Comme tous les lundis matins, le réveil fut compliqué pour moi. Malgré la sonnerie agréable du nouveau son de Bigflo et Oli, mes yeux restaient clos.
Ma mère finit par me rejoindre dans ma chambre pensant que quelque chose n'allait pas. Peut être avais-je mal au ventre ou avais-je choppé cette saloperie de grippe courant au collège. J'avais été tenté d'inventer un truc bidon pour éviter de retourner dans cette prison infernale. Mais finalement, je m'étais rétractée à la vue du soleil brillant dehors. Cette journée ne pouvait pas être pire que les autres !
Lorsque je descendis les marches du manoir, ma mère sortait le petit déjeuner et m'avait préparé mon verre de jus de pomme accompagné de mon pain au chocolat.
Cette routine me foutut un coup au moral mais lorsque je vis mon frère et ma soeur, le sourire me revint. Au moins, eux, vivaient la même chose et je savais que je pouvais compter sur eux.
Tom et Jade s'installèrent en face de moi et mangèrent leurs croissants encore chaud. L'ambiance était plutôt bon vivant pour un lundi matin. Mais lorsque Maxyne descendit les marches vêtue d'un jean en cuir et d'une brassière rouge, la surprise se lut au fond de mes yeux. Je m'étais toujours dit de ne pas juger car comme on dit:" L'habit ne fait pas le moine". Alors, je tentai de cacher mon étonnement et cette atmosphère qu'avait été jusqu'à présent plutôt agréable, c'était avérée pesante. Lorsque Maxyne passa a côté de moi, celle ci me me lança un regard de dégoût, me relooquant de la tête au pied avec cette fois ci une touche de jugement bien trop présente dans son regard. Énervée, je me levai soudainement, renversant mon verre de jus de pomme sur la table.
Mon poing se serrait petit a petit lorsque je sentis la main de Tom se presser autour de mon avant-bras. Un peu perdue, je bredouillai :
"- Je... Dois y aller. Je vais être en retard... A plus !"
Je savais que mon excuse était bidon étant donné que je commençais à 8h et qu'il n'était que 7 heures du matin à peine.
Les rues étaient désertes. Seule la bibliothèque était ouverte et étant donnée la situation, je n'allais pas rester 1 heure à poireauter devant le collège toute seule. Je décidai alors de pousser la porte du vieux bâtiment. L'endroit était plutôt calme pour un lundi matin. Une vieille dame était assise sur une chaise noire à roulette. A vrai dire, je lui donnais 90 ans minimum. Je m'attendais à ce que celle ci fasse une réflexion sur le faites que je sois "une Kane" mais elle se contenta de me demander:
"- Tu as un abonnement ma belle ?"
Cela faisait longtemps qu'une personne ne m'avait pas parlé aussi gentiment . Un peu gênée, je répondis :
"- Non. Désolée. C'est la première fois que je viens ici.
- Très bien. Veux tu en créer un ? Tu pourras emprunter autant de livre que tu voudras !
- Je ne sais pas ! Désoler... Répondis-je gênée."Je m'empressai de quitter la bibliothèque. En réalité je ne savais absolument pas pourquoi j'étais partie. Peut être avais-je surréagis ce matin devant Maxyne. Ne pouvant rien faire, je décidai de rentrer à la maison. De toute façon, j'avais laissé mon téléphone dans ma chambre et même si je savais qu'il ne me servirait à rien, je m'étais dit que ça me ferait un argument de plus pour rentrer.
Sur le chemin du retour, je remarquai que les gens commençaient à peine de se lever. Certaines fenêtres des maisons voisines étaient éclairées et les ombres des Orphésiens s'agitaient derrière les rideaux. La brise me caressait la joue laissant place à quelques frissons. C'est à cet instant que je remarquai que j'étais à peine en tee-shirt.
Prise par d'intenses claquements de dents, je me mis à courir à toute vitesse "Sortir en manche courte est complètement absurde ! Me dis-je "
Arrivée au portail, je ne fus pas étonnée de voir Tom et Jade se jeter dans mes bras, morts de trouille :
"- T'étais passée où Élisa ? Je me suis inquiété ! Me questionna Tom
- À la bibliothèque... Répondis-je sans réfléchir.
- Mais tu n'as pas d'abonnement, qu'est ce que tu faisais là bas ?
- C'est moi qui lui ai demandé d'y aller. Répondit une voix derrière les jumeaux."
A ma plus grande surprise, maman était pointée derrière eux. Elle les renvoya à l'intérieur de la maison en m'invitant à faire de même. J'étais heureuse qu'elle m'ait dérogé de ce questionnaire insupportable de ma sœur et mon frère. Mais cette intervention m'intrigua : pourquoi avait-elle décidé de mentir ?
Après avoir franchi la porte, la chaleur parvenant à réchauffer mon petit corps frêle, maman me conduit jusqu'au salon m'invitant à m'asseoir sur un fauteuil un peu trop dur à mon goût. Les jumeaux devaient être parti au collège puisque la maison baignait dans un silence total. Afin de briser ce mutisme, je me lançai :
"- Merci de m'avoir détourné des questions des jumeaux. Tu voulais me parler ?
- Oui
- Je t'écoute !
- Tu te sens bien en ce moment ?me demanda t elle simplement
- Oui bien sûr pourquoi tu me demandes ça ?
- Pour ce matin, au petit déjeuner.
- Tout va bien maman. Je t'assure ! Je vais être en retard là, m'inquiétai-je en fixant l'horloge du salon.
- Non, attend. J'aimerais te parler un instant.
- Bon tans pis, je louperai le cours de français.
- Ta prof n'est pas là ce matin. Le principal a envoyé un mail tout à l'heure.
- D'accord. Puisqu'elle n'est pas là, tu as tout ton temps. Ironisai-je
- Tu sais que c'est bientôt ton anniversaire.
- Tu as encore le temps maman, on est seulement en novembre et mon anniversaire est en février !
- J'aimerais te le donner en avance.
- Pourquoi ?
- Je bosse tard le 12 et je trouve dommage que je ne puisse pas te le donner le jour J.
- Tu me le donneras le 11 dans ces cas là ! M'exprimai- je étonnée.
- NON ! Je veux te le donner MAINTENANT !! S'énerva t-elle.
- Très bien, si tu y tiens tant. Finis-je par abandonner."
Sans vraiment avoir compris le raisonnement de ma mère, je finis par accepter d'ouvrir mon cadeau avec plus de 3 mois d'avance. Ma mère me tendit un petit emballage bleu marine.
" Avant que tu l'ouvres, me dit-elle. Sache que cet objet est dans la famille depuis des décennies et qu'il a accompagné tous tes ancêtres dans les moments difficiles."
De mes petites mains agiles, je déchirai l'emballage et découvris un collier en argent. La chaîne était un peu abîmée mais le médaillon au bout était, lui, en très bon état. On pouvait lire en tout petit : Kane.
Ma mère reprit :
" Si tu ne te sens pas bien, porte le un moment autour de ton cou. Si tu t'imposes tel que tu es sans avoir honte,il saura te réconforter.
- Merci maman. Ça me touche beaucoup. Pourquoi je ne t'ai jamais vu avec ?
- Je l'ai porté tu sais ! Avant la naissance de Maxyne mais le médaillon n'a pas le même effet sur tout le monde...
- Je ne sais pas quoi dire... C'est tout simplement le meilleur cadeau que tu ne m'ais jamais offert !
- Fais en bon usage. Promet le moi s'il te plaît.
- Je te le promets."
Je me penchai pour l'embrasser quand elle me prit dans ses bras, le médaillon serré dans ma main gauche. Au moment où ma mère me lâcha, j'aperçus une larme couler le long de sa joue.
"- Qu'est ce qu'il y a ? demandai-je
- Ce n'est rien, je suis juste émue.
- Pourquoi le médaillon me revient à moi et non pas à Maxyne ?
- Maxyne, elle, a le médaillon en or. Puisque c'est elle l'aîné, elle a l'or, toi, tu as l'argent et les jumeaux auront un collier de bronze.
- Tu vas leur donner quand ?
- Ce n'est pas moi qui vais leur donner, c'est toi.
- Moi ? Mais pourquoi ?
- J'ai donné celui de Maxyne car c'est elle l'aîné mais, normalement, ce sont les aînés qui donnent les bijoux aux plus petits. En tout cas, c'est la tradition dans notre famille.
- Alors, pourquoi ne me l'a t-elle pas donné ?
- Seulement à cause des tensions entre vous. Elle n'avait pas envie de te le donner. Elle m'a demandé de le faire lorsque tu es partie tout à l'heure.
- Je peux donner le médaillon aux jumeaux quand je veux ou il y a un âge minimum ?
- Tu peux leur donner quand tu veux. Mais réfléchis bien. Ces objets sont dans la famille depuis très longtemps et il faut qu'ils soient prêts à en prendre soin.
- Merci.
- Au fait, tu as bien un compte à la bibliothèque. Avant ta naissance, ton père t'a inscrite pour faire des recherches.
- Pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt ?
- Pour éviter que tu fugues. Ironisa-t-elle"
Elle finit par me donner les emballages (exactement les mêmes que celui que j'avais ouvert il y a 20 minutes de cela). Je décidai d'attendre avant de donner les médaillons aux jumeaux. Pour moi, ils n'étaient pas prêts.
Avant de partir, maman m'obligea à avaler quelque chose. Elle me donna la fin de mon pain au chocolat ( qui avait refroidit) et me servit un bol de thé. Écoeurée, j'avalai mon petit déjeuner et une fois tout ingurgité, je partis récupérer mon téléphone posé sur ma table de nuit. J'attrapai mes écouteurs et mis ma playlist en route. Lorsque je sortis de chez moi, le vent soufflait encore plus fort malgré le soleil toujours présent.
Mon sac sur les épaules et ma musique dans les oreilles, j'avançai en direction de la forêt tout en pensant à Maxyne. En réalité, j'avais une forte envie d'aller lui parler mais je ne savais pas vraiment quoi lui dire. Elle avait fait son choix à présent et se trouvait épanouie avec sa bande d'amies. Je laissai quelques larmes coulées durant le trajet. Puisque les jumeaux n'étaient pas là, je m'accordai un petit instant de nostalgie. En fait, je n'avais pas vraiment compris pourquoi elle n'avait pas voulu me donner le médaillon en main propre. Elle m'en voulait à ce point-là !
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Les enfants au médaillon d'argent
AventuraUn meurtre, un médaillon d'argent, des inscriptions mystérieuses et deux familles un peu différentes des autres. Mais, quel est le point commun entre tous ces mystères ? Que cache cette étrange famille et qui est ce jeune garçon ayant lui aussi soif...