25 | 'SESSION'

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Les bras croisés, la tête tournée vers la fenêtre, les sourcils froncés, faisant la moue, Kyle était complètement renfrogné et refusait de détourner le regard des arbres qui défilaient rapidement devant ses yeux. Le grondement de la voiture était le seul son continu qui cassait le silence de plomb.

Kyle ... soupira sa psychologue en lui jetant un coup d'œil concerné avant de rediriger son attention vers la route.

Non.

— Kyle je ne comprends pas pourquoi tu t'énerves.

— Carla, je crois que tu ne comprends pas que tu ne peux pas juste venir devant tous mes amis me dire que ça va aller ! Je n'ai pas envie qu'ils sachent que je vois une psy ! explosa l'adolescent en tournant son regard vers la jeune femme.

Carla, une latino-américain d'un peu plus de 25 ans. Sa psychologue depuis environ deux semaines. Usuellement, Kyle aimait bien lui parler. Tout autour d'elle, il y avait comme une ambiance chaleureuse, chaude et conviviale. Elle avait une aura rassurante. Kyle aimait bien Carla. Au premier abord, elle lui avait fait un peu peur. Elle était quand même plutôt stricte. Mais en une semaine seulement, il avait appris à la connaître, et pour être honnête, il aurait même pu la considérer comme sa deuxième mère. Elle était vraiment importante à ses yeux, après tout, elle était sa psychologue.

Certains auraient pu penser qu'il aurait eu du mal à s'ouvrir à quelqu'un qu'il ne connaissait pas et qui prétendait être là pour l'aider. Et bien habituellement, il n'aurait pas pipé un mot. Seulement Carla était différente. Elle inspirait la confiance.

Kyle, ce n'est pas grave. Je pense que tes amis s'en fichent de savoir si tu vois une psychologue ou non. Je pense même que ça les inquiète moins de savoir que tu as quelqu'un qui essaye de t'aider.

— Pfff. Les gens de ma classe vont sûrement se ficher de moi.

Soudainement, Carla fit piler la voiture, en plein milieu de la route, et le rouquin poussa un cri de surprise, effrayé le temps d'un instant. Sa psychologue se gara sur le bas côté, stoppa la voiture et le regarda froidement dans les yeux, les mains tenant toujours fermement le volant.

Si des gens se moquent d'un garçon comme toi, tu peux aller porter plainte Kyle.

— J'ai déjà assez de soucis comme ça pour daigner leur montrer que ce qu'ils disent me touche.

Alors pourquoi ça te dérange tant que ça que je vienne te chercher au lycée ? Si tu t'en fiches de leur avis, quel est le problème, tu peux me dire ?

Kyle se mordit la lèvre inférieure et baissa la tête doucement.

Je veux pas qu'ils pensent que je suis faible ...

Carla soupira bruyamment, l'air soudainement franchement concernée.

Tu n'es pas faible Kyle. Si tu étais faible, tu aurais craqué il y a des mois de ça. Seulement tu t'es battu.

— Je ne me suis pas battu c'est ma professeure de français qui a appelé les services sociaux !

Tu aurais très bien te suicider avant même que ça n'arrive. C'est arrivé tu sais. J'avais une patiente un peu plus jeune que toi, il y a quelques mois. Elle se faisait harceler au collège. Et tu sais quoi ? À peine un mois après que j'ai commencé à essayer de lui parler. Après un mois seulement où j'ai essayé de l'aider à se battre, de l'aider à ignorer leurs commentaires, elle s'est pendue. À quatorze ans. Ça m'a hantée. Ça me hante toujours d'ailleurs. Et puis tu es arrivé. À peine un mois après que ça soit arrivé. Et je sais remarquer une personne forte quand j'en recontre une. Alors Kyle, tu vas te battre contre tes pensées négatives. Parceque pour un petit bonhomme, je trouve que tu es loin d'être faible. Je trouve même que rester courageux et droit après tout ce que tu as vécu, c'est incroyable, d'accord ? Alors tu vas me faire le plaisir d'aller mieux. Tu vas me faire le plaisir d'accepter tes cicatrices. Ce n'est pas une faiblesse, c'est une blessure de guerre. Tu es fort p'tit gars.

Mensonges [South Park]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant