Fierté de garçons

Chapitre 14

Lorsque le garçon entend la porte de la chambre s'entrouvrir, il s'enfouit plus profondément dans les coussins pour tenter de camoufler ses pleurs, action vaine. Naël s'approche, grimpe sur le lit, s'allonge à côté de son ami et lui frotte doucement le dos, il dessine de petits ronds apaisants. Ils restent comme ça de longues minutes, avant que les pleurs de Eishun ne tarissent enfin, il se retourne vers la personne qui l'a consolé. Il a reconnu Naël dès le toucher mais il veut en être certain. Comment pourrait-il mériter quelqu'un qui réconforte son bourreau ?

« Désolé, geint-il, les yeux dans les yeux.

Naël détourne le regard, gêné, il ne s'attendait pas à ça.

- Hm, pas grave.

Eishun se redresse complètement et s'assoit face à Naël.

- Vraiment, je m'excuse pour tout.

- Arrête ça ne te ressemble pas, puis, nous n'avons pas été sympas avec toi non plus.

- Mais je t'ai fait beaucoup de mal, reconnaît-il avec la voix enrouée.

- Ce n'est pas grave.

Il soupire devant l'obstination du garçon.

- Je vais essayer de me rattraper, je vais changer, tout changer.

- Tu as besoin d'améliorer certains points, c'est vrai, mais tu n'as pas besoin de te changer toi. Je veux que tu restes toi-même.

Naël fixe un point invisible loin derrière Eishun en parlant, incapable de le regarder dans les yeux. Son ami n'est pas mieux, il regarde ses jambes et ne se contente de relever la tête que pour de petits moments brefs.

- Merci.

- Il n'y a pas de raison que tu me remercies.

Il y a un silence, puis Eishun se redresse sur ses genoux et s'approche doucement de Naël qui ouvre de grands yeux paniqués. Il s'arrête, pose sa tête dans le creux de son cou et passe ses bras autour de ses épaules, il serre fort, comme s'il évacuait tout à travers cette étreinte. Naël reste pantois, incapable de réagir.

- S'il-te-plaît, fais-moi un câlin, juste cette fois, implore Eishun d'une voix méconnaissable.

Les yeux remplis de larmes, Naël opine et passe ses mains autour de sa taille, il s'enfouit dans son cou, humant l'odeur de celui qu'il aime.

- Tout va bien Ei', personne ne t'en veut, affirme-t-il en chuchotant. »

Ils restent dans les bras de l'autre une grosse demi-heure avant que quelqu'un ne toque timidement à la porte. Ils s'écartent doucement, sans se regarder, et se lèvent. Leurs amis doivent être morts d'inquiétude. Eishun inspire un grand coup, il ne se sent pas capable de les affronter. Pas comme ça, les yeux rougis et gonflés. Naël lève les yeux sur lui alors qu'il s'apprête à ouvrir la porte et se résigne.

« Attrape mon sweat vert, il a une grande capuche et file à la douche, je vais préparer le repas.

Il appuie sur la poignée, sort et ferme derrière lui sans plus de commentaires. Dans la pièce de vie, tous les regards expriment l'inquiétude.

- Tout va bien ?

- Oui, c'est réglé. Je vais préparer le repas pendant que Ei' se douche, vous voulez manger quoi ?

Devant le ton rassurant, bien qu'évasif, du garçon, tout le monde reprend une bouffée d'air. Ils se détendent un peu, il vaut mieux laisser passer.

- Comme tu veux, chef ! s'exclame Arianne en reprenant son entrain habituel.

- Je vais t'aider, sourit Haneki à son tour. »