Chapitre 16

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Le chemin s'arrêta là et un gigantesque portail nous barra le passage. La vue nous était coupée par une longue haie. Noé sortit un trousseau de clé et saisit l'une d'elles qu'il glissa au creu de la serrure . Celle ci tourna et le cadenas céda. Noé nous fit entrer et referma le portail derrière lui. Comme nous avait prévenu mon cousin, la propriété était gargentuesque. Le chateau, battit de pierres, donnait face à un immense jardin, semblable à un désert de par sa taille. La pelouse était parfaitement tondue et une fontaine était installée à quelques mètres de la splendide terrasse faisant face à la porte d'entrée.

"Ne bougez pas, je vais prévenir ma mère que vous êtes là, nous informa Noé."

Le château possédait une vieille tour avec pour sommet une volière. La façade, meurtrie par l'âge, était engloutit par diverses plantes grimpantes, atteignant presque le sommet de la façade du château.  La pluie commençait à tomber lorsque Noé ressortit, accompagné d'une femme surement âgée de la cinquantaine et vêtue d'une longue robe d'un bleu clair lui correspondant merveilleusement bien. Malgré les quelques cheveux blancs qui commençaient à prendre posséssion de sa couleur original, ceux ci étaient d'un blond très pâles. Le sourire remontant jusqu'aux oreilles, elle s'exclama :

" Mon Dieu ce que vous avez grandit ! Qu'est-ce que tu ressembles à ta mère Elisa, c'est incroyable ! Tu es son portrait craché.  Venez donc tous là."

Elle nous prit dans ses bras un à un et fit la connaissance de Pauline et Maxence. La dame ajouta :

" Vous avez bien fait de venir nous voir. La tempête risque de s'abattre ce soir. Que diable faisiez vous dans les bois à cette heure ci ? Où sont Rose et Jade ?"

Nous lui annonçâmes le décès de notre mère et lui expliquâmes la raison de notre visite. Une fois notre récit terminé, elle resta sur place bouche bée, envahit de chagrin. Elle balbutia :

"Ma... ma.. Sœur est... Morte ?"

Nous acquiesçâmes et elle continua:

" Quelle histoire, vous devez être exténués ! Entrez donc vous reposer un instant, je viens de faire chauffer du thé.

- Vous ne pouviez pas nous faire plus plaisir, déclarai-je ravie de sa proposition.

- "Vous", rigola t elle en insistant sur le pronom que je venais d'utiliser. Je pense qu'il serait plus approprié que vous me tutoyez non ? Je m'appelle Agathe et surtout pas madame. Je n'ai pas 70 ans !

Elle sourit et nous invita à entrer dans le château. Une ambiance très sombre régnait à l'intérieur. Un gargouillement se fit entendre, rugissant tel un lion enragé. Je me tournais afin de chercher l'origine de ce bruit lorsque Tom s'exclama:

" Désolé, c'est mon ventre. Je crois que j'ai faim. "

Agathe nous fit passer par un petit couloir, suite auquel elle nous demanda de poser nos manteaux, puis elle continua la visite. Les couloirs se multipliaient et absolument chaque galeries se ressemblaient. Après avoir erré dans ce labyrinthe sans fin, Agathe poussa une lourde porte en bois. En la poussant, celle ci émit un bruit strident qui nous fit instantanément nous boucher les oreilles. La lumière entra au fur et à mesure que la porte s'ouvrait. La chaleur nous envahit et une atmosphère paisible s'installa. La pièce dans lequel nous venions de pénétrer n'avait rien à voir avec le long et sinistre couloir de tout à l'heure. Contrairement à l'autre, celle ci paraissait plus avenante. Le fait qu'elle soit ouverte et éclairée d'une lueur très faible, provenant d'un chandelier, avait déjà un aspect plus rassurant. Le salon dans lequel Agathe nous conduisit était plutôt banal. Deux vieux fauteuils étaient installés au deux extrémités d'un long canapé rouge en tissu. Ma tante nous fit signe de nous installer sur le divan puis elle partit. Le crépitement du feu dansant dans la cheminée installée en face de nous et la tempête qui se déchainait à l'extérieur animaient la salle. Lorsque ma tante et mon cousin revinrent, ils s'installèrent dans les fauteuils et nous servirent une tasse de thé bien chaude. Ma tante déclara :

" Il reste deux chambres à disposition. L'une possède trois lits dont deux lits simples et l'autre seulement deux lits simples.

- Je dormirai dans la chambre à trois lits avec Tom, déclara Maxyne, il reste une place.

- Je me rajoute avec vous, répondit Pauline.

- Parfait, déclarai-je, Maxence deviendra mon coloc !"

Après avoir grignotés deux, trois biscuits apéros, Agathe nous dirigea vers nos nouvelles chambres. L'idée de dormir dans un lit bien douillet me remontait le moral mais le fait de devoir me coucher seule avec Maxence m'effrayait. Je ne savait pas pourquoi mais j'appréhendais. Pourtant, rien de spécial s'était passé entre nous aujourd'hui. Une chose était sure, le retour à la vie normale m'apeurait. Agathe indiqua en premier la chambre de mes autres compagnons de voyage puis nous guida, Maxence et moi, jusqu'à la notre. La chambre était relativement grande. Les murs étaient peints d'un beige très clair, semblable à du blanc. Deux lits se faisaient faces,  tout les deux adossés contre deux murs parallèles. Maxence s'installa sur le lit de gauche et je pris celui de droite. Notre chambre avait la chance de posséder deux velux et je priais pour que la tempête se calme afin que je puisse contempler en silence les étoiles. Ca n'était pas gagné puisque le tonnerre continuait ses ravages. La nuit allait être longue...

Un vieux bureau encombrait le fond de la chambre. Il devait y être depuis de nombreuses années puisque la poussière envahissait sa surface. Je remarquais alors que de nombreux papiers emprisonnaient sa surface. Je décidais de ne toucher à rien et de laisser les affaires posées comme elles étaient. Quelqu'un frappa à la porte, me rappelant également la présence de Maxence. Maxyne se tenait devant celle ci, le sourire aux lèvres. Elle déclara mystérieuse :

- Viens vite Elisa, j'ai quelqu'un à te présenter."

Je pensais avoir fait le tour des découvertes pour aujourd'hui mais, apparemment, Maxyne en avait décidé autrement. Je la suivit, tentant de garder le rythme volcanique imposé par ma sœur. Sa main serrait la mienne tandis qu'elle sautait par dessus les marches pour "gagner du temps", disait-elle. Essoufflées, nous atterrîmes en bas des marches, vivantes. Mais alors que je reprenais mon souffle, ma sœur me tira par le bras en direction de la cuisine. Une personne âgée, extrêmement âgée était installée dans une vieille chaise à bascule. Les cheveux tirées en arrière en un chignon bien rangé, elle était pensive. Maxyne lui tapa sagement sur l'épaule afin de la sortir de ses pensées mais celle ci ne broncha pas. Ma sœur tira alors deux chaises qu'elle positionna juste en face d'elle. Elle me fit assoir et elle nous présenta:

" Tatie Lydia, voici Elisa, ta petite nièce. Elisa, voici tatie Lydia, notre grande tante."

Un sourire s'esquissa aux coins de ses lèvres mincies par la vieillesse. Elle parut comprendre qui j'étais. Même si elle ne parlait pas, elle était bien présente et consciente des évènements qui étaient en train de se passer autour d'elle. Après avoir fait la connaissance avec ma nouvelle grande tante, se fut au tour du mari de ma tante de faire ma connaissance. Il était très grand, aux cheveux brun foncé et très discret. Son caractère complétait merveilleusement bien celui de ma tante, audacieuse et spontanée. La conversation se poursuivit autour de la table. Agathe avait passé la soirée à cuisiner, refusant toute aide. Le potage de légumes qu'elle avait concocté me réchauffa le corps et réveilla mes papilles. Alors que la discussion avait été au rendez vous lors de l'arrivée du plat, celle ci se stoppa à l'arrivée du dessert. Le ventre plein, je remerciais ma tante pour ce délicieux repas. Voyant qu'une atmosphère embarrassante prenait place, je m'exclamai :

- Ce gâteau au chocolat est vraiment excellent, j'attends d'avoir la recette !

- Bien sûr Elisa, me répondit ma tante, je te montrerai avec plaisir mais avant, il faut que l'on vous parle."          





Les enfants au médaillon d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant