Chapitre 42

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Je comprenais pourquoi Mark voyageait toujours en Business : sa longueur de jambes dans un endroit aussi exigu. Un problème qui m’était inconnu. Les hôtesses étaient aux petits soins, peut-être trop à mon goût. Surtout Sally, d’après son badge. Elle se montrait particulièrement dévouée et attentive envers Mark, alors que je restais totalement transparente. Peut-être pensait-elle que nous étions en voyage d’affaires. Mark avait revêtu un costume sombre mettant toujours autant en avant sa carrure et la couleur ambre de ses yeux. Quant à moi, j’avais opté pour une tenue causale. Un changement vestimentaire qui avait tout à envier à mes tenues de randonneur. Aujourd’hui, je me sentais joliment mise en valeur par mon chemisier cintré et ce pantalon slim. Perchée sur mes escarpins à talons, l’ensemble me ravissait. Souligné également par la remarque flatteuse de Mark lorsque je l’avais rejoint dans la cuisine. Je me réjouissais de notre séjour, même si je me sentais épuisée. Étrangement, le papillonnage de Sally m’ôta toute fatigue. Peut-être imaginait-elle que j’accompagnais mon patron, ce qui n’était pas tout à fait faux, et qu’en bonne assistante que j’étais, je ne verrais pas d’objection à rester à ma place tandis qu’elle le draguait ouvertement. J’attendis que Sally revienne vers nous pour attraper Mark par la nuque et l’embrasser. Il comprit mon geste et s’en amusa. Il répondit malgré tout à mon baiser, tout en lançant un regard faussement désolé vers Sally qui fit demi-tour de façon plutôt surprenante.

— Eh bien ! Mademoiselle Lookwood, serait-on jalouse par hasard ? chuchota-t-il.

— On aurait dit une mouche autour d’un verre de vinaigre ! marmonnai-je tandis que Mark m’adressa un sourire rayonnant.

L’avion atterrit avec quelques minutes d’avance. Nous suivîmes le flot de voyageurs et nous nous dirigeâmes vers la station de taxis. En attendant notre tour, Mark répondait à plusieurs messages reçus pendant notre vol. Je fus surprise d’entendre mon portable sonner.

— Suzy ! m’écriai-je en reconnaissant son numéro. Tu es où ?

— Dans ma petite-culotte, ma chérie ! Je suis dans un de ces foutus aéroports du pays. J’en profite pour te passer un petit coup de fil, après, je serai aux abonnés absents.

— C’est incroyable ! Je suis dans un aéroport également. À San Francisco, avec Mark.

— Veinarde. Toujours le grand amour ?

— Plus que tu l’imagines, déclarai-je sur un petit nuage.

— Je dois te laisser, mais on se voit bientôt.

— Comment veux-tu que l’on se voie, toujours entre deux avions ? répondis-je déçue.

— Promit, ma chérie, la prochaine fois que je prends l’avion, c’est pour te voir.

Nous raccrochâmes et je me sentis soudainement mélancolique. Lorsque je relevai les yeux, Mark m’observait, une expression énigmatique sur le visage.

— Suzy me manque, parvins-je à articuler.

— Pourquoi ne lui dis-tu pas ?

— Elle n’est plus joignable de la journée. Et je ne sais même pas où elle se trouve.

— C’est vrai, ça. Pourquoi t’es pas foutu de me le dire ? répliqua une voix dans mon dos que je ne connaissais que trop bien.

Je me retournai, beaucoup trop surprise pour émettre le moindre son. Suzy se tenait devant moi, les bras tendus.

— Bah alors. On ne dit plus bonjour à ses amies maintenant ?

Mon regard alternait de Mark à Suzy. Cette dernière était aux anges, et Mark m’observait avec tellement de tendresse que je ne sus dans quels bras me jeter. Je choisis dans un premier temps ceux de Suzy et l’étreignis avec chaleur. Puis, je me retournai vers Mark, et passais mes mains sous sa veste pour mieux le sentir et le prendre dans mes bras.

L'ombre D'une AutreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant