paper plane ;bts| tome 2 |

T h i r t y - o n e

J'ai fais un terrible cauchemar. Je ne sais pas si c'est dû à mon trouble de revenir m'installer en ville pour une longue période ou simplement le fruit du hasard qui a décidé qu'aujourd'hui serait un jour où je ferais un mauvais rêve.

Plus les secondes passent, plus les images s'effacent de ma mémoire. Mais le sentiment terrible de malheur qui m'envahit est toujours présent au creux de mon estomac. Ainsi, au milieu des draps blanc éparses, je fixe le vide tentant de me souvenir. Seul l'idée d'un manque terrible m'emprisonne. Je ne sais pas ce qui est le pire entre se souvenir de son cauchemar dans les moindres détails ou d'oublier sans se rappeler pourquoi on est terrorisé.

Une main froide vient se poser délicatement dans mon dos nu et me tire de mes pensées. J'avais oublié que j'étais chez Jimin, dans son lit. L'espace d'un instant, le cauchemar disparaît et je repense à notre soirée d'hier soir. En fin de compte, Jimin avait passé la journée à trouver une boutique qui louait un film en particulier ; celui qu'on regardait constamment quand on était ado et il avait commandé des tonnes de choses à manger. Il en faisait toujours trop pour moi mais ça n'arrivait jamais à me repousser.

- Tout va bien ? il demande d'une voix endormie

Face à mon manque de réponse, le noiraud se redresse et s'assoit, légèrement derrière moi. Ses doigts se glissent sur mon épaule. Il se penche vers moi pour apercevoir mon visage ne serait-ce qu'un peu.

- Jungkook, ça va ?

- Oui, je réponds un peu trop sèchement.

Je sens Jimin se tendre.

- J'ai fais quelque chose de mal ? demande t-il d'une petite voix brisée.

Je sens le bout de ses doigts trembler sur mon épaule. Trop sensible celui ci. Je me retourne vers lui, voyant son air perdu. Je ne pensais pas avoir été agressif. Ma nuit me perturbe encore et il semblerait que ma nature féroce est refait surface. Les yeux sombres du noiraud semblent passer en revue toute la journée d'hier afin de chercher une potentielle erreur.

- Quoi ? Mais bien sûr que non !

- J'ai cru que-

- Mais non..., je dis tendrement

Mes mains viennent se glisser sur les joues rondes du noiraud. Je m'approche et pose délicatement mes lèvres sur les siennes. Il répond chastement au baiser, ses mains toujours sur mes épaules. Je colle le jeune homme contre moi ayant besoin de n'importe quelle forme de réconfort. Il semble rassuré lui. Mais moi je me questionne toujours.

En règle générale, lorsque je passe une nuit avec Jimin, je ne me souviens d'aucun rêve ou quoi que ce soit. Qu'est ce qui a bien pu se passer alors ? Avec un petit soupire, je me lève et enfile mon short de pyjama. J'entends le matelas bouger derrière moi. Les pieds traînant je descends de l'estrade en bois et disparaît derrière le pan de mur. 

J'ai besoin de m'occuper pour ne pas penser à ce que je ressens. Si je fais à manger à Jimin, je ne penserai à rien d'autre. Je fais comme chez moi, tout naturellement et sors tout ce qu'il faut pour préparer le petit déjeuner préféré de mon beau brun. Je suis tellement concentré sur ce que je fais que je ne remarque même pas la paire d'yeux qui me fixe intensément.

Lorsque je me retourne pour déposer l'assiette remplie de toasts à la confiture de fraise et d'un oeuf, je suis surpris par la présence de Jimin. Il est habillé, la main posé dans sa paume et  me regarde étrangement.

- Quoi ? je demande et lui piquant un toast et en croquant dedans.

- Tu es beau.

Je m'étouffe avec un morceau de pain grillé. Et ça faire drôlement rire le petit ange noir. Mes joues prennent une couleur cramoisies. Il ne m'a jamais dit ça auparavant, enfin je ne crois pas en avoir le souvenir. Ce n'est pas comme moi qui le bouffe constamment des yeux et qui doit probablement passer ma vie à le lui dire.

D'ailleurs il ne rate jamais une occasion se se moquer de l'effet qu'il a sur moi. Mais ce n'est pas de ma faute si Jimin est plus un dieu grec qu'autre chose ! Moi par contre...on est loin de la divinité.

- Arrêtes, tu dis n'importe quoi.

- Pourquoi ? Je n'ai pas le droit de te le dire ? Tu l'as toujours été à mes yeux mais, là, dans ma cuisine... J'aime cette vision. Elle pourrait devenir quotidienne.

Mon estomac se tord. Je tente de ne pas le montrer. La sensation désagréable qui m'habitait ressurgit comme la foudre qui tombe. Je ne sais pas pourquoi mais ses mots ont ravivé ma frayeur.  Je déglutit.

- Contente toi de manger, je dis au noiraud

Il me regarde avec de grands yeux alors que je quitte la cuisine. J'ai juste besoin de prendre une bonne douche. L'eau lavera tout de mon esprit. Je m'enferme nerveusement dans la salle de bain et me glisse dans la petite douche de Jimin. Au moment même où l'eau chaude touche mes épaules, la mémoire me revient.

J'ai rêvé d'Hoseok et de Jin. J'ai rêvé qu'ils étaient là, dans la salle commune de l'hôpital et qu'il nous attendaient. Je me souviens qu'ils ne souriaient pas, je ne sais pas pourquoi mais je sentais qu'ils souffraient. J'ai couru vers eux mais lorsque je me suis approché, j'ai compris que ce n'était qu'une illusion. A la place, j'étais dans une immense salle noire.

Maintenant je sais pourquoi je me suis réveillé avec cette sensation là. Ce n'était pas la peur d'un monstre effrayant, c'était celle de perdre une nouvelle fois mes amis. Un trou dans ma poitrine s'ouvre, saignant de ma douleur lorsque j'éteins l'eau. Je ne réalise pas que je me suis habillé et que je suis sorti de la salle de bain tant je suis dans mes pensées.

Jimin est assis sur le bord du lit, attendant patiemment. Dès que je m'arrête devant la porte, il se lève et me prend contre lui. Je pose ma joue sur le haut de son crâne.

- Qu'est ce qui t'arrive ? Parle moi s'il te plaît...

- J'ai... Fais un rêve cette nuit.

- Ce n'était pas joyeux hein ? déduit le noiraud. Tu veux en parler ?

Jimin me tire vers le lit.

- C'est rien, c'est juste que... j'ai rêvé de Jin et de Hoseok. Je ne sais pas pourquoi maintenant. Je me sens si mal, je ne comprends pas. Je pensais avoir dépassé ce stade mais toute la douleur que nous avons ressenti est revenue d'un seul coup.

- Tu te sens coupable ?

- Je crois, oui. Ce sentiment avait pourtant disparu quand j'ai recommencé à retourner à l'hôpital.

- C'est la peur pour Taehyung qui joue. Tu as peur que ça recommence, dit Jimin et caressant le sommet de mon crâne.

- Sans doute.

Les bras de Jimin passe autour de mes épaules et ma tête vient naturellement trouver sa place sur la sienne. Je n'arrive même plus à y voir claire.

- Je sais ce qu'il faut faire, me dit doucement mon copain.

Je relève lentement la tête vers lui, curieux et étonné. J'appréhende un peu. Son sourire est pourtant réconfortant.

- On va aller les voir.