouet. Tout ce qu'elle avait cru, tout ce qu'elle avait construit avec Raphaël, s'était effondré en un instant, réduit à néant par une simple phrase. Elle se sentait trahie, stupide d'y avoir cru, de s'être accrochée à lui alors qu'il l'avait déjà oubliée.

Les larmes ne tardèrent pas à monter. Elle savait qu'elles allaient venir, mais cette fois, elle ne chercha pas à les retenir. Pourquoi aurait-elle dû ? Raphaël était parti, il avait trouvé une autre fille, et elle n'était plus qu'un souvenir, une fille du passé. C'était fini.

Plus tard dans l'après-midi, Fleur retrouva Victoria. Elles s'étaient beaucoup rapprochées ces dernières semaines, et Fleur appréciait vraiment ces moments passés ensemble. Victoria avait changé, elle n'était plus la fille arrogante et méprisante qu'elle semblait être au début de l'année. Elles traînaient souvent ensemble, et malgré tout ce qui se passait dans la vie de Fleur, ces moments avec Victoria étaient une véritable bouffée d'air frais.