Chapitre 5

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Deux semaines sont passées. Les parents des garçons se sont envolés pour le Japon dans les pleurs et les embrassades, sans vraiment savoir quand ils pourront se revoir. Trouver un moment adéquat dans l'agenda de chacun risque de s'avérer compliqué.

Les deux frères ont stocké leurs affaires dans le local dédié, demain matin ils donnent les clés de la maison à l'agence et font leurs adieux à la maison qui les a vu grandir plusieurs années, surtout Eishun qui a toujours vécu ici. Demain soir, ils dormiront à l'hôtel et après-demain, ils pourront s'installer à leur appartement.

Enfin, normalement.

Le téléphone sonne et Haneki décroche. Eishun l'observe, son visage se décompose au fil de la conversation et il semble complètement paniqué. Une fois l'appareil reposé, il attend patiemment que son frère lui explique la situation, celui-ci paraît sous le choc.

« Ils fixaient les derniers plafonniers aujourd'hui dans les appartements mais une poutre entière s'est effondrée sur trois ouvriers, dans une chambre collée à notre appartement. L'un d'eux est dans un état préoccupant à l'hôpital, il va y avoir une enquête pour savoir comment s'est arrivé et on ne peut pas emménager tant que tout n'a pas été résolu et que l'immeuble n'est pas déclaré sécurisé.

- C'est une blague ?

- Non, pas du tout, c'est très sérieux. On doit trouver une solution de logement au plus vite.

- J'appelle les parents. »

Après plusieurs heures au téléphone, le verdict tombe. Il n'y a pas d'autres possibilités que l'hôtel mais la note va être dure à encaisser, les assurances ne pourront pas tout payer car l'enquête risque de durer un long moment. Eishun déprime, suspendu au téléphone avec Akiko qui tente de le rassurer. Haneki débat du problème avec le trio dans leur tchat.

Dans l'appartement, tout le monde s'inquiète pour eux.

« Prévenir l'avant-veille qu'ils ne peuvent plus emménager, je ne savais même pas que c'était possible.

- C'est un accident, personne n'aurait pu le prévenir.

- Vous ne croyez pas qu'on pourrait les accueillir, il y a une pièce qu'on n'utilise pas, on pourrait peut-être la débarrasser.

- Il y en a pour des heures...Et elle ne fait que sept mètres carrés, à deux, c'est la mort.

- Mais on ne peut pas les laisser comme ça, les hôtels aux alentours sont tous hors de prix. S'ils doivent s'installer loin, ils vont vite s'épuiser et on ne sait pas combien de temps cela va durer.

- Je suppose qu'on peut débarrasser la pièce en plus. Elle est remplie d'anciennes affaires à ton frère et ses coloc', c'est ça ? interroge Naël, vers Charline, la propriétaire de l'appartement.

- Oui, mon frère et ses potes étaient en faculté de médecine et artistes en plus alors je n'imagine même pas le mélange et le bazar.

- Tu accepterais que Eishun vienne ici, Naël ?

- Bien sûr, après tout, je l'aime beaucoup... Evidemment ce serait gênant mais je n'ai aucune envie qu'il finisse à la rue enfin, vous m'avez comprises.

Les filles sourient devant sa gêne.

- On pourrait donc les accueillir mais sept mètres, c'est trop juste.

- J'ai la plus grande chambre, je leur laisserai et je dormirai dans le débarras. C'est bon, proposez l'idée à Haneki. »

Charline s'apprête à répliquer mais Arianne lui fait signe de se taire, c'est la meilleure solution. Ils ne vont pas laisser leurs amis galérer s'ils peuvent les aider, ils s'en voudraient durant des mois. Charline appelle Haneki.

« Oui, allô ? s'étonne le jeune homme.

- Met sur haut-parleur, que Eishun entende.

On entend un brouillage et Haneki appelle son frère.

- C'est fait, on vous écoute.

- En fait, l'appartement qu'on occupe m'appartient légalement donc je peux le gérer comme j'en ai envie. On a une pièce en plus, elle est encombrée par le bazar de mon frère et ses anciens colocataires mais on peut la débarrasser et comme ça, on vous accueille.

- On ne peut s'imposer comme ça.

- Oh que si et vous allez le faire.

- La pièce ne fait que sept mètres carrés mais c'est Naël qui l'occupera, il vous laisse sa chambre.

- Naël est d'accord avec ça ? s'étonne la voix d'Eishun, au loin.

- C'est lui qui a proposé.

- On ne va pas lui piquer sa chambre !

- Pour ça, vous verrez une fois-là. Ce qui est sûr, c'est qu'on a assez de place pour tout le monde alors venez.

- On ne risque pas d'être à l'étroit ?

- Roh, vous êtes des petits vieux ou quoi ? On est jeunes, on s'en fiche, vous irez vous promener si ça devient irrespirable. Essayez, au moins ! Si cela devient invivable, libre à vous de retourner à l'hôtel.

- Je ne sais pas...

- Aller, Haneki ! insiste la jeune fille.

- Je suis d'accord, affirme Eishun.

- 'Shun !

- Quoi ? On payera les courses pour compenser, on ne peut pas se permettre de ruiner nos parents avec l'hôtel.

Il y a un grand silence et on entend Haneki soupirer longuement. Il se masse les tempes, tentant de réfléchir à une meilleure solution, sans succès.

- Bon, très bien mais faite nous le savoir si ça dérange.

- Mais non ! Demain, venez à l'appartement pour nous aider à débarrasser la pièce, c'est la seule condition. Je vous envoie l'adresse, bisous. »

Charline raccroche aussitôt, ne voulant pas leur laisser le temps de changer d'avis et leur envoie l'adresse par message. Elle fait un pouce en l'air victorieux à ses colocataires et ils reprennent leurs activités comme si de rien n'était, soulagés d'avoir pu aider leurs amis.

Les doigts de Naël tremblent sur le clavier et son cœur tambourine. Va-t-il vraiment vivre avec Eishun ? Il a l'impression de vivre à la fois un rêve et un cauchemar. Le rêve de partager son lieu de vie avec celui qu'il aime et la peur qu'Eishun le repousse encore et encore durant cette période, brisant un peu plus son cœur. 

Fierté de garçonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant