Les Immortels : Émergence

Sombres révélations

9 mai 2018, Nord de Rocksprings, Texas, Etats-Unis.

Cela faisait quatre jours que Patricia était attachée à des lourdes chaînes en métal, les bras écartés, les jambes contre le sol et complètement nue. Son corps était couvert d'hématomes et d'enflures pendant que ses membres tremblaient misérablement de froid due à l'animosité de ses hôtes. La petite pièce n'était illuminée que par un puissant spot lumineux qui aveuglait Patricia toute la journée. Tout autour de cette dernière se tenait de sombres murs en béton très épais qui rendait chacun de ses cris inaudibles pour tous ceux qui se trouvaient en dehors de la salle. Lorsque la porte qui se tenait face à elle s'ouvrit, Buchanan découvrit une femme aux muscles couverts de sueur et de sang, aux cheveux ébouriffés, et aux lèvres ravagées. Malgré la torture qu'elle subissait continuellement depuis maintenant plus de soixante-douze heures, Night-Wing ne montrait aucun signe de faiblesse mentale.

Seule la fatigue était visible sur ses traits et son comportement. Pourtant, malgré les divers coups, les simulacres de noyade, les bains d'urines, et les électrisations, aucun mot de Patricia ne vint trahir l'Ordre. La Valkyrie qui était déjà dans une constante torture mentale finirait par craquer tôt ou tard, toutefois elle savait que la seule chose qui la maintenait en vie était sa résistance à la douleur et donc sa capacité à rester silencieuse. Au fil des jours, une profonde solitude l'avait envahie dans son trou enfoui à une centaine de mètres sous le sol. Bien que cette épreuve soit un enfer pour la quarantenaire, cet isolement la rongeait de manière malsaine en lui défilant chacun de ses moments de malheurs ce qui tendait à accroître la difficulté. Même en plaçant toute sa détermination, ses moments de bonheur n'émergeaient pas dans son océan d'échecs et de mépris. Sa drogue lui manquait et sa liberté semblait un lointain souvenir, comme une rédemptrice à son déséquilibre qui se prononçait au fil des journées passées dans ce trou à rat. Toutefois, l'assassin se savait bientôt hors d'ici, du moins, elle l'espéra jusqu'au moment où un des soldats brancha une pince-croco sur chacun de ses tétons.

Buchanan en position de force la saisit par le menton et inspecta la misérable infamie qui se tenait devant lui. Il ne remarqua que des fluides corporels mélangés à de la détresse et de la faiblesse. Le président de la SDM savait qu'en continuant ainsi, la chouette finirait par les doter d'informations cruciales qui leur permettrait de vaincre les Illuminés, ce n'était maintenant qu'une question de temps. M. Cooperfield, toujours habillé de son costume et caché derrière sa barbe blanche, demanda calmement avec sa voix grave.

— Tu vas coopérer aujourd'hui ?

Patricia ria derrière ses cheveux noirs et ses grands cernes et continua de dévisager le président en remontant ses sourcils. Dans un premier temps Buchanan regarda un des gardes, hocha la tête et finalement reposa ses yeux sur ce cadavre respirant. Une énorme décharge traversa le corps de la femme ce qui la fit continuellement sursauter et pousser de petits cris aigus. Après s'être satisfait du spectacle, Buchanan ordonna que l'on arrête pendants quelques instants. La chouette n'eut le temps que de commencer à prendre son souffle qu'une autre salve électrique la fit se cabrer de manière incontrôlée. Une fois la torture terminée, Night-Wing haletait en laissant couler un grand filet de bave entre ses seins alors qu'une fumée presque invisible se dégageait de son corps en surchauffe. Sa respiration était lourde, et ses bras ne maintenaient plus son corps. Seuls les chaînes gardaient son torse face à celui de son bourreau.

— Je vais réessayer... [Buchanan l'attrapa brusquement par ses joues et réitéra sa demande avec plus de conviction.] Tu vas coopérer ou non, petite pute ?

La chouette essaya de lui cracher au visage, mais sa gorge était trop sèche et le président le remarqua très rapidement et en dégagea une idée. Il commandita à ses Hommes de préparer la table afin d'attacher leur prisonnière. Les guerriers desserrèrent les liens de métal, trainèrent au sol la chouette tel un sac de pommes de terre et l'attachèrent avec brutalité au meuble de fer. Patricia ne tenta pas de se débattre, elle savait qu'ils cherchaient à l'épuiser pour la faire parler. C'est alors qu'une fois attachée sur le dos, Night-Wing ne pouvait que s'attendre au pire. Le président de la SDM autorisa aux soldats de procéder à la suite de la torture.