Les enfants au médaillon d'argent

Chapitre 11

Nous nous avançâmes en direction de la rivière. Je redoutais énormément le moment où l'on allait devoir discuter ensemble. Depuis combien de temps ne nous étions pas confrontées toutes les deux ? Trop longtemps en tout cas. Une question fleurissait au fin fond de mon âme depuis hier et j'avais besoin qu'elle sorte de ma bouche. J'avais également besoin d'explications résumant toutes ces années de silence où elle s'était tue et renfermée sur elle-même, où elle nous avait abandonné. Je ne pris même pas compte du paysage autour de moi. J'enlevais mes vêtements et me glissais dans l'eau très fraiche. Trop fraiche. Une fois mon corps totalement submergé, je me tournais vers Maxyne. Celle ci fuyait mon regard. Elle aussi devait redouter cette discussion. Timidement, je décidais de me lancer :

" Avant de mourir, maman m'a donné le médaillon. Je te le dit au cas où tu te demandais si j'avais bien reçu le colis.

- D'accord, merci de me l'avoir dit.

- Pourquoi ne pas me l'avoir donné en main propre ?

- Je ne sais pas. J'avais peur, révéla t elle simplement

- Peur, toi ? Mais de quoi ?

- De ce que tu allais me dire. On ne s'était pas parlées depuis bien trop longtemps !

- Pas "on", mais plutôt "tu". TU ne nous avait pas parlé depuis bien trop longtemps, rectifiai-je sous ses yeux ébahit.

- Ecoutes Elisa, j'avais besoin de temps.

- De temps pour quoi ?

- Pour réfléchir. J'ai grandi tu sais, je suis différente maintenant. 

- Tu as eu besoin d'autant de temps seulement pour réfléchir ! Franchement, avoues le que l'on te faisait honte ! Avoues le que tu t'es débarrassée de nous tel un vieux mouchoir usé seulement pour améliorer ton image. Vas-y, ais au moi je courage d'avouer Maxyne.

- Tu te trompes. J'ai jamais voulu me débarrasser de vous Elisa. Je ne sais même pas comment cette idée t'es venue à l'esprit. Comment tu as pu croire ça une seule seconde ?

- Je ne sais pas, peut être parce que tu nous regardais de travers, peut être parce que tu ne restais plus avec nous. 

- Ce n'est pas parce que j'ai changé de groupe que d'un seul coup je ne vous ai plus aimé, que je ne me suis plus inquiétée pour vous. Je suis votre grande soeur, pas votre copine. Je suis là pour vous protéger.

- On a toujours été un groupe pourtant. Tu étais la première a nous le répéter.

- C'est pour ça que je te dis que j'ai changé. Mes visions de la vie ont changé. Tu peux voir ça comme quelque chose de négatif mais moi, je l'ai bien vécu.

- Pas nous. Tu n'imagines même pas à quel point ça a été dur. Du jour au lendemain j'ai du me prendre ta place de grande soeur. Tu sais ce que ça fait de devoir prendre des responsabilités alors que l'on a pas le choix, que l'on ne nous as rien demandé ?

- J'ai jamais choisit d'être votre grande soeur non plus Elisa et pourtant, je me suis toujours promis de vous protéger.

- Ok sur ce point tu as raison, avouai-je, mais tu n'as pas d'excuses sur le fait d'être partie.

- Si, mais tu ne comprendrais pas.

- Et pourquoi ?

- Parce que je ne comprends pas moi même, admit-elle.

- Comment ça. Tu ne sais pas pourquoi tu es partie ?

- Si je suis partie c'était pour me recentrer sur moi même Elisa.  J'ai pensé toute seule pour la première fois de ma vie. J'ai appris des choses dont je ne savais même pas l'existence. Ça m'a fait un bien fou ! Tu ne peux même pas l'imaginer.