Fierté de garçons

Chapitre 18

Habituellement, c'est Haneki qui réveille Eishun le matin et celui-ci est souvent le dernier à rejoindre la table. Ce matin-là, Charline demande au jumeau de patienter et raconte l'histoire de la veille à ses deux amis qui en restent stupéfiés.

« Il a vraiment fait ça ?

- Je ne comprends plus rien...

- Moi non plus.

Confus, ils restent quelques temps à se dévisager sans rien dire.

- Franchement, j'abandonne pour Eishun. Il a dépassé la limite, je souhaite que Naël se mette avec Arthur, qui prendra soin de lui et oublie 'Shun. Je veux le mieux pour mon meilleur ami, annonce Arianne.

- Je suis de ton côté, renchérit Charline encore hantée par le visage attristé de Naël, la veille.

- Je ne peux pas laisser tomber mon frère comme ça mais il a intérêt à avoir une excuse solide, déplore Haneki, déchiré entre les deux parties.

- Est-ce que tu me laisserais aller le réveiller ? Après avoir vu Naë' dans un état pareil hier, j'ai envie de me venger, exige Charline.

- Que veux-tu faire ?

- Juste renverser un verre d'eau...Je ne suis pas assez méchante pour faire autre chose.

Haneki fait un petit sourire, il s'attendait à bien pire.

- Alors que dites-vous de trois verres d'eau versés en simultanés ? propose-t-il.

- Je valide l'idée ! »

Ils sortent donc trois grands verres du placard et les remplissent à ras bord d'eau bien fraîche. Ils se dirigent ensuite vers la chambre le plus silencieusement possible et ouvre doucement la porte. La lumière laisse juste apercevoir le visage endormi du jeune homme dépassant des couvertures. Ils s'avancent à pas de loup jusqu'à lui, échangent un regard complice et Charline compte jusqu'à trois avec ses doigts. Ils renversent l'eau brutalement et Haneki allume la lumière dans le même élan.

Eishun pousse un cri de surprise et se redresse, furieux.

« C'est quoi votre problème ?!

- Oh, c'est plutôt toi qui as un problème, mon coco, raille Arianne.

- Comment ça ?!

Charline prend une grande inspiration et s'avance d'un coup vers lui, le faisant sursauter en arrière. Elle lève la main mais se stoppe dans son geste et se tourne vers Haneki.

- Je peux le baffer ? Juste une fois, promis.

- Il le mérite mais non, ne le fais pas, s'il-te-plaît, soupire son frère sans même daigner regarder son jumeau.

Eishun semble enfin retrouver son calme et ses esprits. Il comprend qu'ils sont déjà au courant de ce qu'il s'est passé la veille. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, avant de la refermer, il n'a pas d'excuses.

- Allons manger, je ne veux pas être en retard, conclu Charline. »

Ils quittent toute la pièce. Que ce soit durant le repas ou le trajet, personne n'adresse un mot à Eishun et il devine qu'ils ne lui parleront pas tant qu'il ne se sera pas expliqué. Ils arrivent devant l'université et s'attrapent à se séparer mais Eishun a le cœur trop lourd et ne se sent pas capable de continuer comme ça.

« Attendez.

Ils se retournent sans rien dire, comme s'ils espéraient qu'il les retienne.

- Hm ? encourage Haneki devant le mutisme de son frère.