paper plane ;bts| tome 2 |

F o r t y - s i x

- Allô ? Maman ?

La main tremblante, j'attend que ma mère me réponde. Et c'est la dernière chose dont je me souviens de cette discussion. Tout le reste est flou et je n'ai pas le moindre souvenir de ce que j'ai pu dire... Comme si j'avais eu une absence ou que mon cerveau refusait de voir la réalité. Annoncer à mes parents c'est comme prendre réellement conscience de ce qu'il se passe. Je ne me souviens même pas de ce que ma mère m'a dit.

Qu'est ce que je devrais dire lorsque je la reverrai ? C'était plus facile lorsque le médecin leur a dit que j'étais malade trois ans plus tôt. Je ne pensais jamais devoir le faire moi même. Mais de toute façon, je n'étais qu'un petit idiot à l'époque, je ne me rendais pas compte de la gravité des choses. 17 ans...bon sang...j'avais 17 ans. Et maintenant j'en ai 20. Et le schéma se répète une nouvelle fois.

Je crois bien que j'ai passé le reste de la journée comme ça car j'ai finalement pris conscience lorsque Jimin a passé le seuil de la porte en cette fin d'après-midi. Un peu étourdi, je lève les yeux vers le noiraud qui laisse tomber son sac en voyant ma mine. Il se précipite vers moi et prend rapidement mon visage en coupe. Il a l'air inquiet et j'ai encore du mal à tout comprendre.

- Qu'est ce qu'il y a ? Qu'est ce qu'il ce passe Jungkook ?!

- Je ne sais pas je...J'ai appelé mes parents, je dis d'une voix larmoyante.

- Qu'ont-ils dit ? Ça ne s'est pas bien passé ?

Sans répondre immédiatement, je viens me blottir contre Jimin et m'accroche fermement à son t-shirt. Ses bras me serrent contre lui et il frotte doucement mon épaule. J'ai passé toute la journée ici, s'en même m'en rendre compte. J'ai eu une foutue absence et c'est angoissant. La dernière fois que ma conscience s'est envolé, c'était lorsque j'ai cru que Jimin n'était plus de ce monde. Le choc à un drôle d'effet sur moi.

- Je ne sais pas, je dis, j'ai oublié. Je ne me souviens plus de rien.

Les doigts de Jimin passent sur ma joue et il soupire. Il reste encore un moment avec moi avant de se lever. Je me sens vraiment idiot. Je suis vraiment un incapable parfois...Le noiraud fini par m'abandonner à ma réflexion, profitant du calme pour prendre une douche sûrement bien méritée. Il ne dit rien mais je sais qu'il est tout autant bouleversé que moi et je m'en sens tellement coupable. Je m'en veux de devoir lui faire subir tout ça. Il n'a pas à s'occuper de moi. 

Sur un coup de tête, je me lève et ni une ni deux j'ai enfilé des chaussures et attrapé le premier manteau que j'avais sous la main. Tant pis pour ma mine affreuse, tant pis pour ma veste et mon pantalon de jogging. Tant pis pour Jimin encore sous la douche. Je quitte l'appartement sans me retourner, sans même prendre mon téléphone espérant que je n'arrive pas trop tard.

Le trajet jusqu'à l'hôpital je le connais par cœur maintenant. Chaque virage, chaque panneau de signalisation. Chaque parterre de fleurs arrosés tous les matins et tous les soirs par la même personne. C'est comme si mon cerveau avait mémorisé le chemin pour pouvoir m'y conduire tout naturellement. Et mes jambes elles, suivaient sans même que je puisse changer ça. Et ce, jusqu'aux portes du hall de la partie psychatrie. J'ai besoin de le voir, Yoongi. J'ai besoin de lui parler, de lui dire la vérité. Comme une intuition, je me dit que c'est le seul qui peut m'aider. S'il faut que je retourne à l'hopital, il doit être l'un des premiers à le savoir. 

Lorsque je me présente à l'accueil, c'est la même dame que nous avions vu Jimin et moi la dernière fois. Elle me dit que l'heure des visites se termine dans une demi heure et qu'il n'est pas conseillé de laisser passé la famille ou les amis qui ont tendance à vouloir rester plus longtemps. Mais après avoir assuré que ce ne sera pas long et que c'était presque vital pour moi de voir Yoongi, elle finit par accepter. Et comme la dernière fois, je la suis silencieusement jusqu'à la salle aux canapés bleus.