25 - RAPHAËL

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Raphaël observait le groupe de ses amis rire autour de la piscine de Benjamin. La journée touchait à sa fin, et une certaine tension flottait dans l'air, même si tout le monde tentait de faire comme si de rien n'était. Il se sentait en décalage, pas vraiment présent, déjà à moitié parti pour New York. Mais ce n'était pas ça qui le pesait le plus. Ce qui l'étouffait vraiment, c'était cette jalousie qui le rongeait depuis le début de la journée, depuis que Christopher était réapparu dans leurs vies.

Le simple fait de le voir jeter des regards à Fleur toute la journée lui avait donné envie de tout casser. Raphaël avait l'impression que, malgré tout, il n'arriverait jamais à réellement s'éloigner de ce gars. Il était toujours là, dans un coin de l'esprit de Fleur. Et ça le rendait malade.

Assis à l'écart du groupe, Raphaël broyait du noir. Le poids de la journée, de son départ imminent, et de sa jalousie l'écrasait. Il ne savait pas comment gérer tout ça. Peut-être que partir était la solution, peut-être que mettre des milliers de kilomètres entre lui et ses problèmes résoudrait tout. Mais avant de partir, il y avait quelque chose qu'il devait faire.

C'est à ce moment-là que Dylan s'approcha de lui, sans doute attiré par le silence lourd qui entourait Raphaël.

— Qu'est-ce que tu fais tout seul, mec ? demanda Dylan en s'asseyant à côté de lui.

Raphaël tourna la tête vers Dylan. Pendant des mois, il avait été un vrai salaud avec lui. Il avait balancé des horreurs sur son orientation, sur son couple avec Lucas. Et même ce matin, dans le bus, il n'avait pas pu s'empêcher d'en rajouter. Il se haïssait pour ça. Il ne savait pas pourquoi il agissait ainsi, pourquoi il était si dur. Peut-être parce qu'il avait peur. Peur de tout ce qui changeait autour de lui, peur de ce qu'il ne comprenait pas. Peur d'être laissé derrière. Mais il savait qu'il devait faire face à tout ça avant de partir.

— Je... je réfléchis, répondit Raphaël, mal à l'aise.

Un silence s'installa entre eux. Dylan ne dit rien, attendant que Raphaël trouve les mots. C'était étrange de parler à Dylan comme ça, après tout ce qu'il lui avait fait subir. Mais justement, c'était pour ça qu'il devait le faire. S'il partait demain sans s'excuser, il ne se le pardonnerait jamais.

— Écoute... Dylan, je... je suis vraiment désolé, mec. Pour tout ce que je t'ai dit. Toutes les remarques de merde, les insultes, les piques. Je sais que je t'ai fait du mal, et je m'en veux. Je sais pas pourquoi j'ai été aussi con... Enfin si, je sais, c'est parce que j'étais jaloux. Pas de toi, mais de la façon dont tu as réussi à être toi-même, à assumer qui tu es. Moi, je suis incapable de faire ça. Je suis jaloux parce que t'as Lucas, quelqu'un qui t'aime vraiment. Et moi, j'ai l'impression que je vais perdre Fleur. Et... je suis désolé. Vraiment. T'as pas mérité tout ça.

Raphaël baissa la tête, honteux. C'était la première fois qu'il s'ouvrait de la sorte, qu'il admettait ses torts avec autant de sincérité. Il s'attendait à ce que Dylan le rejette, qu'il lui dise que c'était trop tard pour s'excuser après tout ce qu'il avait dit et fait.

Mais à sa grande surprise, Dylan posa une main sur son épaule et lui sourit.

— Mec... je t'en veux pas, tu sais. On fait tous des erreurs. Ce qui compte, c'est que t'arrives à te rendre compte de ça et à t'excuser. Et puis... je comprends. T'es pas le seul à être paumé, Raph. On l'est tous à notre façon. Mais t'as encore le temps de changer, de t'ouvrir. J'te pardonne, sincèrement. Et j'espère que New York te fera du bien. T'as besoin de prendre du recul sur tout ça.

Raphaël hocha la tête, un peu ému. Il ne s'était pas attendu à ce que Dylan le pardonne si facilement. Il se sentait plus léger, comme si un poids immense venait de quitter ses épaules.

— Merci, Dylan. J'aurais dû être un meilleur ami pour toi. J'aurais dû... être là au lieu de te descendre tout le temps.

— Eh, c'est du passé, répondit Dylan en lui souriant. Maintenant, concentre-toi sur ce qui vient. Sur New York. T'as une opportunité de ouf là-bas, saisis-la. Mais n'oublie pas qu'on est toujours là, nous aussi. On sera toujours là, même à des milliers de kilomètres.

Raphaël esquissa un sourire, reconnaissant. Il allait partir, oui, mais il partait en sachant qu'il n'était pas seul. Qu'il avait encore des amis ici, des personnes qui comptaient sur lui, qui l'attendraient.

Alors que la soirée touchait à sa fin, la mère de Raphaël se gara devant la maison de Benjamin. Elle était venue le chercher pour l'emmener à l'aéroport. C'était l'heure des adieux.

Raphaël se leva, ses jambes un peu tremblantes. Il n'était pas prêt à partir, pas prêt à dire au revoir, mais il n'avait plus le choix. Il s'avança vers le groupe, le cœur lourd.

— Bon... c'est l'heure, annonça-t-il en essayant de cacher son émotion.

Tous les regards se tournèrent vers lui. Fleur, les larmes aux yeux, s'approcha en première. Elle ne disait rien, mais son regard en disait long. Elle lui sauta dans les bras et il la serra fort contre lui.

— On va réussir, hein ? murmura-t-elle contre son épaule.

— Ouais, on va réussir. Je te le promets, répondit-il d'une voix cassée.

Fleur s'écarta, essuyant une larme du coin de l'œil, et laissa la place aux autres. Alexander fut le premier à s'approcher, un sourire triste aux lèvres.

— Tu vas nous manquer, Raph, dit-il simplement en le serrant dans ses bras.

— Vous aussi, les gars. On se reverra, j'vous jure.

William, Lucas, Victoria, Ander... Tous vinrent tour à tour lui dire au revoir, des adieux sincères, parfois silencieux, mais toujours empreints de cette amitié qui les liait depuis tant d'années.

Enfin, ce fut au tour de Dylan. Ils se regardèrent un instant, puis Dylan esquissa un sourire.

— Bon voyage, Raph. Profite bien de New York. Et... prends soin de toi.

Raphaël hocha la tête, ému. Ils se prirent dans les bras, un geste simple mais chargé de sens. Raphaël s'éloigna ensuite vers la voiture de sa mère, jetant un dernier regard à ses amis. C'était fini. Il partait.

— À bientôt, les gars, lança-t-il en montant dans la voiture.

La portière se referma, et alors que la voiture s'éloignait de la maison de Benjamin, Raphaël se laissa aller contre le siège, son cœur serré. Il partait pour une nouvelle vie, une nouvelle aventure. Mais il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il laissait derrière lui.

Le regard de Fleur, les adieux de ses amis, tout cela flottait encore dans son esprit alors qu'il s'éloignait, prêt à affronter l'inconnu.

les étoiles brillent Où les histoires vivent. Découvrez maintenant