Où était le Ranch ? Celui auquel je m’attendais. Celui de mon enfance, celui des livres, des magazines. La maison à deux étages était entièrement construite de bois et de verre, sur deux étages. L’accès se faisait par une petite allée dallée, abritée d’un avant-toit qui s’étirait jusqu’au sol. La porte, posée au milieu d’une paroi de verre, était digne d’un film de science-fiction, avec boutons, caméras et autres appareils qui dépassaient largement mes compétences. Je n’avais jamais vu une telle architecture. Il n’y avait rien de choquant, ni de déplacé. Comme si la maison avait tout de suite su trouver sa place et se faire accepter. Elle était en parfaite harmonie avec son environnement, pourtant rustique, et vous invitait à entrer.
Je sortis de ma contemplation pour rejoindre Mark qui avait déjà ouvert la porte. L’intérieur était tout aussi surprenant que l’extérieur. Un grand hall pavé d’ardoises noires nous accueillit. Au fond, accolé à un mur blanc, était disposé un escalier métallique menant à l’étage. Les autres pièces de la maison étaient accessibles de part et d’autre de ce même mur.
Intimidée et impressionnée, je suivis Mark à l’intérieur d’une cuisine laquée de blanc et inox, équipée d’un îlot central, de rangements, et d’électroménager dernier cri à faire pâlir plus d’un cuisinier.
— Je dois vous laisser. Mettez-vous à l’aise et n’hésitez pas à vous servir. Il doit y avoir du thé, du café et des boissons fraîches dans le réfrigérateur. Vous avez une salle de bain visiteur dans le hall, si vous désirez vous rafraîchir.
Au moment de quitter la pièce, il se retourna.
— Une dernière chose. Ne sortez pas de la maison !
Il me planta sans que j’aie pu dire quoi que ce soit.
Je sors si ça me chante !
Je m’installai pour téléphoner sur un gros rocher placé à côté de la maison. Mes vêtements étaient humides, et la chaleur de la pierre accumulée au cours de la journée m’apporta un réconfort bienfaisant. J’expliquai ma situation à Phill et lui demandai de m’excuser auprès de l’équipe que je devais rejoindre le lendemain matin. Il me fallait avant tout récupérer ma voiture et trouver une solution durable pour me loger.
Ceci réglé, je regardai autour de moi. Ce côté de la maison donnait sur une petite prairie. Un lac en forme de haricot, dans lequel se reflétaient les montagnes, était situé en contrebas du ranch. Au-delà, une forêt dense profitait de l’espace pour s’étirer jusqu’aux montagnes. Je laissai mon regard se perdre sur celles-ci tout en m’interrogeant sur cet homme. Son mode de vie n’était pas du tout en adéquation avec la dureté de la vie de rancher. Pourtant, il y était aussi à l’aise que la population locale l’était avec lui. Vu la taille des infrastructures, le domaine devait être conséquent. Avec un nombre de têtes certainement considérable. Qui était-il ? Tout, sauf un rancher. Que faisait-il ici ? Il est évident que le Montana était sa demeure. C’était un enfant du pays. Indiscutablement.
Au moment de rentrer, je m’aperçus que la porte restait obstinément fermée. Je compris pourquoi il m’avait conseillé, enfin, ordonnait de ne pas sortir, le maudissant pour son manque de tact. Je n’avais plus qu’à prendre mon mal en patience en m’installant sur le rocher le plus confortablement possible. Je plaçai mes écouteurs et me laissai bercer. La fatigue accumulée eut raison de moi et je sombrai. Je m’éveillai brusquement en poussant un cri de surprise lorsque quelque chose me toucha épaule. Je clignai des yeux bien que le soleil rejoigne d’autres horizons, et c’est seulement à ce moment que je m’aperçus que j’étais frigorifiée.
— Pourquoi n’écoutez-vous donc pas ce que l’on vous dit ? Vous ne pouviez pas rentrer dans la maison !
— Vous m’en direz tant ! J’avais froid à l’intérieur. Si ma présence vous incommode tant, ramenez-moi en ville.
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L'ombre D'une Autre
RomansaAvril 1996. Deux fillettes de neuf ans disparaissent à quelques heures d'intervalle. Melinda, dans l'état du Montana. Samuelle, dans celui du Wyoming. Seule Samuelle sera retrouvée quatre jours plus tard. Amnésique et souffrant de profondes contusio...