Chapitre 41

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Le rassemblement avait débuté avec l’arrêt de la pluie cinq jours plus tard. Forts de cette nouvelle expérience, nous avions temporairement abandonné nos excursions en forêt pour aider au ranch et la bonne humeur était au rendez-vous. Nous avions troqué nos vêtements de randonnée contre ceux de cowboys, mais c’était plus que cela. Au-delà d’une simple apparence, nous ne nous sentions pas seulement transformés, nous l’étions réellement, avec ce sentiment profond d’appartenance à un groupe. Une communauté qui nous accueillait sans fards ni artifices. On nous transmettait une façon de vivre, un art rare que nous nous efforcions en ce moment même de reproduire et de perpétuer. Nos maladresses déclenchaient l’hilarité des ranchers, Sharon ne se privant pas pour malmener les gens de la ville que nous étions. Mark avait souhaité m’éloigner de la cohue du rassemblement par crainte qu’il m’arrive quelque chose, en m’attribuant le rôle de cuisinière. J’avais outrageusement corrompu mon patron et maintenant, je me trouvai à califourchon sur un veau à lui administrer une dose de vaccin. Je laissai la tache du marquage aux hommes, encore effectué au fer rouge. Je ne me sentais pas d’attaque, ni le cœur, à accomplir cette tâche. Le travail était épuisant, mais le bonheur de faire partie de la vie de la ville, la beauté naturelle des lieux et la chaleureuse hospitalité des cowboys éclipsaient en totalité les douleurs physiques que nous ressentions, en nous faisait passer des moments inoubliables.

Je me remémorai à ma conversation avec Mark quelques semaines auparavant lorsque je lui avouais ne pas avoir trouvé ma place quelque part. Aujourd’hui, s’il me posait la question, je lui répondrais sans hésitation que je pensais maintenant l’avoir trouvée.

Les journées s’achevaient sur un repas auquel tous étions conviés, entre rires, plaisanteries, optimisme et humilité. Des journées longues qui ne s’égrainaient pas au rythme du cadran d’une montre, mais se calaient sur celui du soleil, du temps, des bovins, des chevaux et des hommes. Nous nous sentions libres. Et ceci était notre récompense.

La semaine défilait de façon vertigineuse, ne me laissant pas l’occasion de penser à Melinda, Miller ou la cliente de Walch. Le rythme des journées ne me le permettait pas, et mes moments de repos, je les passais exclusivement avec Mark. Je lui dédiais nos envies, nos silences, nos rires, nos confidences, nos désirs, nos rêves, construisant sans le vouloir des souvenirs et peut-être même un avenir.

Nous étions retournés deux jours dans les montagnes avant que toute l’équipe ne reparte chacun chez soi. Je profitai d’une accalmie pour mettre ma soirée à profit et déplier mes mails que je n’avais ouverts depuis un moment. Je fus surprise d’en découvrir un de ma mère. Je pensais à tort qu’Elizabeth ne prendrait pas la peine de rechercher une photo de moi. Pourtant, le fichier attaché ne pouvait qu’être cela. Je le laissais volontairement de côté, désirant l’ouvrir en présence de Mark. Étrangement, je ne me sentais pas capable de le faire seule.

Entre temps, le shérif nous avait fait parvenir la liste des propriétaires des cabanes dans le secteur qui nous intéressait. Une liste qui à première vue ne nous apportait pas de réponses. Mais j’avais appris à ne rien négliger et ce fut consciencieusement que je la sauvegardai dans le but d’effectuer des recoupements avec notre première liste de noms des clients de Walch.

Abbott Deschanel

Caleb John

Walden MCKENZIE

Isaak BARTON

Larry BRIGGS

Jude MCLAUGHLIN

Quenna FITZGERALD

Katherine S. Harrisson

Claudio Alvares

Salvador SANTIAGO

L'ombre D'une AutreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant