Chapitre 36

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Une fois qu'il est parti, Eishun envoie un message à Naël pour lui dire de le rejoindre dès qu'il le peut, ils se sont promis de regarder un film ensemble, ils meurent d'envie de le voir depuis un moment mais ils patientaient d'avoir l'occasion de se voir. Naël ne tarde pas à répondre, il sera là dans une petite heure. Eishun en profite pour cacher la boîte de préservatifs généreusement offerte par son frère dans un coin et lance un épisode d'une série sur une plateforme dédiée.

Lorsqu'il entend toquer à la porte, il bondit hors du canapé pour aller ouvrir, bien trop heureux de retrouver celui qu'il aime.

« Quel enthousiasme ! apprécie Naël en découvrant son grand sourire.

- Forcément.

Il attire le garçon contre lui pour une étreinte. Naël se laisse faire puis le repousse au bout de quelques temps.

- Tu comptes me laisser sur le palier ?

- Très drôle, rentre. »

Ils vont s'asseoir sur le canapé, Eishun se couche sur le torse de Naël qui d'un geste semblant devenu automatique commence à lui caresser les cheveux affectueusement. Ils mettent le film en route et rient ensemble devant l'écran, dans une parenthèse magique.

Ils passent l'après-midi et la soirée ainsi, constamment enlacés et partageant de petits moments. Quand le soir arrive, une sorte de tension semble monter sans vraiment de raison. Enfin, presque pas de raison. Ils se douchent, chacun leur tour, et se retrouvent dans le lit. Naël est inquiet, il a l'impression que Eishun est vraiment anxieux. Peut-être est-ce trop prématuré pour lui ? Il ne veut pas le presser. Il choisit donc de ne rien tenter et d'attendre de voir si son compagnon le fait par lui-même. Eishun se triture les doigts et les méninges, qu'est-il censé faire ? Finalement, Naël craque en le voyant si mal à l'aise.

« Ce soir, on ne fait rien, annonce-t-il d'une voix douce.

Eishun sursaute, comme tiré de ses pensées et lui adresse un regard étonné.

- Pourquoi ?

- Je crois que tu n'es pas prêt, on a tout le temps devant nous.

- Haneki puis toi, qu'est-ce qui vous fait penser ça ?

Le fait qu'il insinue que son frère lui a déjà fait la remarque conforme Naël dans sa décision, tant pis, il aurait bien aimé mais ce ne sera pas ce soir, il veut que leur premier fois soit parfaite, pas question de brusquer les choses.

- Car c'est censé être naturel, se faire tout seul. Oui, il peut y avoir des moments gênants mais ce n'est pas censé t'inquiéter autant, tu es censé sourire, être impatient. Vu comment tu es anxieux, je pense que tu te prends trop la tête, laissons les choses se faire toutes seules.

- Mais...

- Ei', s'il-te-plaît, je ne pense vraiment pas que ce soit le bon moment.

- Dis plutôt que tu n'as pas envie de moi, s'énerve le jeune homme.

- Ce n'est pas ça du tout ! J'ai envie de le faire avec toi mais pas ce soir, c'est trop tôt, regarde, tu as passé l'après-midi à te ronger les ongles !

- Car j'ai peur de mal faire, c'est tout mais pas de problème, j'ai compris le message. »

Il se lève, agacé et quitte la chambre sans un mot, Naël se maudit pour ses paroles, il n'a pas été assez délicat mais son but n'était vraiment pas de repousser le garçon. Il soupire longuement, hésitant de quoi faire ensuite. Il se décide finalement à rejoindre le salon, Eishun est couché sur le canapé, enveloppé dans un plaid et l'air morose, il ignore royalement le garçon. Naël ne se laisse pas décourager, soulève un bout de la couverture et se glisse dessous, se collant au corps chaud de son copain malgré ses grognements mécontents.

« Ei', je suis désolé, je ne voulais vraiment pas te vexer, s'il-te-plaît, ne m'en veux pas, gémit-il d'une petite voix.

Eishun grimace, comment est-il censé résister à ça ? Lui qui peut rester en colère contre quelqu'un pendant des jours pour un truc ridicule n'arrive plus à en vouloir à Naël au bout de seulement quelques minutes. L'amour l'a rendu faible.

- Hm. »

Il enserre le corps fin du jeune homme contre lui et ils s'endorment ainsi, serrés sur le canapé, l'un contre l'autre.

Les filles, Arianne et Charline, ont décidé de profiter de l'absence du garçon pour sortir en boîte entre elles, cela fait super longtemps qu'elles n'ont pas profité à deux. Elles se rendent dans un bar principalement fréquenté par des femmes et ne tardent pas à se joindre à un petit groupe joyeux. Le regard d'Arianne s'arrête sur Lisa, elle ressent un petit quelque chose bizarre à son encontre. Elle profite qu'elles n'aient pas encore trop bu pour s'asseoir à côté d'elle et faire connaissance.

« Oh, tu es à la faculté de langues ? Je ne suis pas loin, je suis en économie.

- Mon ami, Eishun y est aussi.

- Son nom ne me dit rien, on est trop nombreux.

- Je veux bien le croire. Tu étais au lycée où ?

- Loin d'ici, je voulais changer de ville pour plusieurs raisons.

- Je peux demander pourquoi ?

- Hm, je suppose que tu l'as vu tout de suite mais je suis transgenre, je suis née garçon. Jusqu'à l'année dernière, toutes les personnes que je fréquentais m'avaient connu garçon alors j'avais l'impression que malgré leur bienveillance et mes efforts, ils me voyaient toujours ainsi. Je veux dire, ils se trompaient souvent de prénom, disaient « il » sans le vouloir, ce genre de petit détail qui te rappelle que tu es différente.

Arianne opine, ce ne doit pas être simple non plus pour les proches, ils doivent s'en vouloir à chaque erreur.

- Du coup, j'ai décidé de postuler à une université assez loin de chez moi pour pouvoir m'affirmer en tant que fille dès le départ ici.

- Tu as l'air d'avoir plutôt bien réussi !

- Oui, j'ai eu de la chance de me faire des amies super compréhensives en arrivant, j'étais surtout inquiète pour le dortoir car la direction a beaucoup hésité avant de me laisser partager une chambre avec d'autres filles mais finalement, ils ont accepté et mes colocataires m'ont accepté sans problème.

- Je n'imagine pas comment tu devais être stressée, admire Arianne ».

Elles discutent encore un long moment puis échangent leur contact. Arianne est dubitative, elle trouve Lisa vraiment belle...attirante. Attirante ? Pourtant elle ne s'est jamais intéressée aux filles auparavant, est-ce parce qu'elle est née garçon ? Son cerveau surchauffe et elle chasse ses pensées d'un revers de la main pour plutôt profiter de la soirée. 

Fierté de garçonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant