Chapitre 25

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Le lendemain matin, Naël ouvre les yeux à quelques centimètres de ceux de Eishun. Son bras chaud est toujours enroulé autour de lui et leurs deux corps sont collés, leurs jambes nues entremêlées sans couverture pour les cacher, celle-ci est tombée au sol durant la nuit. Il observe le visage du jeune homme.

Eishun finit par ouvrir les yeux et Naël s'empresse de fermer les siens.

« Cramé, raille le jeune homme avec un sourire.

- Hm, maugrée Naël.

Eishun se resserre contre le corps de son ami et plonge son visage dans sa nuque.

- Ei'...

- Juste un petit peu, s'il-te-plaît.

- Comment tu as pu changer aussi rapidement ?

- Je crois que je n'arrivais pas à accepter la vérité.

- Pourquoi ?

- Tu es un garçon, je le suis aussi. Je veux dire, je n'ai jamais eu de problèmes avec les homosexuels, je sais que c'est tout à fait normal, mais ça m'a fait bizarre de me dire que je l'étais moi-même alors que je ne m'étais toujours intéressé qu'aux filles.

- Tu m'as repoussé pour ça ?

- Hm, je pense.

- Tu penses ?

- En partie oui mais après je ne sais pas, j'étais juste perdu. S'il-te-plaît, arrête de m'en vouloir.

- Ce n'est pas si simple, sais-tu combien de larmes j'ai versé ? Je n'ai pas envie de m'apitoyer sur mon sort mais j'ai passé presque deux mois mal dans ma peau, tu ne peux pas m'en vouloir de refuser de sortir avec toi alors que tu t'es décidé il y a juste une semaine.

- Je sais, je suis désolé, je vais attendre. »

Naël lève des yeux incrédules sur lui, étonné de ses réponses. Le jeune homme paraît si sincère, si doux et sérieux, qu'il est difficile de le reconnaître. On vient toquer à la porte, s'étonnant de ne pas les avoir encore vu debout et ils s'écartent aussitôt avant de se lever. Naël s'empresse de quitter la pièce mais cette fois, plus par timidité qu'autre chose. Eishun le suit, un léger sourire sur les lèvres, il est fier de lui-même d'avoir su se confier un peu et plutôt satisfait de son réveil.

Son cœur s'emballe un peu plus à chaque fois qu'il se rapproche du garçon et par la même occasion tous ses doutes s'envolent. Il ne s'était jamais senti aussi bien avec quelqu'un, n'avait eu autant envie de s'améliorer pour quelqu'un et tant rêvé de se tenir à ses côtés. Il pensait pourtant être déjà tombé amoureux mais à présent il en doute, ou du moins, il est sûr de ne jamais avoir aimé quelqu'un autant que Naël. Pourquoi a-t-il fallu qu'il mette tant de temps à le réaliser puis à l'accepter ? Serait-il tombé amoureux de lui si Naël ne s'était pas déclaré ? Vu la puissance de ses sentiments, cela aurait bien fini par arriver.

En arrivant au salon, Naël remarque aussitôt les yeux gonflés de Arianne. Il lui attrape le bras et la tire dans sa chambre, inquiet.

« Joni t'a répondu ?

- Il m'a envoyé un seul message... désespère-t-elle en se retenant de pleurer à nouveau.

- Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Qu'il s'était aperçu que je ne lui manquais plus tant que ça et qu'il s'était fait de nouveaux amis, de nouvelles connaissances à l'université, que ce n'était plus la même qu'au lycée. Il a dit qu'il ne pensait pas ressentir quelque chose pour moi, qu'il avait ignoré mes messages et mes appels quelques jours pour prendre de réfléchir et qu'il s'était décidé à finir notre relation, pleure-t-elle en expliquant.

Le jeune homme la prend dans ses bras en murmurant des paroles apaisantes.

- Je suis désolée, ma belle, ça va aller, ça va aller.

- Je m'étais préparé à l'idée ces derniers jours mais ça fait si mal. Je l'aime vraiment, je ne veux pas le perdre. »

Elle se met à pleurer de plus belle et leurs amis apparaissent à la porte, inquiet. Charline mime « Joni ? » avec ses lèvres sans rien dire et Naël opine. Elle vient se joindre au câlin.

Ils restent plusieurs minutes ainsi avant de se séparer, Arianne part se rafraîchir à la salle de bain tandis que Naël explique que sa relation s'est finie. Lorsqu'elle revient, elle fait comme si ne s'était passé et s'assoit à table avec les autres. Personne ne remet le sujet sur le tapis.

« Vendredi soir, vous avez quelque chose de prévu ? demande Arianne, lisant sur son téléphone.

- Non, affirme Naël, tout le monde opine.

- J'ai un ami qui fête son anniversaire dans une salle, vous voulez venir ?

- Tu es sûre que l'on peut s'incruster ? s'amuse Charline.

- Oh que oui, il me dit lui-même dans le message de ramener un maximum de personnes, il est du genre gros fêtard.

- Hm, je ne sais pas, l'alcool ne me réussit pas, grimace Naël.

Il veut faire plaisir à son amie, cela lui fera du bien de sortir et de penser à autre chose qu'à son ex copain mais il a été quelques peu dégoûté des soirées.

- Alors ça, tout le monde le sait. Tu feras attention et on te surveillera, promet Arianne.

- Hm, je viens mais tu me surveilles, je me connais, je ne sais pas le faire moi-même, rit le jeune homme.

- Oui ! Les autres ?

- Je viens, confirme Eishun qui n'attendait que Naël confirme.

- Comme c'est étonnant.

- Bon, tout le monde alors ? conclu Charline en encourageant Haneki du regard.

- Oui, tout le monde, répond le garçon ».

Arianne leur fait un sourire ravi, bien qu'un peu faux, et ils reprennent leur petit-déjeuner. 

Fierté de garçonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant