Au revoir Schmidt

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13 Juin 2018, Bangkok, Thaïlande.

Edouard, vêtu d'un kimono en fine soie, était agenouillé depuis déjà deux heures face à l'urne ocre parcourue de diamants. Il était là, réfléchissant sur le caractère éphémère d'une existence, se demandant pourquoi lui qui avait fait tant de mal, était aujourd'hui épargné par l'existence. Même si Joseph n'était pas la personne la plus attachante à ses yeux, il avait au moins le mérite de quitter tout ce qu'il avait construit, non pour faire à l'instar des autres humains, de s'imaginer un havre de paix, mais en effet, pour transformer cette planète en un monde meilleur.

Multi-diplomés, ambitieux, un homme de parole, une grande gentillesse et surtout une place de choix dans l'une des plus prestigieuses entreprise du monde avaient fait de Joseph Schmidt quelqu'un d'extraordinaire. Peu importait ses défauts, aujourd'hui il était partit en laissant derrière lui chagrin et remises en question. Toutefois, il avait accomplit son rêve le plus secret : réunir et travailler avec les Dark-Ops. Edouard remarqua à quel point cet homme avait réussit lorsqu'il se rendit compte que pour une fois, la deuxième version dépassait de loin la première. Ce n'était pas juste une équipe de gros et un cerveau derrière, c'était une famille. Une famille en construction certes, seulement cela restait inéluctable que des liens forts se créaient entre chaque membre.

Les cendres de Joseph et les souvenirs que chacun partageaient avec-lui étaient les dernières traces de son passage sur Terre. Aux yeux de la loi, il n'existait plus, mais dans le cœur de ces renégats, il était toujours là, avec son air narquois, naïf et supérieur, toujours souriant et prêt à proposer des idées. Son urne trônait dans le dojo du Patron, situé dans les quartiers bien famés de la capitale Thaïlandaise, en ces temps-là, son identité se noyait dans les abîmes du Dark-Net.

Alors que le soleil s'était déjà couché, Edouard restait silencieux, les yeux fermés, à se remémorer chaque instant avec un tel homme qui avait vaincu sa pleutrerie pour, espérait Edouard, un nom dans l'Histoire. Il se souvint d'un homme d'affaires très intelligent, couard, ingénu mais qui possédait un très bon fond et une innommable ambition. Sans Joseph Schmidt, Edouard n'aurait pas revu ses collègues, n'aurait jamais connu les petits nouveaux et se battrait toujours pour l'ennemi en prétextant moissonner le bien de ses actes barbares. Finalement en prenant du recul, sans Schmidt, le monde serait probablement en danger critique à l'heure qu'il était. Un homme inexistant pour les autres et qui pourtant avait fait renaître l'espoir le plus enfouis chez les plus réticents Dark-Ops. L'aspiration pour un monde radieux.

Même si Joseph n'était pas la fréquentation que Edouard préférait, il n'en était pas moins quelqu'un de sa famille, de celle qu'on choisissait, que ce soit par affinités ou par confiance. Et lorsqu'il ouvrit l'œil pour contempler une dernière fois le cliché qu'il considérait comme des plus beaux, il sourit face à cette photo où se tenait sa nouvelle famille devant de magnifiques palmiers avec la plage qui s'étendait au loin. Peu importe où Edouard se retrouvait, il savait que ces gens transformeraient le plus inhospitalier des enfers en un doux foyer. Dans le cliché se dressaient fièrement : Marko, Olivia, Juarez, Hannah, Isabella, Adrien, Gabriel, Schmidt et lui. Quand le cyborg remémora la voix de Schmidt avec beaucoup de nostalgie qui disait haut et fort « Ce sont les Dark-Ops ! Les vrais Dark-Ops. », il regarda le sol avec dépit, déçu qu'il ne soit pas là pour voir la réussite vers laquelle Edouard ferait tout pour les mener.

Perdu dans ses pensées, il ressentit la douce présence d'Apollonia qui engourdit son cœur d'un puissant envoûtement, ce qui troqua le poids du deuil par un chagrin d'amour. Désormais tracassé par l'amour et la perte, le cyborg se savait perdu dans le malheur et la solitude. Mais l'amour qu'il ressentait pour cette femme le réconforta bien plus que toute chose ne l'aurait pu lors de ce moment très difficile. Edouard ne souhaitait qu'une chose : que tout se résolve et que chacun puisse reprendre sa vie normalement, une fois le mal défait.

Les Immortels : ÉmergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant