Des coups. J’entendis frapper contre un mur, non, une paroi plus fine qu’un mur. Ce n’était pas la résonance d’un mur de béton, une porte peut-être. Une porte, on frappait à une porte. Le bruit devint de plus en plus distinct, de plus en plus fort et précis. Je me réveillai désorientée. On frappait à ma porte.
Je me levai péniblement. 1 h 53. Que pouvait-il bien se passer pour que l’on vienne me sortir du lit à cette heure ? J’ouvris la porte à tâtons et distinguai derrière mes yeux à moitié clos, une grande silhouette. Je parlai d’une voix traînante à moitié endormie.
— Si vous n’êtes pas en train de mourir alors je peux me recoucher, le reste peut attendre demain.
— Mieux que cela. Malheureusement, demain il sera trop tard. Venez et prenez votre appareil !
— Pour quoi faire ? demandai-je en bâillant.
— Vous verrez.
— Je vous préviens, je n’aime pas les surprises. Vous avez de la chance que je ne sois pas réveillée et…
— Dépêchez-vous, me coupa Mark doucement. Je vous certifie que ce sera une bonne surprise.
Je le suivis dans les escaliers tel un automate, mon appareil dans une main, et l’autre tenant fermement la rampe tant j’étais engourdie de sommeil, mes yeux refusant obstinément de s’ouvrir.
— Mettez ceci, m’ordonna-t-il, me tendant ce qui me sembla être mes bottes de caoutchouc.
— Vous voulez me faire parcourir le ranch en pleine nuit !? Ça ne va pas non !
Il m’attrapa par le bras alors que je faisais demi-tour.
— Faites-moi confiance, vous ne le regretterez pas.
— D’accord. Mais je vous préviens que lorsque je serai parfaitement réveillée votre surprise a intérêt d’être à la hauteur.
— Elle le sera.
J’enfilai mes bottes, rose fuchsia avec de jolies grenouilles vertes.
— J’ai beau avoir les yeux encore fermés, je sais bien que vous vous demandez comment je peux porter des bottes comme celles-ci.
— À part au rayon enfant, je me demande effectivement qui peut bien vendre des choses pareilles ?
— Eh bien, au rayon enfant justement. C’est le genre d’accessoires qu’ils n’ont jamais dans ma pointure au rayon femme. On parlera de mes bottes plus tard, je ne suis pas réveillée et pas d’humeur.
Il ouvrit la porte d’entrée et m’entraîna à l’extérieur plus vite que mon cerveau n’envoya les ordres à mes jambes.
— Vous êtes toujours comme ça, le matin ?
— Quand on me traîne dehors à 2 h du matin, oui !
— Arrêtez de ronchonner et avancez un peu.
— Je ne ronchonne pas. Je n’ai pas ma dose de caféine, et sans ça je n’arrive pas à démarrer. Alors si vous voulez que je sois réceptive et coopérative, il va falloir m’en procurer. Je peux même la prendre par intraveineuse à cette heure. Et puis j’avance aussi vite que mes jambes me le permettent, vous croyez quoi !
Le froid me mordit la peau et finit par me réveiller totalement.
— Oh, la vache ! Il gèle ! Pourquoi vous n’êtes pas en pyjama vous aussi, à ressembler à un glaçon ? repris-je, les yeux bien ouverts maintenant.
— Je dors sans, répliqua-t-il amusé tout en retirant son pull ne gardant qu’un T-shirt. Mettez ça ! m’ordonna-t-il.
Je me dépatouillai avec son pull et ne pus m’empêcher de m’enivrer de son odeur pendant qu’en deux enjambées il retournait à l’intérieur et prenait deux de ses vestes accrochées à la patère, m’en enfilant une d’autorité.
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L'ombre D'une Autre
Любовные романыAvril 1996. Deux fillettes de neuf ans disparaissent à quelques heures d'intervalle. Melinda, dans l'état du Montana. Samuelle, dans celui du Wyoming. Seule Samuelle sera retrouvée quatre jours plus tard. Amnésique et souffrant de profondes contusio...