Séquestrée

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~Snitch- Kalash ft.Lacrim~

Moëra s'éveilla dans l'obscurité la plus totale et referma rapidement les yeux quand les images de ce qu'il s'était passé lui revinrent en tête. 

C'était comme une claque. 

Le combat dans les bois.

Son frère blessé et inconscient.

Et surtout Lui. Cet homme dangereux et effrayant qui l'avait poursuivie, blessé son frère et maintenant séquestrée on ne sait où. 

La dernière chose dont elle se souvenait, c'était d'avoir été emmenée sur son épaule et son frère allongé au sol.

Elle se décida à ouvrir les yeux. L'obscurité l'angoissait. Tant bien que mal, elle se redressa, assise à même un sol dur et froid. Elle tâtonna pour trouver un mur auquel s'adosser. 

Sa tête lui faisait mal, elle avait l'impression d'avoir la jambe cassée. En se massant doucement la cheville, elle essaya de s'habituer à l'obscurité pour distinguer la pièce dans laquelle elle se trouvait. 

Mais rien n'y faisait. Le noir était total. Elle se raccrochait au mur comme une rambarde l'empêchant de tomber dans se vide obscur. 

Tâtonnant encore une fois le mur aussi loin que ses bras tendus pouvait le lui permettre, elle trouva un angle dans lequel elle se réfugia. 

Elle resta assise le dos à plat coincé dans l'angle, les jambes repliées sur le côté en faisant attention à celle blessée. La froideur du mur soulageait un temps soit peu sa douleur au dos. Fermant les yeux, elle laissa ses pensées divaguer.  

Elle pensa à son frère et espérait qu'il ait pu être soigné et en sécurité à la maison.

Elle pensa à sa famille sûrement morte d'inquiétude. Elle imagina sa mère, complètement affligée, assise dans le canapé ne pouvant retenir ses larmes dans les bras de Krys qui lui disait des mots rassurants, plus pour se rassurer lui-même. Jordann dans le garage tenant son ballon de basket luttant contre lui-même pour ne pas lâcher de larmes et son père, voulant sauver la face, son visage arborant un air impassible cachait pourtant une immense peine de n'avoir pas pût protéger son bébé. 

Elle pensa aussi à Sabina et Kévin. Bizarrement elle n'arrivait même pas à imaginer ce qu'ils pouvaient bien faire. Peut-être étaient-ils chacun de leur côté. Ou même ensemble se consolant mutuellement. 

Elle se surprit à penser que cette idée ne lui plaisait pas. 

Puis, s'imposa dans son esprit l'image de Cet homme. 

Que lui voulait-Il ?

Pourquoi elle ?

Ces questions et bien d'autres lui trottaient dans la tête et sa seule certitude était qu'il lui voulait du mal. 

Elle replia ses jambes contre sa poitrine en grimaçant à cause de la douleur et croisa ses bras sur ses jambes pour mieux les rapprocher d'elle, puis baissa la tête sur ses genoux. 

Elle resta ainsi un petit moment avant de se redresser gênée par son jean trempé par ses larmes. 

Relevant la tête, elle fixa un point droit devant elle qu'elle ne voyait même pas. Et, décida d'explorer la pièce. Peut-être y trouverait-elle quoi que ce soit qui puisse l'aider à se défendre, ou même dans le meilleur des cas, une sortie. 

Elle prit une grande inspiration et toucha minutieusement chaque parcelle de son corps pour être sûre qu'il n'y avait que sa jambe gauche qui était blessée. 

Elle soupira en constatant que tout allait bien. Elle décida de retirer une de ses chaussures, la droite précisément pour la laisser là où elle était assise en guise de point de repère.

Puis, doucement par peur de heurter quelque chose,  elle tâtonna le mur et le sol à sa droite et avançait en se traînant au sol. 

Son premier constat était que le sol était particulièrement propre. "Bonne nouvelle" pensa t-elle. 

Elle continuait de raser les murs complètement lisses, quand ses doigts s'engouffrèrent dans une brèche. 

Enfin une lueur d'espoir. 

Elle s'approcha et sentit que cette brèche formait une ligne verticale. Y gardant les doigts, elle tendit son autre bras aussi loin qu'elle le pouvait en rasant le mur dans sa longueur et son doigt heurta quelque chose. Elle eut mal mais sourit, il s'agissait d'une porte. Ses doigts en avait heurté le gonds. En s'y aggripant, elle conclut que la porte devait bien faire 3 mètres de largeur. Elle tenta de se lever aussi haut que sa jambe le lui permettait mais retomba mollement sur ses fesses en constatant qu'il n'y avait pas la moindre poignée. Cette porte était aussi lisse que les murs.

Elle continua son exploration. Et arriva à un autre angle de la pièce toujours en ayant rien trouvé. Puis le 3ème angle et le 4ème avant de revenir à sa chaussure. 

Se calant à nouveau dans l'angle, elle remit sa chaussure et posa sa tête contre le mur. Ses nattes humides retombaient mollement sur son t-shirt, sa coiffure devait être dans un sale état pensa t-elle. Elle décida de les défaire pour nouer ses cheveux en un chignon haut, elle fouilla dans sa poche arrière et y trouva comme prévu un élastique avec lequel elle s'attacha les cheveux. 

Ses larmes coulaient en silence. Cette pièce plus longue que large était désespérément vide. Pas le moindre repère auquel se raccrocher si ce n'est cette porte sans poignée. Pas de fenêtre non plus, pourtant elle n'avait aucun problème pour respirer. Elle n'avait ni chaud ni froid. 

"De l'air conditionné" pensa t-elle. Au moins son hôte se souciait qu'elle ne prenne pas froid ou qu'elle ne meurt pas de chaud.

En plus, se dit-elle, la pièce était très propre. Ses mains bien qu'elle ne les voyait pas semblait aussi propres qu'avant son exploration. Elle imaginait la blancheur de cette pièce. D'une blancheur aussi éclatante qu'elle était obscur actuellement.

Elle eut un rire sarcastique. 

La voilà qui cherchait le bon côté des choses.

C'était bien elle ça.

Voir le bon côté des choses même dans les pires situations et là elle était contente de ne pas prendre froid et d'être dans une pièce propre. Elle repensa à son père qui lui répétait souvent que cette faculté qu'elle avait lui sauverait un jour la vie. 

《Comment Papa ?》 dit-elle à haute voix avant de s'allonger et de sombrer dans un sommeil agité. 

A quelques mètres au dessus de là, dans une pièce pleine d'écrans, Il la regardait, observait avec attention le moindre de ses gestes. Retransmis en direct par les caméras placés dans chaque angle de la pièce. 

Un fin sourire étirant son visage.

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Vos impressions ?

La suite au prochain numéro 😉

Stockholm SyndromeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant