21 - RAPHAËL

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Après avoir découvert au lycée qu'il était admis à l'examen du baccalauréat, Raphaël avait également appris en consultant le site des résultats qu'il avait obtenu la mention bien. Anna, la grande sœur de Fleur, avait même décroché une mention très bien.

Il était fier de lui, fier de tout ce qu'il avait accompli cette année, aussi bien sur le plan scolaire que social. Le travail acharné qu'il avait fourni avait finalement payé, et il avait atteint un résultat plus que convenable.

Son père l'avait félicité à plusieurs reprises alors qu'ils rentraient chez eux. Une fois garé devant leur maison, son père coupa le moteur et tourna la tête vers lui, un air plus sérieux sur le visage. Leur relation n'était plus la même depuis que Raphaël avait découvert l'infidélité de son père. Le garçon l'avait confronté, exprimant sa déception, et depuis, il y avait une tension palpable entre eux.

— Raph, il faut que je te dise quelque chose, commence son père d'une voix grave.

— Quoi ? Répond Raphaël, déjà lassé, impatient de sortir de la voiture et de célébrer sa réussite avec sa mère.

— Ton grand-père m'a proposé un poste avec une grande promotion à la clé, poursuit son père.

— D'accord, et ?

— Mais... c'est loin, ajoute son père après une brève pause.

Raphaël relève la tête, surpris par la tournure inattendue de la conversation.

— Loin comment ? demande-t-il, une pointe d'inquiétude dans la voix.

— C'est à New York, finit par avouer son père, presque à contre-cœur.

New York. Le choc frappe Raphaël de plein fouet. Il tente de comprendre l'ampleur de ce que cela signifie. Un autre continent, une autre vie. Tout ce qu'il connaissait, tout ce qu'il avait construit ici, serait à des milliers de kilomètres.

— Quoi ? Mais, papa, tu veux carrément qu'on déménage aux États-Unis ? s'étrangle-t-il.

— C'est un poste important, Raph. Un de ceux que l'on ne refuse pas. On aurait un appartement dans l'un de nos immeubles là-bas, avec un rooftop, une piscine, tout ce qu'il faut.

Raphaël est assommé par les mots. Un appartement à New York... C'était si loin de tout ce qu'il connaissait. Comment pourrait-il tout quitter ?

— Écoute, tu viens d'avoir ton bac, tu es presque majeur. Tu pourrais rester ici, mais... ton grand-père t'a décroché une place à Columbia. C'est une chance en or, tu pourrais même avoir ton propre appartement là-bas.

Columbia. L'une des universités les plus prestigieuses du monde. Bien sûr, Raphaël savait que son grand-père avait probablement facilité son admission, mais c'était tout de même une opportunité incroyable, bien au-dessus de toutes les autres options qu'il avait en France.

— Mais tu veux que je laisse tout ici ? Ma copine, mes amis, le foot ? demanda Raphaël, la voix brisée, pensant à tout ce qui l'attachait à cette ville, à cette vie.

— Raphaël... tu te feras de nouveaux amis là-bas. Et quant à Fleur... C'est une fille gentille, mais elle est jeune. Tu rencontreras sûrement quelqu'un d'autre, quelqu'un qui te correspond mieux. Là-bas, tu auras des contacts, ton grand-père te présentera les bonnes personnes. Ce qui t'attend à New York, c'est bien plus prometteur que tout ce que tu pourrais espérer ici. Tu pourras accomplir des choses bien plus grandes.

Raphaël reste silencieux, ses pensées tourbillonnant dans sa tête. Si avec Fleur les choses avaient été fortes, son père n'avait peut-être pas tout à fait tort. Il savait que leur relation n'était pas faite pour durer éternellement. Ils n'étaient encore que des adolescents, et la vie leur réservait sans doute d'autres chemins, d'autres rencontres.

Pourtant, tout abandonner maintenant lui paraissait insurmontable. Il avait enfin trouvé un équilibre ici, des amis précieux, un amour avec Fleur, même si c'était parfois compliqué. Partir à New York, c'était lâcher tout cela pour l'inconnu. Mais à quoi bon rester si une opportunité en or l'attendait ailleurs ?

— Je pense que c'est une chance pour toute la famille, reprend son père. C'est le moment de repartir sur de nouvelles bases, de donner un nouveau départ à tout le monde.

Raphaël inspire profondément, essayant de se convaincre.

— Tu as sans doute raison, papa. J'aime ma vie ici, mais je dois aussi penser à mon avenir. Et mon avenir sera sûrement plus brillant à New York, à Columbia.

— Tu le penses vraiment ? demande son père, visiblement surpris par la réponse.

Raphaël hoche la tête, mais au fond de lui, il sent un vide s'installer. Il allait devoir tout laisser derrière lui : son club de foot, ses amis comme Alexander et Damon, et surtout Fleur. Après Christopher, c'était maintenant à son tour de la quitter.

Il sait que c'est la meilleure décision pour son avenir. Mais chaque décision, même la bonne, a un prix.

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