Les Immortels : Émergence

Le Casse du Siècle

7 Mai 2018, Syndassko, Russie.

L'immense toundra russe éveillée par le doux printemps, était réchauffée par un doux soleil de Mai, ce qui donnait un bel après-midi pour ce village de quatre cent cinquante habitants perdus au milieu de nulle part. Ce jour-là, un groupe de jeunes enfants s'amusaient sur une des plages de la glaciale mer Laptev. Profitant ainsi de cette clémente journée en se baignant malgré la basse température de l'eau ou en entreprenant tous types d'activités ludiques, ces bambins ne voulaient qu'une chose : oublier le rude hiver qui s'abat chez eux chaque année.

Dans le lot des petits de cinq à sept ans, on pouvait y retrouver une petite blonde aux yeux bleus du nom de Irina. Toujours le sourire aux lèvres, elle était une fille très courageuse et appréciée par son groupe d'une dizaine des jeunes. Dans l'objectif de passer le temps, le groupe se trouvait dans une des rares forêts de la toundra afin de jouer à la guerre, l'épervier... Toute sorte d'amusement qui plairait à un enfant insoucieux dans une forêt aussi sombre où tous les arbres se battaient pour bénéficier des grâces du soleil. Mais voilà que la petite Irina eu une idée : jouer à un cache-cache dans le bosquet.

Tous furent partants, à l'exception du petit Nikolaïev qui ressentait en lui un mauvais pressentiment. Moqueurs à cet âge, les autres gamins firent preuve d'enfantillage en le pointant du doigt pour le juger et l'accabler de couardise. Le gamin, sans cesse traité de lâche par l'ensemble de ses amis qui riaient en cœur, décida de partir alors qu'ils étaient déjà bien enfoncés dans la forêt. Furieux, il ne se retourna pas et emprunta le chemin du retour qui passait dans une grande allée de pins après leur avoir adressé son majeur. N'ayant rien à apporter par rapport à la situation de Nikolaïev, Irina déclara son envie d'être celle qui cherche et aucun ne l'a remis en cause.

— Je vais compter... Hmmm... Jusqu'à trente ! [S'écria-t-elle fièrement.] Je commence ! Un...Deux...

Tous les gamins se précipitèrent plus profondément dans la forêt, encore plus loin dans ces ténèbres qui s'opposaient à la brillante lumière de la civilisation. Les petits n'avaient pas peur de croiser un ours ou des loups, ceux-ci vivant très loin des villes et villages. Néanmoins, un autre danger rodait dans les parages tel un vautour qui traque sans relâche sa charogne. Et Nikolaïev l'avait bien pressenti.

— Trente ! Où que vous soyez, je vous trouverais ! [S'exclama-t-elle en riant.]

Irina, heureuse de cette idée qu'elle avait eue, essaya de retrouver ses amis en vadrouillant tout autour afin de trouver un quelconque indice. Cependant, la forêt étant assez vaste, la petite fille savait qu'elle allait prendre du temps avant de trouver qui que ce soit. Pour faire preuve de stratégie, la petite blonde décida de suivre le ruisseau qui menait jusqu'à la mer Laptev. Celui-ci s'écoulait agréablement sur les rochers en s'enfonçant toujours plus dans le noir avant d'atteindre la côte.

C'est là qu'elle se rapprocha petit à petit d'un étang où se déversait ce ruisseau avant de se jeter dans la mer. Cette grande marre était entourée de larges rochers moussus qui  la rendait difficile d'accès. Irina était si curieuse qu'elle commença à les escalader pour pouvoir ainsi avoir un point de vue plus en hauteur. La petite blonde commença à salir ses mains et sa robe rouge de terre lorsque quelque chose l'agrippa violement au niveau de la bouche et de la taille. Paniquée et surprise, Irina se retourna et découvrit son ami Nikolaïev qui avait le regard terni d'effroi et lui indiquant qu'il avait quelque chose à lui montrer. Le garçon lui fit signe de se taire et tous deux contournèrent les pierres pour lui faire voir ce qu'il avait aperçu.

Une fois sur place, l'atmosphère devint terriblement glauque et insupportable aux yeux d'Irina qui cachait ses yeux en pleurnichant de peur. Nikolaïev restait lui bien alerte, observant le macabre spectacle. Se tenait sur les rochers une créature verte de la taille d'un berger allemand qui incarnait la désolation et la mort. Dressée sur quatre puissantes pattes, elle possédait aussi deux bras au bout des quels émergeaient une main à trois doigts armés de terribles griffes. Les dents taillées comme des lames de rasoirs, la mâchoire garnie comme celle d'un squale, le corps recouvert d'un cuir verdâtre et au milieu de son dos, un aileron incurvé vers l'avant. Ses yeux quant à eux se creusaient tout en haut de son museau alors que son puissant corps rayé de marron, était dépourvu de queue.